Après le coup de crayon ?
Fort mécontent des agissements, jugés illégaux, du gouverneur Kensington à l'encontre des différents établissements de jeux qu'il dirige, Bruno Hauser décide d'aider à s'évader de prison Ed Driscoll.
Drisc avait proféré, six ans auparavant, des menaces de mort envers Kensington, alors district attorney, qui lui imputait le cambriolage d'une banque. Drisc a toujours nié être l'auteur de ce cambriolage. Hauser, avec l'aval du Consortium new-yorkais qui lui prête Arno, un tueur, mise sur cette vengeance. Seulement Drisc, une fois évadé, ne répond pas à cette espérance, refusant d'abattre le gouverneur.
Hauser se rend, en apparence, aux raisons de Drisc, lui propose des vêtements et une cachette. Une capitulation en trompe-l'œil car Drisc, innocemment, laisse ses empreintes sur un pistolet, le chargeur et les balles ad-hoc.
Dans le refuge qui leur est assigné, la tension monte entre Steve Shay, ancien complice de Drisc, Norma, une jeune fille d'origine mexicaine, Arno, l'homme du Consortium, et Drisc. Arno s'érige en maître, une attitude mal supportée par ses compagnons. Il tente même d'abuser de la jeune femme mais heureusement Drisc veille au grain.
Malgré l'interdiction d'Arno, Drisc retourne en ville avec Norma et rend visite à son ex-épouse, mais celle-ci est remariée.
Pendant ce temps Hauser embauche Seal, un drogué, lui remet l'arme manipulée par Drisc et lui enjoint de tuer Kensington. Seal, excité, brise dans un mouvement incontrôlé la seringue qui devait lui permettre de se faire une injection avant la réalisation de son contrat. Seal blesse grièvement le gouverneur et termine son existence dans un tonneau de ciment. Drisc apprend la tentative de meurtre grâce aux journaux et comprend que son soi-disant bienfaiteur, dont il ne connait pas l'identité, a voulu lui faire porter le chapeau.
Les romans d'Al Conroy, plus connu sous le nom de Marvin H. Albert, ne laissent jamais indifférents. Drisc, après son passage en prison, ne désire pas reprendre sa vie de petit truand mais acquérir une virginité en devenant un honnête homme et fonder une famille. Il subit les événements sans rancune, avec une certaine pointe d'amertume. Il a tiré un trait sur le geste de Kensington qui l'a envoyé en prison pour une faute qu'il n'avait pas commise. Il comprend que sa femme ait désiré se remarier malgré l'enfant qu'ils avaient eu ensemble, une enfant qu'il n'avait pas vu naître. Mais il s'insurge lorsqu'il se rend compte qu'il est au cœur d'un complot, d'une machination.
Drisc est l'exemple type du truand au noble cœur sur la voie de la rédemption. Une intrigue simple, limpide, linéaire et efficace.
Curiosité :
Le début de cette histoire ressemble fortement au premier chapitre du roman de Day Keene Le Canard en fer-blanc (voir ma chronique ici). Alors qu'il se morfond en prison, un homme est avisé qu'une jeune fille qui se prétend être de sa famille désire avoir un entretien avec lui. Or le prisonnier ne connait la visiteuse ni d'Adam ni d'Eve. Elle lui indique le moyen de pouvoir s'évader. La ressemblance s'arrête là ? Non, le prisonnier et la jeune femme tomberont amoureux l'un de l'autre, c'est le côté rose du roman noir.
Albert CONROY : Coups de gomme. (The Mobs says murder - 1959. Traduction de G. Sollacaro). Série Noire N°479. Parution février 1959. 256 pages.