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15 octobre 2020 4 15 /10 /octobre /2020 03:08

Entre Robinson et Tarzan…

P.J. HERAULT : Le rescapé de la Terre.

Lorsqu’il se réveille de son hibernation forcée, Cal pense n’avoir été confiné dans sa cellule spatiale que durant dix jours. En touchant sa chevelure qui s’est allongée comme celle d’un hippie, son raisonnement l’amène à croire à quelques mois, voire quelques années. Mais en fixant le calendrier numérique à quatre chiffres, il n’est plus obligé de calculer. Le cadran affiche le 6 avril 1631. Alors qu’il a été opéré en juillet 2296.

Et voilà, cela fait au moins plus de neuf mille ans qu’il voyage dans l’espace, alimenté par des espèces de sonde. Et il entend un message enregistré par son ami Giusse, un message qui n’est pas porteur d’espoir, car cela signifie que si ce message lui est diffusé, il n’est que le seul rescapé d’une catastrophe.

Il arrive en vue d’une planète bleue, le seul genre de planète qui, comme chacun sait, est susceptible d’abriter une présence humaine. L’atterrissage s’effectue en douceur et il peut récupérer des caisses de survie. Il s’imprègne du paysage composé d’une végétation abondante puis s’éloigne jusqu’à une falaise au milieu de laquelle il distingue une grotte.

Il parvient à grimper, explore cette caverne, et l’aménage en hissant ses caisses à l’aide d’un treuil qu’il fabrique grâce aux divers objets contenus dans ses caissons. Il s’installe confortablement selon les moyens du bord, qui sont quand même conséquents puisqu’il possède deux tubes laser dont il doit limiter l’usage, et d’autres bricoles, puis part à la découverte de son nouvel environnement grâce aux cartes issues de l’ordinateur de bord et qu’il a imprimées. La faune ne manque pas et il peut s’alimenter sans problème en chassant et fumant la viande ou en pêchant les poissons qui foisonnent dans une rivière proche.

Mais parmi ces animaux certains ne sont guère accommodant comme ces espèces de babouins belliqueux. Pris en tenaille par de gros ursidés il est sauvé par un homme qui est muni d’une lance. Alors il fait la connaissance d’une tribu dont les représentants, mâles et femelles, ont les cheveux blonds, presque blancs. C’est un Vahussi, nom de cette peuplade qui vit sur cette terre d’asile et s’exprime dans un langage que ne comprend pas Cal. Pourtant à l’aide de geste il apprend que son sauveteur se nomme Lourogastoyu, rapidement abrégé en Louro tout simplement.

Louro l’emmène dans son village et Cal est pris en charge par une jeune fille dénommée Meztiyano laquelle lui enseigne avec patience leur langue et leur mode de vie. Par exemple, il n’existe pas de mariage proprement dit mais la femme peut s’installer en couple avec un homme, puis changer de partenaire sans que cela pose problème. Et inversement. Ils ne connaissent pas la jalousie. Ils sont aussi individualistes et tolérants. En contrepartie Cal, pacifique de conviction, apprend à ses nouveaux amis l’art de fabriquer des arcs, et de s’en servir, puis à construire une roue qui va les aider pour déplacer de grosses charges, à nager puis à construire des petits bateaux. Car si ces hommes et femmes vivent près d’un grand lac, ou de la mer, ils se conduisent en béotiens devant cet élément liquide.

Mais en aucun cas, Cal ne veut devenir un chef de tribu, juste se montrer comme un guide ou un aide dans certaines situations. Par exemple lorsque les Vahussis sont en butte à la vindicte d’envahisseurs esclavagistes. Il tombe amoureux de Meztiano, à la mode des Vahussis et la jeune femme semble être dans les mêmes dispositions. Il en résultera la naissance d’un fils.

Au cours d’une de ses déambulations il découvre une sorte de tumulus qui s’avère être une base souterraine, contrôlée par un ordinateur extraterrestre endormi aménagé par un ancien peuple, les Loys.

 

Le rescapé de la terre est le premier volume d’une série prometteuse, admirablement servi par un auteur qui ne sombre pas dans la violence. Il met en scène une sorte de Robinson arrivant sur une planète inconnue et qui est obligé de se débrouiller contre la nature parfois hostile. Tout comme son prédécesseur, Cal récupère des outils et des armes qui vont l’aider dans son installation.

Mais contrairement à ce qu’il se passe parfois dans bien des romans d’aventures et de robinsonnades, Cal ménage les représentants de la tribu des Vahussis. Sans se montrer paternaliste, il est un peu leur protecteur dans certaines conditions difficiles, ne désirant pas devenir le chef mais au contraire se mettant à leur service.

La narration est selon les chapitres, à la première personne ou à la troisième, selon les circonstances.

S’il y a un côté Robinson dans les aventures de Cal, il existe également une légère analogie avec Tarzan :

Alors, à tout hasard, je reste ainsi, immobile, les regardant calmement. Puis je me frappe la poitrine des deux poings, en poussant un hurlement, allez savoir pourquoi. Paniqués, les trois babouins font demi-tour et s’enfuient !

 

Réédition collection Anticipation N°1716. Editions Fleuve Noir. Parution 8ctobre 1989.

Réédition collection Anticipation N°1716. Editions Fleuve Noir. Parution 8ctobre 1989.

Réédition Collection Imaginaire. L’intégrale Cal de Ter volume 1. Editions Milady.

Réédition Collection Imaginaire. L’intégrale Cal de Ter volume 1. Editions Milady.

P.J. HERAULT : Le rescapé de la Terre. Série Cal de Ter. Tome 1. Collection Anticipation N°691. Editions Fleuve Noir. Parution 4e trimestre 1975. 224 pages.

Réédition collection Anticipation N°1716. Editions Fleuve Noir. Parution 8ctobre 1989.

Réédition Collection Imaginaire. L’intégrale Cal de Ter volume 1. Editions Milady. Contient : Le rescapé de la Terre, Les bâtisseurs du Monde et La planète folle. Parution Mars 2012. 600 pages. Réédition du même en Poche, éditions Milady. Parution avril 2013. 480 pages.

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14 octobre 2020 3 14 /10 /octobre /2020 03:52

Sam sauve la mise ?

M. G. BRAUN : D’une courte tête.

Sally, la compagne de Sam Krasmer, n’y connait rien en chevaux, cela ne l’empêche pas, lorsqu’elle est sur un champ de courses, de parier sur intuition. Elle vient de miser sur Barrio Chino, et Sam est dubitatif. Il s’agit d’un tocard, mais ce que femme veut, le cheval le peut. D’ailleurs il est en tête, Sally jubile, jusqu’au moment ou Barrio Chino est terrassé, de même que son jockey.

Selon le vétérinaire qui examine immédiatement l’animal, le cheval était drogué et il en est décédé, boulant son jockey qui ne participera plus jamais à une seule course. Sam Krasmer affirme aux policiers avoir aperçu un homme s’approcher de la brave bête et lui piquer le flanc. Ce n’est qu’une affirmation au flanc car il n’a rien vu. Mais cette affaire l’intéresse car Sally a aperçu sur le champ de courses Larry Butch, un homme de main d’Al Reagan, un Américain bien connu pour ses nombreuses magouilles sportives et les loteries truquées.

Sam propose à Sabine Vandepoille, la jeune propriétaire, ses services. Elle est seule à la tête de son écurie, son père étant décédé, mais elle dirige sa petite entreprise avec foi et quelques lads. A Chantilly où elle est basée, Sam visite les stalles, se fait présenter les quelques pensionnaires et remarque que l’un d’eux, une belle bête prometteuse, ne veut pas tourner à droite. Ce qui est un handicap. Il propose de prendre Veni Vici, qui n’a aucune chance de gagner un prix, en location, ce que Sabine Vandepoille refuse au départ, mais elle se laisse convaincre par son fiancé.

Sam prend des notes mentales concernant ce cheval, notamment la particularité de ses jambes, quatre balzanes fortement herminées remontant en fanon, dont une postérieure gauche. Puis il effectue sa petite enquête, possédant de nombreuses relations en France et Outre-Atlantique. Il envoie un câblogramme à Doug, son ami qui est à la tête d’une agence de détectives privés américaine.

Sam rencontre Reagan et au cours de la conversation, il apprend que celui-ci a effectivement demandé à Ravé, le jockey de Barrio Chino, de lui injecter un produit dopant, de la caféine. Mais Ravé trop gourmand et ayant misé sur son cheval dont la côte était élevée, avait forcé la dose, d’où l’accident. Mais il sait également que Veni Vici possède un jumeau du nom de Black Bass, un cheval entraîné aux Etats-Unis.

 

Roman humoristique, D’une courte tête aborde les paris truqués, les substitutions de chevaux, et offre à la Miss France de l’époque de participer au tirage du Sweepstake, une soirée au cours de laquelle elle doit tirer les numéros gagnants, en faveur de Reagan, naturellement.

Sam et Sally vont affronter de nombreux déboires, dont l’enfermement dans une cave sans ouverture sur l’extérieur, la porte fermée de lourds verrous, et des tuyaux qui diffusent du gaz toxique. Sam va devoir activer ses neurones afin qu’ils s’échappent de ce piège mortel. Mais il n’en a pas fini avec les ennuis. Sally, sous des dehors de blonde évaporée, quelque peu naïve, saura l’aider dans les moments critiques, ainsi que Doug qui les rejoint en France.

Afin de savoir s’il est sur une bonne piste, si les éléments sont favorables, Sam allume une cigarette et forme quelques ronds de fumée. En général il en réussit trois ou quatre. S’il ne parvient pas à en réussir un, c’est que ça va mal. Et lorsqu’il règle une consommation, il tend son billet formé en papillote. Un tic qui ne gêne personne et qui l’amuse. Et lorsque l’intérieur de sa main le démange, c’est signe d’argent.

Pour corser le tout, un policier du nom de Fenés se trouve souvent sur leur chemin, étant chargé de l’enquête de l’accident du champ de courses. D’autres protagonistes gravitent dans ce roman quelque peu daté, dont un Parrain accompagné de ses hommes de main, et le tout ne manque pas d’humour.

La saga de Sam et Sally comporte 77 romans publiés pour la plupart dans la collection Spécial Police du Fleuve noir et qui bénéficiera d’une collection particulière. La télévision s’emparera des personnages de Sam, sous les traits de Georges Descrières, et Sally, d’abord interprétée par Corinne Le Poulain puis par Nicole Calfan. Elle sera également déclinée en 10 bandes dessinées petit format.

M. G. BRAUN : D’une courte tête. Collection Spécial Police N°51. Editions Fleuve Noir. Parution 1er trimestre 1954. 224 pages.

Réédition collection Sam et Sally N°8. Editions Fleuve Noir. 1975.

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13 octobre 2020 2 13 /10 /octobre /2020 03:42

Dans l’univers de Crosby, Still, Nash et Young, mais pas que…

Barney HOSKYNS : Hôtel California. Les années Folk-Rock 1965-1980.

Si les mots “ Hôtel California ” résonnent encore à nos oreilles, même à celles des plus jeunes, c’est qu’ils nous renvoient à un tube de la fin des années 1970, interprété par les Eagles, groupe californien de renommée mondiale. Et si le titre de ce document emprunte ce titre, ce n’est ni par hasard, ni fortuit.

En effet Barney Hoskyns nous propose une ballade longue d’une quinzaine d’années dans les méandres des rues de Los Angeles principalement au Troubadour, café club qui accueillait les artistes débutants ou confirmés, d’Hollywood, la Mecque du cinéma qui deviendra celle des musiciens et des maisons de disques, et des canyons environnants dont le Laurel Canyon qui abrita la plupart de ceux qui revendiquaient une contre-culture.

Mais la musique n’était pas leur seule raison d’être. La drogue, l’alcool et le sexe s’y côtoyaient dans une euphorie générale qui souvent générait dépression, asthénie chez ces hommes et ces femmes qui se retrouvaient les uns chez les autres, des réunions qui généraient rapprochement ou jalousie. Des hommes et des femmes, issus de milieux différents, d’états souvent éloignés, quittant la Côte Est ou le Sud des Etats-Unis, le Canada aussi, désireux de se faire un nom, de trouver le Graal, comme leurs ancêtres avaient quitté leurs terres plus d’un siècle auparavant happés par le mirage de l’or.

La carcasse de ce livre est composée principalement de deux figures marquantes David Crosby et David Geffen. Le premier musicien et le second producteur. Autour d’eux gravitent des figures marquantes de ces années : d’abord Stephen Still, Graham Nash et Neil Young. Ces quatre noms associés vous rappellent quelque chose évidemment. Eh oui, Crosby, Still, Nash et Young, groupe mythique des années 70.

Mais auparavant, au milieu des années 60, alors que les Beatles inondaient la planète de leurs tubes et révolutionnaient quelque peu la mentalité musicale des Etats-Unis, Crosby avait participé à l’aventure des Byrds. Dans leur sillage, leur sillon discographique devrais-je écrire, on retrouve Les Turtles, The Papas and The Mamas, Joni Mitchell, Linda Ronstadt, Les Rolling Stones, Creedence Clearwater Revival, Jefferson Airplane, Bob Dylan, Franck Zappa, Les Beach Boys, les Beatles, Jimmy Hendrix, dans une déferlante de musique folk, country, rock.

Un livre qui nous plonge dans l’effervescence musicale californienne des années 60, 70 et malgré quelques passages parfois un peu confus, on fait le tour d’un triangle dont les angles sont constitués par le sexe, la drogue et la musique, dans le désordre. L’amour, l’amitié liaient tous ces musiciens mais aussi la jalousie, l’inimitié, selon le succès remporté par les uns, les amours des autres, les faiblesses, les défonces, tout ce qui peut régir une communauté parfois bâtie de bric et de broc. A conseiller à tous ceux qui s’intéressent à la musique mais également à une époque charnière sociale des Etats-Unis.

Barney HOSKYNS : Hôtel California. Les années Folk-Rock 1965-1980. Editions du Castor Astral, collection Castor Music. Parution novembre 2008. 320 pages.

ISBN : 9782859207793

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10 octobre 2020 6 10 /10 /octobre /2020 04:21

Quand le Celte tique !

Gérard ALLE : Scottish Lamento.

Il existe des endroits, de par le monde, privilégiés, par leur beauté, leur emplacement géographique, leur histoire, leurs coutumes, leurs attraits touristiques.

L’île de Skye, par exemple, située dans l’archipel des Hébrides au nord de l’Ecosse, jouit d’une excellente popularité grâce à ses paysages grandioses, qui incitèrent de nombreux cinéastes à venir poser leurs caméras afin de tourner des films d’obédience fantastique et historique.

Mais la quiétude de l’inspecteur Finley Mac Intosh, du commissariat de Portree, est bousculée par un appel téléphonique du Canada. Une mère s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles de sa fille Charlotte Mac Leod, qui voyage en compagnie de son petit ami, Mahmoud Oz, qui n’est pas magicien mais de nationalité turque.

Mac Intosh essaie de faire comprendre à cette mère éplorée, qu’une disparition depuis deux jours n’est pas significative, mais elle possède une réponse imparable : elle n’a pas souhaité l’anniversaire de son père malade. Quelque peu ému, il compulse son ordinateur afin de dénicher quelques renseignements. Mahmoud Oz, vingt-sept ans, est signalé comme demandeur d’asile au Canada où il réside depuis deux ans, précisément à Winnipeg.

Bientôt une autre affaire accapare Finley Mac Intosh, et ses collègues du commissariat. Un aubergiste se plaint qu’un de ses clients, Duncan Mac Donald de Fayetteville aux Etats-Unis, serait parti sans régler sa note. Un acte de grivèlerie sans conséquence apparente. Pourtant ces deux affaires, les disparitions de Charlotte Mac Leod et Duncan Mac Douglas, vont se rejoindre.

Finley Mac Intosh, plus ou moins aidé par le commissaire Herderson, dit La Limace, qui remplace le commissaire principal Cochran en arrêt de maladie, l’inspecteur-chef Strachan, une jeune femme qui ne rigole pas, et deux autres policiers, va enquêter un peu partout, essayant de remonter la filière. Car les noms de Fayetteville et de Mac Donald lui rappellent une autre affaire. C’est ainsi qu’il apprend par le responsable d’un musée que Charlotte, accompagnée de son soupirant, et Duncan Mac Donald se sont rencontrés et ont échangés des propos plus ou moins acerbes.

Duncan joue à la cornemuse du pibroc’h, cette musique ancestrale écossaise, et malgré sa nationalité américaine déchiffre un manuscrit vieux de plusieurs siècles rédigé en picte. Charlotte monte vite sur ses grands chevaux, quoiqu’en Ecosse ils soient de petites races, et inévitablement elle va se chamailler avec Duncan. Les clans Mac Leod et Mac Donald se sont par le passé affrontés à de nombreuses reprises, accumulant les cadavres. Une page d’histoire sanglante qui se perpétue depuis le XIVe siècle, depuis la guerre d’indépendance écossaise jusqu’à nos jours, ou presque, en passant par la rébellion jacobite.

Grâce aux fichiers de réservation, Finley localise où Charlotte Mac Leod est locataire. Il s’agit d’une maison isolée à Bernisdale. Il s’y rend immédiatement et découvre le cadavre de la jeune fille. Elle est allongée sur le lit, en chemise blanche, ensanglantée, et en kilt. Des fleurs fanées ont été déposées tout autour d’elle, et à la tête du lit, il peut lire une inscription tracée avec le sang de la victime : Peace.

 

L’enquête proprement dite est insérée dans des chapitres présentant les divers personnages, Charlotte Mac Leod, son ami Mahmoud Oz, Duncan Mac Donald le joueur de cornemuse dont l’esprit est taraudé par son passage dans l’armée et son séjour au Viêt-Nam, jusqu’au drame. Aux drames devrais-je écrire, car l’auteur mêle habilement plusieurs histoires d’hier et d’aujourd’hui.

En effet, outre la rencontre entre les deux ressortissants d’origine écossaise, il met en scène les nombreux conflits qui ont jalonnés l’existence des deux clans depuis des siècles. Une remontée dans le temps avec à la clé la narration de légendes qui, comme chacun sait, ont souvent une origine réelle et historique, qui donne la saveur au récit.

Mais l’époque actuelle est également évoquée avec la participation de Mahmoud Oz, Turc de nationalité mais qui est confronté à son origine kurde.

Dans un paysage grandiose, au timbre de la cornemuse toujours en fond sonore, Gérard Alle transpose hier et aujourd’hui, mettant en avant les conflits séculaires entre deux clans, deux nations, deux prééminences, deux haines inextinguibles qui probablement ne se résoudront jamais, même dans le sang.

Plus qu’un roman policier, Scottish Lamento est une œuvre qui se veut le reflet d’une société en déliquescence, à cause de la haine et de la rivalité entre les peuples et de ses conséquences, les conflits armés.

 

Les forces de police, en Grande Bretagne, lors des manifestations, par exemple, cherchent à éviter tout affrontement, et je crois que c’est une bonne chose. Les Britanniques ne nous voient pas comme des ennemis. Ce qui se passe en France, où les forces de l’ordre cherchent systématiquement l’affrontement pour dissuader les gens de descendre dans la rue, je crois que ça ne marche pas. La confiance disparait, les gens se radicalisent, et à un moment ou à un autre, il faudra en payer le prix : la violence se retournera contre ceux qui l’exercent.

Gérard ALLE : Scottish Lamento. Editions IN8. Parution 15 septembre 2020. 256 pages. 18,00€.

ISBN : 9782362241109

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9 octobre 2020 5 09 /10 /octobre /2020 04:15

A tous les étages ? On n’arrête pas le progrès !

Jan JOUVERT : Eau et Gaz.

La vie dans un immeuble, la promiscuité avec des locataires venus de milieux différents, d’âge différent, de culture différente, ce n’est pas triste.

Dans celui de Jan Jouvert, ce n’est pas moins triste. Chacun des locataires du petit immeuble, dans lequel se déroule l’action en vase clos, possède ses particularités, ses phantasmes, ses envies, ses problèmes, ses besoins, ses peurs.

Cohabitent, en plus ou moins bonne intelligence, se fréquentant peu ou prou, une vieille dame, impotente, autoritaire, qui consigne dans un cahier ses affres. Un psychiatre à la clientèle dispersée et dont la femme peintre est muette. Une veuve et sa fille de quinze ans qui ne désire qu’une chose, s’affranchir. Il y a aussi deux copines vivant dans le même appartement, guère pratique pour recevoir les petits amis. Une jeune femme nymphomane qui n’arrive pas à assouvir ses désirs, un jeune étudiant qui a arrêté ses études et possède la particularité de s’endormir n’importe où, n’importe quand et dont la petite amie s’évertue à réveiller la virilité. Egalement un vieil homme, artiste en tous genres qui reçoit de temps à autre la visite de son attachée de presse, et qui ne rechigne pas sur quelques prises de cocaïne, un jeune homme, nouvellement arrivé, épris de lecture, et un célibataire aux nombreuses conquêtes et aux dents longues.

Maintenant que vous avez les ingrédients, vous brassez le tout, vous saupoudrez d’une pincée de mystère, de quelques taches de sang par ci par là, vous laissez mijoter et vous dégustez. Un roman original, subtil, tendre et inquiétant à la fois, fort bien maîtrisé dans la construction, dans le rythme, dans l’approche des personnages. En un mot un livre jubilatoire en diable.

Jan JOUVERT : Eau et Gaz. Collection Fleuve Noir Crime N°65. Editions Fleuve Noir. Parution mai 1999. 256 pages.

ISBN : 9782265067868

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8 octobre 2020 4 08 /10 /octobre /2020 04:10

Souriez, vous êtes photographié !

Roland SADAUNE : Ma rousse.

La journée était vraiment mal engagée pour que cela ne continue pas !

L’approche dorsale dans le lit callé contre sa femme afin d’essayer de se remémorer comment se pratique la simulation de procréation ne fut pas une réussite.

Après ce fut la corvée des courses à cause d’un chariot indocile au super marché Mammouth. Mammouth écrase les prix disaient-ils. Mamie écrase les prouts, répondit Coluche.

Bref, Roger, le narrateur est en train (mais à pied) de débarrasser la roue récalcitrante du scotch qui l’empêche d’avancer droit, lorsqu’il est interpellé par le gérant d’un magasin de photos. Celui-ci, confus, s’excuse, platement, avouant s’être trompé de pochette et qu’il a mélangé les négatifs. Il les remet à Roger qui se dit que c’est sa femme Monique qui a dû déposer la pellicule.

Tout en rangeant ses victuailles dans son chariot, il examine les négatifs qui sont loin d’être positifs. Il reconnait Monique, sa femme, sa rousse, posant en petite tenue. Aussitôt la jalousie le tarabuste. Qui a pu prendre sa rousse en photo. Probablement l’un de ses voisins. Mais lequel ? Des noms, des visages se bousculent dans sa tête et pour faire le ménage il s’octroie au bistrot du quartier le double de rations de petits blancs au comptoir. Des petits blancs ? Et si c’était son voisin noir qui s’amusait avec sa rousse ?

 

Auteur d’une trentaine de romans policiers noirs, et le double de nouvelles, Roland Sadaune dépeint ses aventures imaginaires avec réalisme. Normal puisqu’il est aussi artiste-peintre.

Et je dois avouer que ce sont dans ses nouvelles qui je me sens le plus en phase avec lui. Il ne tire pas à la ligne mais décrit avec un humour noir des tranches de vie quotidienne, empruntant des chemins de traverse cahoteux, comme des courts-métrages, lui dont l’une des passions est le cinéma.

Ses personnages sont calqués sur l’homme de la rue, l’individu lambda confronté à des épisodes qui le laissent désemparé, des petits faits comme il en existe tant, cachés dans les couloirs des immeubles sociaux, derrière les portes des familles en désagrégation.

Des nouvelles qui laissent dans la bouche un goût d’amertume car ceux qu’il décrit pourraient être vous, ou moi.

 

Roland SADAUNE : Ma rousse. Collection Culissime/Noire sœur. Editions SKA. Parution 30 septembre 1978. 16 pages. 1,99€.

ISBN : 9791023408317

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7 octobre 2020 3 07 /10 /octobre /2020 03:57

Ce n’est pas la clé de Sol, alors ?

Sax ROHMER : La clé du temple du ciel.

Le véritable héros, le véritable protagoniste des œuvres de Sax Rohmer, romans et nouvelles, ce n’est pas le diabolique docteur Fu-Manchu, mais bien l’Orient.

Pas seulement la Chine et ses habitants, quoiqu’ils tiennent une place prépondérante, mais également l’Inde ou l’Asie mineure. C’est l’Orient, l’Orient mystérieux transposé, transplanté, réduit telle une maquette dans un quartier londonien, Chinatown, situé entre Limehouse Causeway et Pennyfields.

Un quartier mal famé, aux impasses noyées dans le brouillard, aux ruelles peu sûres, aux bouges enfumés, exhalant une forte odeurs d’épices et d’encens, avec une arrière senteur d’opium ; des façades grises, monotones, des fenêtres aux carreaux sales qui dissimulent des richesses incomparables, anachroniques, dans un décor de misère, de beuveries, de crimes crapuleux et sinistres, avec en bruit de fond la Tamise et ses docks.

L’on pourrait croire que Sax Rohmer a un compte à régler avec les Asiatiques, mais en réalité ce n’est qu’un paravent (chinois). Pour preuve ce dialogue extrait de la première nouvelle de ce recueil, Rhapsodie pour Limehouse.

Parfois dans vos écrits vous avez dit du mal de mes compatriotes. N’est-ce pas la vérité ?

C’est la vérité, répondis-je, mais seulement dans une certaine limite. Peut-être ai-je dépeint sous un jour défavorable certains individus de votre race ; mais jamais le Chinois en général. Il y a des méchants en Chine comme dans tous les pays.

L’exotisme et le mystère ont toujours fasciné et l’aventure est toujours plus belle lorsqu’elle est parée de dorures et de brocards scintillants, dissimulée dans des boîtes ou des cercueils à secrets, parfumée à l’encens et aux extraits de pavots, gardée et défendue par des dragons de jade.

Sans oublier les sectes mystérieuses et leurs mots de passe, leurs rendez-vous énigmatiques.

Composant ce volume, où l’on retrouve les inspecteurs Wessex et Kerry, le détective Paul Harley et le journaliste Malcolm Knox, le narrateur, huit nouvelles aux titres alléchants, dans la tradition des feuilletons et romans populaires. Parmi ces nouvelles deux ont déjà été traduites en France et non pas une seule comme annoncée dans la bibliographie due à Francis Lacassin. Mais tout ceci est détaillé dans le sommaire ci-dessous :

 

Préface par Francis Lacassin.

Rhapsodie pour Limehouse (Limehouse Rapsody – 1939. Traduction Jacques Brécard. Publiée dans Le Saint Détective Magazine n°53 de juillet 1959 sous le titre Un bourreau respectable).

La clé du temple du ciel (The Key of the Temple of Heaven – 1922. Traduction Robert-Pierre Castel)

Le mandarin noir (The Black Madarin – 1922. Traduction de Jacques Brécard. Publiée dans Le Saint Détective Magazine n° 139 de septembre 1966).

La fille de Huang Chow (The daughter of Huang Chow - 1921. Traduction Robert-Pierre Castel).

La natte de Hi Wing Ho (The Pigtail of Hi Wing Ho – 1916. Traduction Robert-Pierre Castel).

La maison de l’idole d’or (The House of the Golden Joss – 1920. Traduction Robert-Pierre Castel).

L’homme au crâne rasé (The Man with the Shaven Skull – 1920. Traduction Robert-Pierre Castel).

Le gosse de Kerry (Kerry’s Kid – 1922. Traduction Robert-Pierre Castel).

Bibliographie par Francis Lacassin avec l’indication des revues et éventuellement des recueils dans lesquels ces nouvelles ont été publiées.

Sax ROHMER : La clé du temple du ciel. Série L’Aventure insensée dirigée par Francis Lacassin N°2067. Edition 10/18. Parution décembre 1989. 320 pages.

ISBN : 9782264013040

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6 octobre 2020 2 06 /10 /octobre /2020 03:55

Où il est prouvé que la chasse peut être mortelle…

Margaret RING : Pièges mortels pour Camilla.

Le Prince Philip, qui tout comme la Reine, a peur qu'un attentat soit perpétré sur Camilla, la maîtresse de Charles, demande à l'inspecteur Buckingham d'assister à une partie de chasse organisée par Lord Moor, propriétaire du Daily Star.

Participent à cette vénerie, Lord King, propriétaire d'un journal rival, le Prince Charles, Camilla, Parker-Bowles l'ex-mari de Camilla, Rosemary, sa nouvelle maîtresse, James Hewitt, l'amant de Diana qui a défrayé la chronique en publiant un livre sur ses amours princières, et Hannibal Chesterfield.

Lord King est tué par un engin explosif placé sous la selle de son cheval. La bombe, composée d'un détonateur et d'un poignard, n'était pas forcément destinée au défunt. L'animal a été successivement dévolu à Lord Moor, à Sita, sa maîtresse pakistanaise et à Camilla.

Buckingham est perdu en conjectures. Tout le monde est suspect y compris les palefreniers. L'un d'eux, d'origine pakistanaise, est victime d'un accident provoqué par une voiture. Or l'auto de Sita a disparu. Selon les experts la bombe infernale est d'origine yéménite. Lord Moor est blessé par le même type de machine infernale. Buckingham se rend au Yémen afin d'en rencontrer le constructeur.

 

Trop de répétitions dans ce roman qui aurait gagné en force s'il avait été élagué et réduit. En réalité il ne s'agit que d'une longue nouvelle délayée.

Le caractère de l'inspecteur Buckingham, toujours horrifié lorsque quelqu'un ose critiquer la Souveraine et sa famille, oscille entre rouerie, snobisme et naïveté.

A part l'humour qui s'en dégage, les estocades portées contre la famille régnante par exemple ou les tribulations de Buckingham au Yémen, ce roman est plat et l'intrigue un peu faible, désuète.

Sous le pseudonyme de Margaret Ring se cache l’écrivain et journaliste Philippe de Baleine qui a également écrit quelques romans sous celui de Philip Whale.

Margaret RING : Pièges mortels pour Camilla. Collection L'inspecteur Buckingham. Editions du Rocher. Parution octobre 1995. 174 pages.

ISBN : 9782268021140

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5 octobre 2020 1 05 /10 /octobre /2020 04:40

Entre Arsène Lupin et Sam et Sally.

Anthony FEEK : Echec à Barnaby.

Alors qu’il attend le moment favorable pour s’introduire dans la demeure de Sir Happleton, Barnaby Hope s’aperçoit qu’il est devancé par une silhouette qui se déplace dans la nuit.

Il avait pourtant bien préparé son expédition consistant à s’emparer des pierres précieuses du châtelain. Sir James Happleton avait emmené au restaurant sa conquête du moment, Jemina Sharp rencontrée lors de l’un de ses nombreux déplacements à Londres, et théoriquement la place était libre, nonobstant la présence de son serviteur. Barnaby s’était installé à l’auberge du village de Saint John’s sous le nom de Ginspotter et il avait réglé sa note, devant regagner son domicile le vol effectué.

Mais les choses n’ont pas tourné comme il l’avait prévu, et il s’introduit quand même dans le château par le même chemin que son prédécesseur afin de constater les dégâts. Les vitrines dans lesquelles les diamants étaient enfermés n’ont pas été fracturées et le fil de l’alarme a été coupé près de la porte de la pièce aux trésors. Ce qui fait tiquer Barnaby.

Le soir même il avait remis une lettre destinée à sir James Happelton à l’aubergiste, pensant ne pas revenir dans l’établissement, mais lorsqu’il désire la récupérer, trop tard. L’aubergiste avait fait du zèle.

Les policiers locaux ainsi que le directeur de la compagnie d’assurance sont avertis du vol, et débutent leur enquête sous les yeux du propriétaire. A ce moment sir James Happelton reçoit la fameuse missive mais il en retarde la lecture. Il part pour Londres en compagnie de l’assureur. Barnaby alias Ginspotter rencontre comme par hasard miss Jemina Sharp, qui n’est autre que sa sœur Mabel. Elle avait demandé à sir James de l’emmener au restaurant afin que son frère puisse œuvrer en toute liberté, préparant le terrain, ou plutôt le chemin.

Seulement, coup de théâtre : sir James Happelton, de retour au château, se fait assassiner dans les bois, alors qu’un certain capitaine Garvin Jones venait de solliciter une entrevue.

 

Un roman français dû à Anthony Feek, pseudonyme sous lequel se cache Auguste Franco, mais à forte connotation britannique. Et au lieu d’Arsène Lupin, j’aurais dû évoquer Raffles, son prédécesseur créé par W.E. Hornung, le beau-frère de Conan Doyle.

Echec à Barnaby est constitué de deux épisodes qui se complètent car le meurtre de sir James Happelton est rapidement résolu, le capitaine Garvin Jones s’accusant du méfait. Il avait connu l’officier au cours de la seconde guerre mondiale en Afrique du Nord, dans des conditions guère glorieuses pour le nobliau. Mais la seconde partie est nettement plus vivante, façon de s’exprimer car les morts se comptent à la pelle.

Barnaby, qui est recherché sous un autre nom ainsi que Mabel/Jemina, se confie à son meilleur ennemi, un policier de Scotland Yard. Car les diamants sont toujours dans la nature, et le vol lui est toujours imputé, du moins à son alias, quoi qu’il s’en défende. Et il veut absolument les récupérer afin de les empocher. Il ne s’attaque qu’à des individus méprisables et le plus gros de ses gains est reversé à des œuvres caritatives. Ainsi, s’il récupère les diamants, une partie du produit de la vente sera destinée à un organisme s’occupant de l’avenir des orphelins de guerre.

Barnaby connaîtra au moins trois aventures dans la même collection chez le même éditeur, et Anthony Feek sera publié au Fleuve Noir dans les collections Angoisse et Feu.

Anthony FEEK : Echec à Barnaby. Collection Le Corbeau. Editions Oris. Parution3e trimestre 1947. 224 pages.

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30 septembre 2020 3 30 /09 /septembre /2020 03:05

Qui de nous n’a jamais eu envie d’être quelqu’un d’autre ?

Tonino BENACQUISTA : Quelqu’un d’autre.

Après une partie de tennis pour retrouver des sensations ou simplement passer le temps, Thierry Blin et Nicolas Gredzinski, qui ne s’étaient jamais vus, décident de mieux faire connaissance autour d’un verre dans un bar. Ils papotent de tennis et d’anciennes gloires, et au cours de la conversation, alors que Nicolas évoque son apprentissage pianistique, il avoue qu’après avoir joué un morceau appris par cœur, le Clair de lune de Debussy, avec comme récompense les bravos et les sourires d’une poignée de jeunes filles, il avait eu l’impression d’être quelqu’un d’autre.

Ils se prennent au jeu. Et s’ils devenaient quelqu’un d’autre ? Rendez-vous est pris dans trois ans, même lieu, même heure. Un peu comme dans la chanson de Patrick Bruel, Place des grands hommes. Un défi lancé après absorption de moult verres de vodka glacée. Pour Nicolas, c’est une première, lui qui ne boit jamais.

Nous suivons alors, au cours des chapitres suivants, le parcours des deux hommes en alternance.

Thierry Blin est encadreur dans une échoppe non loin du métro Pernety dans la quatorzième arrondissement parisien, et vit depuis quelques années avec Nadine. Peu à peu il va se transformer moralement et physiquement, va brader son atelier, résilier son abonnement au cours de tennis alors qu’il n’était inscrit que depuis son match contre Nicolas, et se faire embaucher comme stagiaire dans une officine de détective privé, sous une nouvelle identité. Ce qui a pour conséquence de déboussoler Nadine qui va voir ailleurs par dépit.

Nicolas travaille dans un grand groupe aux diverses activités, La Parena, dont le siège est à la Défense. Il est l’assistant du directeur d’un service de publicité. Son initiation à la vodka laisse des traces dans sa tête et dans son estomac et peu à peu il devient addictif à l’alcool. Vodka, bière et autres liquides qui l’emmènent sur les chemins tortueux d’une indépendance vis-à-vis de son boss et de ses collègues.

Afin de cacher sa propension à se rafraîchir les papilles dès potron-minet, il imagine un cache représentant une marque de soda pour enrober ses canettes de bière au bureau. Car cela commence à jaser dans les couloirs. Et le soir dans un bar il fait la connaissance d’une jolie fille secrète prénommée Loraine. Il n’aura pas Loraine, ni l’Alsace d’ailleurs, le premier soir, ni les autres, une proposition édictée sous l’influence de l’alcool, mais il la reverra par la suite, se contentant de parler et d’échanger avec elle, sans savoir qui elle est exactement. C’est une femme secrète qui possède néanmoins de fortes connaissances œnologiques. Il consigne dans un petit carnet ses pensées du soir ou de la nuit qui consistent la plupart du temps en aphorismes.

 

Ce parcours atypique de deux personnages totalement différents est presque un parcours initiatique dans lequel les deux protagonistes vont vivre des épisodes dans lesquels ils n’auraient jamais pensés se sentir impliqués dans leur petite vie étriquée, ou presque. Ils se révèlent à eux-mêmes, se haussent dans la hiérarchie, même Nicolas qui, malgré son addiction à l’alcool, trouve des ressources insoupçonnées pour devenir inventeur d’un gadget qui fera fureur.

L’auteur se cache derrière les lignes, entre les pages, comme s’il voulait devenir quelqu’un d’autre en traversant le miroir du texte. En effet, on retrouve dans certains personnages la vie d’avant de Tonino Benacquista, avant qu’il connaisse le succès à travers ses romans, noirs et policiers publiés à la Série Noire ou chez Rivages : l’encadreur qui nous ramène à son métier d’accrocheur de tableaux comme dans Trois carrés rouges sur fond noir, l’opportuniste qui s’invite dans une réception à laquelle il n’était pas invité, le pique-assiette que fut l’auteur dans une vie et décrit dans Les Morsures de l’aube, l’Italie bien entendu, pays d’origine de sa famille composée d’émigrés provenant de la province de Frosinone.

 

On devrait interdire l’alcool aux angoissés, ce sont des proies faciles : ils ont la faiblesse de croire, l’espace d’un soir, qu’ils ont droit à leur part de bonheur.

 

Plus on marche sur la tête des faibles, plus on est enclin à lécher les bottes des forts.

 

Bardane a fait le choix d’être arrogant, c’est celui des médiocres.

Tonino BENACQUISTA : Quelqu’un d’autre. Collection Blanche. Editions Gallimard. Parution janvier 2002. 280 pages.

ISBN : 9782070763962

Réédition Folio. Parution 1er mai 2003. 378 pages.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
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