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16 octobre 2014 4 16 /10 /octobre /2014 16:39

Tout commence par un long périple maritime quelques six cents ans avant J.C. et vivez-le comme si vous faisiez partie de l'équipage...

Dominique FAGET : Celui qui ne meurt jamais.

600 avant J.C. Une petite flottille de huit trirèmes phéniciennes avec à bord Enmouteff, le frère du pharaon Ouhemibré-Nékao, s'élance d'Arsinoë (Suez) et part à l'aventure en longeant les côtes africaines, descendant peu à peu vers le Cap de Bonaventure puis remontant l'autre versant du continent. Pour Nékao, le pharaon, il s'agit de redonner à l'Egypte son lustre d'antan. Le capitaine à bord, c'est Hannan Baal, Enmouteff, qui veut dire Celui qui ne meurt jamais, n'est qu'un passager chargé d'une mission. Ce qui ne veut pas dire que les deux hommes n'entretiennent pas de relations amicales. Les semaines, les mois s'écoulent au fil de l'eau, bravant vents contraires, orages violents, nouveaux paysages, escales prolongées afin de réapprovisionner les cales en nourritures et eau douce parmi une population hospitalière, le temps également de planter le blé et autres graines puis attendre les récoltes.

Seulement lorsque Enmouteff s'intéresse d'un peu trop près au jeune cuisinier, placé sous la garde son aide, Tatouia l'eunuque, Hannan Baal pique un coup de sang. Bientôt la trirème principale prend l'eau de tous bords, métaphoriquement, et Enmouteff est débarqué livré à un sort qui aurait dû être funeste.

 

En 1976, Alain Leprince, reporter photographe revient s'installer dans la maison familiale près d'Arcachon, entouré d'objets divers et principalement des œuvres africaines transmises en héritage par son père qui longtemps a vécu en Afrique Occidentale Française comme médecin. Cette maison, il ne sait trop s'il va la garder ou la vendre. Trop de souvenirs se rattachent à cet endroit et surtout à cette collection d'objets tels que lances Takouba, poignard Haoussa et autres armes blanches, mais également un masque taillé dans le bois. Et puis cela lui remémore quelques épisodes vécus lorsqu'il était gamin à Bingerville en Côte d'Ivoire. Par exemple lors d'une expédition dans le pays, dans une tribu en compagnie d'autres Européens, il avait assisté à une sorte de représentation de danse et un sorcier portant un masque s'était penché vers lui. Il avait ressenti une peur immense. Un peu plus tard, un indigène a vendu un masque de cérémonie, ce même masque qui trône sur le mur. Et puis, il n'avait pas tout compris, mais un jeune lieutenant et sa mère Suzette se rencontraient souvent, surtout lorsque son père était en déplacement. Un après-midi, alors qu'il n'arrive pas à s'endormir, il s'est infiltré dans la chambre de sa mère et avait vu un conglomérat de corps.

 

Son jeune frère Patrick, avec lequel il ne s'entend guère pénètre dans la villa et s'intéresse à ces objets issus de l'Art Premier. Il aimerait bien se les approprier mais Leprince en colère le renvoie manu militari dans le jardin. Patrick a suivi la même voie professionnelle que leur père, tout comme Malou sa fille installée elle-aussi en Afrique. Leprince est sujet à des absences, et des points de côté dans la poitrine.

Deux policiers lui rendent visite. Une de ses voisines vient d'être sauvagement agressée, et d'autres cadavres vont bientôt s'éparpiller dans la région. Le lieutenant Maurin est accompagné du lieutenant Awa Blanc, une métisse d'origine africaine. Les soupçons pèsent sur Leprince mais les deux policiers se donnent le temps d'enquêter. Seulement entre Awa et Leprince, un courant tellurique s'établit entre eux et l'enquête en pâtit. Les symptômes de mal de tête et d'absences momentanées, des pertes de connaissance de plus en plus fréquentes perturbent Leprince.

Les relations entre Awa et Leprince sont de plus en plus proches et l'enquête de la jeune policière les emmènent en Côte d'Ivoire, à Grand Bassam et au mont Korhogo.

Le mont Korhogo

Le mont Korhogo

Ce roman, fort bien construit, est composé de deux histoires qui s'entrelacent et se déroulent à deux mille cinq cents ans d'écart. La première, le périple de Enmouteff, est à classer dans la catégorie roman d'aventures exotiques et historiques. La seconde relève plus de l'enquête policière basique dont le coupable est rapidement connu du lecteur pour peu qu'il suive attentivement l'action.

Mais les deux héros protagonistes de cette intrique ne sont ni Awa Blanc, ni Alain Leprince, mais bien le masque d'ébène à l'intérieur duquel sont gravés des hiéroglyphes ainsi qu'un poignard particulier composé de trois éléments, ancêtre du couteau suisse. Et tout au long du récit se décline ce mantra relatif à cette arme de jet: Une lame pour trancher. Un poignard pour découper. Un pic pour achever...

Le lecteur ne voit pas le temps passer malgré cette amplitude dans les deux histoires proposées, car tout concourt à captiver son attention. Seul un petit hiatus, que je n'ai pu m'empêcher de relever, concerne l'âge, non pas du capitaine mais d'Alain Leprince. En effet, et à plusieurs reprises, il est présenté comme un quadragénaire. Mais, et point n'est besoin de calculette pour effectuer cette opération, entre 1930, année de l'acquisition du masque et 1976, année durant laquelle sont perpétrés les premiers meurtres qui incitent les policiers à s'intéresser à son cas, quarante-six ans se sont passés. Si l'on ajoute qu'en 1930, le jeune Alain peut avoir entre trois et quatre ans, il serait plus logique de dire que ce reporter-photographe frise la cinquantaine et l'a peut-être même dépassée. Mais ça, c'est mon côté pinailleur.

 

Le coup de cœur des lecteurs du Prix VSD du Polar 2014 a été décerné à ce roman et c'est amplement mérité !

Dominique FAGET : Celui qui ne meurt jamais. Editions Les Nouveaux Auteurs. Parution le 3 juillet 2014. 330 pages. 18,95€.

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commentaires

A
600 ans avant JC ! Ca fait un baille....
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O
Mais on ne s'endort pas Alex...
C
Et je dirais que pour 330 pages de bonne lecture le prix n'est pas exagéré
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O
Là aussi je suis d'accord avec vous, mais ce n'est pas le lecteur qui décide du prix... mais au moins de l'achat...
C
Magnifique !!!
Répondre
O
C'est vrai !

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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