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29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 06:52

« - Oui, la porte et les volets étaient fermés de l’intérieur. Mais le suicide de mon frère me paraît plus impossible encore que le fait de sortir d’une pièce en laissant tout fermé de l’intérieur.

- Le problème du meurtre dans une chambre close, murmura Hugo en détournant les yeux. Beaucoup d’auteurs de romans policiers se sont amusés à le résoudre, d’une manière plus ou moins probante… ».

Dominique DORN : Les chiens ne parlent pas.

Comme à son habitude, Weiss, le facteur, s’arrête chez Patrice Dulac afin de lui remettre son courrier. Ce matin-là, il est tout étonné que l’écrivain, qui se rend tous les ans pour quelques mois dans le petit village de Danfou situé entre Cruzy et Arthonnay, ne l’accueille pas sur le pas de la porte. La porte d’entrée n’est pas fermée, et Gino, le chien, gratte à celle du bureau dans lequel Dulac aime rédiger ses notes pour l’écriture de son prochain ouvrage. Aidé d’un voisin, Weiss défonce la porte et découvre le cadavre de Dulac, assis, une arme dans la main.

Les volets sont fermés de l’intérieur, de même que les fenêtres, et la porte close avec une targette sise à l’intérieure de la pièce. Pour les gendarmes qui effectuent les premières constatations, le suicide ne fait aucun doute. Pour Julien Dulac, son frère peintre, Patrice ne serait jamais suicidé, ce n’était pas dans son tempérament. Alors Julien s’installe et fouille dans les affaires de l’écrivain et découvre des notes renfermées dans des chemises personnalisées. Des notes prises sur le vif, concernant les habitants des lieux, ce qui n’était pas forcément du goût de tous.

Julien va faire la connaissance de ceux qui gravitaient autour de son frère, Doucette la jeune fille de dix-sept ans dont est amouraché Weiss le facteur mais qui apparemment jouait de ses charmes auprès de Patrice. Et puis il y a aussi les habitants du château de Sombrevent. La bâtisse est délabrée pourtant les occupants se conduisent comme de petits hobereaux de campagne suffisants et légèrement méprisants. Lucie, la grand-mère paralysée qui se déplace en fauteuil roulant, Hugo le petit-fils dont l’occupation première est la chasse et les promenades à bord de sa voiture, une ancienne 202, Sabine, la petite fille renfrognée, pas franchement laide mais qui ne fait rien pour s’arranger, Sophie, la soubrette, jolie et délurée. Julien tente de cerner le caractère complexe de tous ces personnages, ainsi que celle de Weiss qui n’apprécie pas que Doucette fasse les doux yeux à tous sauf à lui.

Chacun de ces protagonistes se conduit comme un être multiple : tour à tour ils se montrent arrogants, réservés, colériques, aguicheurs, renfrognés, expansifs. Comme des reproductions du docteur Jekill et Mister Hyde. Des personnages versatiles qui aimaient, et en même temps détestaient, Patrice Dulac. Mais l’écrivain ne se jouait-il pas lui-même de ses voisins, endossant l’habit d’entomologiste afin de mieux les étudier et s’en servir après ?

Seul Gino, le chien qui l’adopte, pourrait aider Julien dans sa quête de la vérité, ce n’est pas la justice qu’il souhaite mettre en avant mais comprendre, or Gino qui a assisté au drame connait sûrement le nom de l’assassin. Car Julien sait que meurtre il y a eu, un carnet appartenant à Patrice ayant disparu.

 

Un bon roman, simple, qui privilégie l’exploration de l’âme humaine plus qu’à l’histoire et se relit avec plaisir. Quant au mystère de la chambre close, les amateurs avertis auront facilement résolu le problème, car la machination est élémentaire, dénuée de machiavélisme, tout en tenant la route.

Entre 1959 et 1961, Dominique Dorn aura fourni sept romans à Frédéric Ditis pour sa collection La Chouette. Parallèlement elle en aura autant de publiés au Fleuve Noir dans la collection Spécial Police sous le nom de Mario Ropp ainsi que quatre chez l’Arabesque, collection Colorama sous le pseudo de Maïa Walberg et un dans la collection Les Nymphes sous celui de Michèle Vaudois. Une énorme production mais restera Mario Ropp avec des hauts et des bas.

Dominique DORN : Les chiens ne parlent pas. Collection La Chouette N° 193. Editions Ditis.

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