Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 septembre 2020 4 17 /09 /septembre /2020 04:10

Quand on vous dit de ne pas laisser traîner vos déchets un peu partout !

Jean FAILLER : Brume sous le Grand pont.

Deux gamins découvrent un cadavre dans un square désert situé près du pont de Saint Nazaire, et il n’en faut pas plus pour que la grande maison, la Chancellerie, demande à Marie Lester de se rendre sur place afin d’enquêter sur ce meurtre apparemment banal.

Sauf que le cadavre lui n’est pas banal. L’ex juge Ménaudoux, le défunt, n’avait bonne presse aussi bien dans ses anciennes relations professionnelles que dans son voisinage. Un homme renfermé, qui avait côtoyé l’extrême-gauche et dont les jugements allaient à l’encontre de celle de la justice. Sa femme, acariâtre, n’est guère appréciée non plus. Tous les jours, à la même heure, il sortait son chien, effectuant le même parcours immuable. Le commissaire local et ses adjoints ont rapidement conclu à un crime de rôdeur. Quant au petit chien il gisait mort dans une mare, comme s’il avait reçu un coup de tatane mortel.

Pour Mary Lester, qui a été détachée de son commissariat de Quimper, tout est à reprendre de zéro. Son arrivée dans la cité portuaire, dans laquelle flotte encore l’ombre de Tintin, est entachée de quelques incidents. D’abord elle est accueillie par un gardien de la paix rébarbatif, puis comme elle est en retard, le commissaire est parti déjeuner. Tant pis, après son repas, elle retourne à son lieu d’affectation provisoire, et se fait remonter les bretelles car elle est élastique sur les horaires.

Seulement la belle et jeune officier de police n’est pas une personne à se laisser monter sur les pieds, et elle remet tout ce petit monde en place, sans s’énerver, ce qui énerve encore plus ses interlocuteurs. Elle prend une chambre puis se rend sur les lieux du drame à la recherche d’un indice omis par ses collègues. Bingo, elle trouve près d’un feu de camp un bout de papier. La notice d’emploi d’une pellicule photographique peu courante. Un premier indice important qu’elle recueille.

Elle revient sur place le lendemain matin, armée d’un appareil photo et d’une pellicule idoine en noir et blanc, et commence à prendre quelques clichés. Le manège de deux hommes autour d’une camionnette et d’une femme l’intriguent mais d’autre faits également. Elle s’inscrit dans le club-photo local afin de développer sa pellicule, se liant avec le responsable de l’association ainsi qu’avec d’autres membres de ce club. L’un des adjoints du commissaire reconnait sur l’une des photos un ancien rugbyman, une gloire qui était fort connue pour ses coups de poings, sur et en dehors des terrains et qui, en véritable brute, a eu maille à partir avec la justice. Devenu petit truand, il était arrivé à Saint-Nazaire incognito et totalement désargenté.

Or il circule des billets de deux cents francs reconstitués, laissant à penser qu’une moitié des billets avaient été donnés comme acompte, puis l’autre moitié lors de la réalisation du petit travail demandé.

 

Peu à peu Mary Lester remonte le fil de cette enquête linéaire, ce qui ne veut pas dire que les péripéties sont inexistantes, au contraire, pour arriver à une solution simple et subtile dans sa résolution, malgré les sarcasmes du commissaire local et de ses adjoints. Au début ils se gaussent d’elle mais bientôt ils sont obligés de rabattre leur caquet.

 

Si la trame de cette énigme n’est pas trop tarabiscotée, ce sont surtout l’humour qui se dégage principalement dans les dialogues, et les réflexions pleines de bon sens émises principalement par l’auteur qui priment et en donnent le sel.

Une lecture agréable qui ne s’embarrasse pas trop de digressions philosophiques de comptoir mais dont le contenu met le doigt parfois sur les travers de la société. Et Mary Lester possède une répartie que bon nombre de personnes aimeraient détenir face à leurs patrons, les remettant en place lors de leurs délires sans pour autant user de propos mal sonnants. L’art de la dialectique et de la rhétorique, le tout asséné avec un sourire plein de candeur mais efficace pour démonter les interlocuteurs.

 

De cette plate-forme elle avait une vue plongeante sur feu le magasin. Comme dans le bureau, il restait des ferrailles tordues, les squelettes métalliques de ces présentoirs appelés gondoles non par souci d’introduire un vocabulaire poétique dans cet univers de rentabilité à tout prix, mais, qui sait, pour signifier ironiquement au chaland qu’on le menait en bateau à grand renfort de promotions bidons et de faux prix coutants.

Jean FAILLER : Brume sous le Grand pont. Mary Lester 10. Editions du Palémon. Parution 2e trimestre 1997. 270 pages.

ISBN : 9782907572057

Partager cet article
Repost0
19 août 2020 3 19 /08 /août /2020 04:03

Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître
Montmartre en ce temps-là
Accrochait ses lilas…


 

Roland DORGELES : Les Château des Brouillards.

Rendez-vous des poètes et rimailleurs, des chansonniers et musiciens, des peintres et des rapins, Le Lapin agile (anciennement Lapin à Gil) accueille une faune diverse et variée. Sans oublier petits truands et anarchistes, ainsi que les représentants d’une société plus huppée désireux de frayer avec la plèbe.

Ce soir, Paul-Gérard Clair, plus communément appelé Gérard, un poète en devenir, s’est invité à une table, et pour s’attirer les bonnes grâces des consommateurs, offre une tournée, payant avec un Louis d’or. Clabaud l’anarchiste l’accuse de régler en fausse monnaie, ce qui provoque une petite émeute. Mais Gérard démontre son innocence, et bientôt il va intégrer ce cénacle dont bon nombre de membres sont logés chez Lucie Rapin, au château des Brouillards. Une grande bâtisse située entre l’allée des Brouillards et la rue Girardon, rendez-vous des artistes et des marginaux.

Gérard vit dans un galetas, remisant dans une armoire quelques rouleaux de pièces d’or, un viatique qui devrait lui permettre de vivre durant deux ans, si tout va bien. Mais il fait la connaissance de Marie-Louise, qui effectue des travaux de couture, et de sa sœur Cri-Cri. Elles vivent au quatrième étage. Marie-Louise est bien gentille et entre les deux jeunes gens s’ébauche une idylle dont la conclusion se trouve entre les draps.

Et pour aider Marie-Louise, Gérard n’hésite pas à se montrer généreux, le magot fondant comme iceberg sous le soleil des tropiques. Mais ce qui obère le plus son pécule, c’est lorsqu’il se montre dispendieux auprès de Daisy Bell, une comédienne américaine qui devrait interpréter une pièce qu’il a écrite et qu’il retravaille souvent. La pièce, évidemment.

Et puis il sympathise avec un vieux feuilletoniste, Gouttenoire, qui achète aux rapins des tableaux afin de leur permettre de subsister. Plus par philanthropie que par l’appât d’un gain éventuel et aléatoire. Ce qui énerve sa femme, parfois il faut peu de choses pour que les reproches acrimonieux éclatent bruyamment dans un ménage.

Le vieil amateur s’était ainsi offert à des prix raisonnables des Picasso, des Modigliani, des Utrillo, des Van Dongen, tous ces produits de Montmartre que dédaignaient les grands marchands…

S’il côtoie le Marquis de la Dèche, Gérard pourrait bientôt s’affubler lui aussi de cet alias, vendant ses objets précieux et ses livres. Alors il se rend souvent chez Lucie Rapin, qui exerce la profession de relieuse, au Château, s’abouchant avec l’un ou l’autre des habitués. Jusqu’au jour où un paquet lui est confié… Et il se trouvera embarqué dans une histoire mêlant anarchistes et faux-monnayeurs.

 

Roland Dorgelès, qui a vécu dans ce quartier montmartrois avant la Grande Guerre, s’inspire d’expériences vécues, ayant fréquenté toute cette faune interlope.

D’ailleurs incidemment il se met en scène par une présence fugitive. Il est un observateur, un spectateur qui ne participe pas au récit.

Quand le bruit se répandit dans Montmartre que la pièce de Paul-Gérard Clair allait être jouée sur les boulevards, ce fut une telle stupéfaction que pas un de nous ne songea à le féliciter.

Le Château des Brouillards permet une incursion dans le passé, dans ce quartier qui depuis a gardé son charme, ses vieilles ruelles et impasses, son aura artistique, mais a bien évolué quand même devenant peut-être un peu trop touristique. L’avenue Junot n’avait pas encore été créée, elle le fut entre 1910 et 1912, dans cette zone connue sous le nom de Maquis de Montmartre, dans le quartier des Grandes Carrières. Mais une partie du pittoresque demeure même si les masures des bohèmes et des chiffonniers ont été rasées.

Roland DORGELES : Les Château des Brouillards.

Roland DORGELES : Les Château des Brouillards. Le Livre de Poche N°507. Parution 3e trimestre 1961. 256 pages.

Première parution : Albin Michel. 1932.

Partager cet article
Repost0
18 août 2020 2 18 /08 /août /2020 04:08

Dans la douceur angevine, l’ange vint…

Isabelle VERDET : Véronique.

Dans le petit village de Montdraypon, sis en Anjou, la tension monte. La propriétaire d’un élevage équin a été assassinée et la rumeur accuse l’un des jeunes résidents de la Merlotte, un centre expérimental de rééducation.

Véronique Lamblin, jeune juge d’instruction de trente-deux ans, est chargée de cette affaire et elle se présente à la gendarmerie du bourg où elle est reçue par l’adjudant Guyomard. L’enquête ne lui sera pas retirée au profit du SRJP et il en est satisfait. Personne pour lui marcher sur les plates-bandes, et il se sent en confiance avec cette juge dont il pressent, malgré le jeune âge, une détermination à conduire à bien l’enquête sans se laisser influencer.

Le maire du village est le premier à accuser Michel Crobert, vingt ans, mais dont le passé chargé ne plaide pas en sa faveur. Les époux Brisson qui dirigent ce Centre expérimental défendent évidemment leurs protégés, quatorze garçons et six filles, qui tous ont eu une enfance difficile et doivent se racheter aux yeux de la société. C’est pour cela que Crobert avait été embauché par Suzanne Vuillaume, quadragénaire avancée, afin de s’occuper des chevaux en compagnie de deux employés en place depuis longtemps et d’une stagiaire.

Suzanne Vuillaume s’était mariée sur le tard, avec un homme plus jeune qu’elle de sept ans, et depuis, elle avait abandonné ses frasques, se concentrant uniquement à soigner ses chevaux et à son mari qui s’occupe également de l’établissement équin.

Crobert est un coupable tout désigné mais pour Véronique Lamblin, il existe des failles dans les accusations. Alors elle reprend les témoignages, organise une reconstitution, contre le maire qui clame haut et fort avoir l’appui du préfet, de député, du procureur, pour fermer la Merlotte. Elle reçoit aussi les confidences et l’appui d’une vieille dame qui connaît bien les habitants du village et leurs antécédents.

 

Dans un contexte rural, Isabelle Verdet noue et dénoue une intrigue assez simple, et le lecteur rapidement se doute de l’identité du ou de la coupable.

Mais c’est l’atmosphère et l’ambiance qui priment, cette arrogance d’un édile vindicatif qui veut à tout prix se débarrasser d’un centre de rééducation pour adolescents difficiles en marge de la loi.

Toute cette vermine, ça vous a déjà des antécédents : vol, drogue, prostitution ! Ici c’est pas une décharge publique pour que ceux de la ville nous y envoient leurs ordures !

Mais Véronique Lamblin ne se laisse pas démonter, ni influencer. Elle sait se montrer diplomate, rester calme face aux provocateurs, amener les témoins à compléter leurs dépositions, relever les failles et revenir sur de petits faits omis lors de leurs première déclarations. Une femme énergique sachant créer de l’empathie autour d’elle.

Il est précisé que ce texte est l’adaptation d’un roman paru dans la collection Spécial Police, sans autre renseignement. Une indication qui nous a fourvoyé, Pierre Turpin et moi-même dans l’attribution de ce livre à Peter Vanett alias Liane Méry, alias Viviane Syrmen, n’ayant pas eu l’ouvrage sous les yeux afin d’effectuer une comparaison.

Je remercie Olivier Ancel de la Librairie L’Amour du noir de m’avoir fourni ce livre et maintenant je possède une intime conviction quant au nom de l’auteur, mais ceci serait encore à démontrer. Je pense à Giova Selly, auteur dans la dite collection, et qui par la suite a fourni quelques romans pour Alain Grèzes dans la collection Nous Deux qu’il dirigea dans les années 1990. Donc il faudrait piocher dans sa bibliographie, mais d’autres pistes ne sont pas à écarter, même si elles me semblent moins probables, telle que celle de Mario Ropp, pseudonyme derrière lequel se cachait une femme.

Isabelle VERDET : Véronique. Collection Femme Viva N°11. Une coproduction Alain Grèzes - Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1987. 192 pages.

ISBN : 9782265037038

Partager cet article
Repost0
12 août 2020 3 12 /08 /août /2020 04:29

Perry c’est Périsset !

Michel PERRY : Les feux du printemps

Lors des vacances d’été, Gilberte et Guy, le frère et la sœur, ont l’habitude de se rendre chez leur tante à la villa Mi-Ra-Sol, à Hyères. Ils sont rejoints par leurs cousins Aliette et Serge. Ils ont à peu près dix-huit ans ou vingt ans, le bel âge. Tante Adé est une jeune fille prolongée de soixante ans mais très jeune d’esprit.

Aliette est heureuse. Elle vient de recevoir au courrier une lettre émanant de son romancier fétiche François Davrey, lui proposant une rencontre à l’hôtel Stuhart. Elle lui avait écrit en espérant une réponse mais pas forcément une rencontre. Lorsqu’elle se présente elle se trouve en présence d’un jeune homme, mais bientôt celui-ci précise qu’il n’est que le frère, Thierry. Car François Davrey, ce n’est qu’un pseudonyme derrière lequel se cache une jeune femme, Françoise Davrey. Aussitôt Aliette et Françoise sympathisent et la romancière est même invitée à la villa par mademoiselle Saint-Roman alias Tante Adé.

Françoise aime marcher en réfléchissant, et inversement, mais elle est dérangée par un ballon qui se met en travers de son chemin. Jacky, un gamin de cinq ans, est malheureux et Françoise, lui renvoyant le ballon par-dessus le muret de la propriété où il vit, lui pose quelques questions. Ce n’est pas qu’elle se montre indiscrète, mais ce gamin qui est confiné dans la villa en compagnie de Nanou, s’ennuie. Il n’a pas de maman et son père n’est pas souvent présent à ses côtés.

Tante Adé retrouve par hasard à Toulon Jean-Louis, un jeune sculpteur qui entame une carrière prometteuse. Il vit à Arles, ayant quitté son Nord natal et l’entreprise familiale, préférant s’adonner à son art, laissant son frère prendre la succession. Jean-Louis promet de rendre visite à la villa où il est reçu avec joie par les neveux qui le connaissent déjà.

Françoise s’inquiète de Jacky et elle fait des pieds et des mains pour obtenir de Nanou qu’il se rende sur la plage quelques heures, à l’abri des vacanciers. Et c’est ainsi qu’elle aperçoit un jour Jean-Louis et Jacky ensemble. Le sculpteur n’est pas content mais Nanou plaide la cause du gamin. Première surprise enregistrée par Françoise qui bientôt va en encaisser une autre.

Caren Gravet, une actrice de cinéma qui vit de l’autre côté de l’Atlantique, s’installe en toute discrétion au même hôtel que Françoise et son frère Thierry. Elle ne tient pas à signaler sa présence pour des raisons qui lui sont particulières et pas uniquement pour éviter les photographes toujours avides de clichés sensationnels.

 

L'été sera chaud, l'été sera chaud, Dans les tee-shirts dans les maillots…

Chantait Eric Charden. Et oui, l’été sera chaud et pas que dans les maillots. Dans les cœurs aussi, car des histoires d’amour se profilent à l’horizon. L’été est une saison propice à forger des liaisons et couver de tendres sentiments.

Mais l’été, c’est aussi synonyme d’orages. Car les amourettes engendrent quelques crises de jalousie, et les tensions sont plus ou moins nombreuses. Et au cœur de cette histoire, Jacky le gamin qui est isolé, d’un coup se trouve tiraillé entre son père et une mère prétendument morte qui réapparait.

Ce roman, dont la première publication date de 1962, a été quelque peu remanié pour les besoins de la réédition. Ainsi Aliette apprécie les disques de Pink Floyd. Mais comme souvent la première édition n’est pas indiquée. Encore heureux le nom de l’auteur et le titre de l’ouvrage ont été respectés. Mais dans le remaniement se glissent quelques invraisemblances.

Le cinéma, thème cher à Michel Perry alias Maurice Périsset, est abordé par la présence d’une actrice, mais l’auteur est plus prolixe sur la littérature, et principalement la littérature populaire, défendant ce que l’on appelle les romans à l’eau de rose.

Alors, vous aimez les romans de Françoise Davrey ? demanda-t-il.

Ses romans ont une fraîcheur telle qu’ils m’ont souvent donné l’impression d’y retrouver un peu de mon enfance. Et puis, ils sont si différents des contes bleus que l’on a coutume de lire !

Ça c’est vrai. Ils m’ont réconcilié avec un genre de littérature dont, à tort, je médisais.

Le rire d’Aliette sonna clair dans la pièce.

Ces romans sont-ils d’ailleurs vraiment des contes bleus ? Il me semble que François Davrey a créé un genre nouveau : le roman blanc si je puis dire.

 

Un peu plus loin, l’auteur enfonce le clou dans cette discussion entre le sculpteur, Aliette et Gilberte.

Bien entendu, attaqua Aliette, vous pensez que la littérature bleue est à ce point inférieure à la littérature tout court que vous ne devez jeter qu’un coup d’œil condescendant ? Eh bien, en ce qui concerne François Davrey, laissez-moi vous dire que vous vous êtes privé d’une joie rare.

Ma petite Aliette, je ne demande qu’à réparer ! Mais vous, Gilberte, reprit Jean-Louis, en se tournant vers a jeune fille qui, muette, suivait le débat d’une oreille attentive, quelle est votre opinion ?

Elle répondit très vite et d’un ton un peu sec :

J’estime qu’on ne doit pas classer les livres en bleu, blanc ou autre couleur. Il y a de bons et de mauvais livres, c’est tout. Ceux de Françoise sont à classer parmi les bons.

 

Certains devraient réviser leurs jugements et ne pas déclarer avec pédantisme, je ne lis jamais de romans policiers, ou de thrillers, ou encore de romans sentimentaux. Bien souvent ces genres se mêlent, se mélangent, s’interfèrent. Et l’on ne peut déclarer qu’on n’aime pas, que lorsque l’on a goûté. Mais c’est tout une éducation à refaire.

Première édition : Collection Mirabelle Sélection. Editions des Remparts. 1962.

Première édition : Collection Mirabelle Sélection. Editions des Remparts. 1962.

Michel PERRY : Les feux du printemps. Collection Ambre N°2. Editions du Guépard. Parution juin 1980. 160 pages.

ISBN : 2865270025

Partager cet article
Repost0
11 août 2020 2 11 /08 /août /2020 03:42

Par l’auteur de L’Inspecteur de la mer, devenu Flic ou voyou au cinéma.

Michel GRISOLIA : L’été rouge.

Lorsqu’on a une mère qui ne roule pas sur l’or, loin de là, et qui aurait grand besoin de repos, le meilleur moyen est de la suppléer dans l’une des tâches qu’elle effectue pour subvenir à la subsistance de ses enfants. Et c’est ainsi que Frédéric, quatorze ans, et sa sœur Adriana, de deux ans plus jeune, sont embauchés pour distribuer des échantillons dans des boîtes aux lettres.

En compagnie d’autres jeunes distributeurs de leur âge, ils sont emmenés par la patronne de leur mère à quelques dizaines de kilomètres de chez eux, en Haute-Provence. Un petit village tout en montées, et en descentes dans le sens contraire.

Munis d’une sacoche dans laquelle sont glissés les échantillons de crème solaire, Frédéric et Adriana entame leur périple, selon l’itinéraire choisi par madame Longhi. Ils doivent respecter la consigne, c’est à dire mettre un échantillon dans chaque boîte aux lettres, sans en oublier une seule, et marquer leur passage au sol par une croix inscrite dans un rond avec des craies de couleur. Comme ça, pas d’oubli ni de doublon.

Alors qu’ils grimpent une rude montée, ils aperçoivent une maison semblant abandonnée. Puis ils entendent des cris. Ils s’introduisent dans le jardin, puis dans la bâtisse. A ce moment, en plus des cris, la détonation d’une arme à feu attise leur curiosité. A l’étage ils découvrent un couple, un homme tenant un revolver et une femme ensanglantée. C’est elle qui a poussé les cris. Elle est blessée, mais l’homme ne désirait pas la meurtrir. Du moins c’est ce qu’il prétend.

Le coup de feu et les cris ont alertés les voisins qui sont sortis de leurs maisons et se sont rassemblés. Afin de pouvoir s’échapper, l’homme entraîne la femme et les deux enfants, qui sont consentants mais ne le font pas voir. Bientôt ce sera la chasse à l’homme.

 

Cet épisode se passe en 1963, à Nice et dans ses environs. Un peu plus de trente ans plus tard, Frédéric, le narrateur, revient sur cette histoire qui l’a profondément marqué.

Les relations entre le frère et la sœur sont conflictuelles à cause du caractère d’Adriana. Elle est susceptible, soupe au lait comme l’on dit dans le langage populaire. Pourtant à certains moments leurs idées se rejoignent.

Pour Frédéric, Rochester, leur ravisseur, est un homme amoureux de Marianne, son amie blessée, jaloux aussi. Mais il est emporté et c’est probablement accidentellement qu’il a tiré sur son amie.

Rochester parlait comme certains héros, ou plutôt comme certains hommes qui, dans les films, ne sont pas supposés paraître sympathiques. C’est eux que je préfère.

Frédéric est plus mâture que son âge et peut-être est-ce pour cela qu’il analyse la situation avec une certaine indifférence. Ou qu’il ressent une vive sympathie à l’égard de Rochester.

Je n’avais que quatorze ans mais je ne me fiais déjà plus beaucoup aux apparences, je n’accordais déjà plus ma confiance aux réponses toutes faites, aux réactions qui nous viennent par facilité et par paresse, aux déclarations des adultes pour nous endormir. Il ne faut pas trop prendre les enfants pour des enfants.

Ce premier roman pour enfants de Michel Grisolia ne manque pas d’humour dans certaines situations et dialogues. Et il ne se gêne pas pour égratigner au passage sa ville natale et sa région.

Un jour, Marianne et moi, on a surpris du trafic d’animaux. De la contrebande, des trucs pas nets, entre le contremaître d’une réserve et des hommes d’affaires véreux. Vous savez ce que ça veut dire, véreux, les enfants ?

Bien sûr qu’on sait, m’sieur, a dit Adriana. On habite la Côte d’Azur.

 

 

Michel GRISOLIA : L’été rouge. Collection Vertige N°809. Editions Hachette. Parution 21 mars 1997. 192 pages.

ISBN : 9782012097117

Partager cet article
Repost0
8 août 2020 6 08 /08 /août /2020 04:26

Vieille France,

Cher pays de mon enfance…

Roger MARTIN Du GARD : Vieille France.

Dès potron-minet, Joigneau se lève, s’habille en vitesse puis abandonne sa femme Mélie nonchalamment allongée dans le lit conjugal. C’est qu’il a des responsabilités, Joigneau ! Il est le facteur du village de Maupeyrou et sa journée de travail débute par la réception du courrier à l’arrivée du train en gare, sise en dehors du bourg.

En traversant la place, il rencontre Féju, le cantonnier, passe devant la boulangerie tenue par les frères Merlavigne, deux vieux garçons, puis il attend l’arrivée du wagon en compagnie de Flamart, l’homme d’équipe, avec lequel il déjeune de sardines étalées sur un morceau de pain. Et Flamart a un service à lui demander.

Le courrier réceptionné, il faut rentrer à la poste, puis apposer au dos le timbre à date du jour (d’où l’expression le cachet de la poste faisant foi), classer les plis, lettres, journaux et autres, avant de partir en tournée. Mais surtout mettre de côté les lettres dont le contenu pourrait être intéressant. Car il est curieux Joigneau, et il aime s’enquérir des petits secrets de ses concitoyens. Il lui arrive aussi d’écouter les ragots, d’être le confident des uns et des autres, de jouer les entremetteurs dans des conflits délicats, de rendre de petits services. Non sans se faire rétribuer d’une façon ou d’une autre, en piécettes, en liquide ou en nature.

C’est ainsi que nous le suivons tout au long de sa tournée, en savourant une chronique villageoise, avec pour guide touristique, pour conférencier même, ce préposé à la distribution comme l’on appelait encore les facteurs. On fait la connaissance d’Ennberg, l’instituteur marié et père de famille qui cumule la fonction obligée de secrétaire de mairie, de sa sœur qui elle aussi fait la classe, des punaises de tabernacle, du bistrotier, de la femme de Flamart qui tient un petit établissement et qui est réputée pour recevoir des clients particuliers de temps à autres, du curé et de sa sœur, et de quelques autres villageois.

Le vieux débris, officiellement monsieur de Navières, souhaite offrir à un musée ses vieux objets auxquels il attache beaucoup d’importance mais ne sont que des reliques sans valeur. Il lui remet une lettre à poster. Joigneau s’arrange une fois de plus pour récupérer un modeste gain, on n’a rien sans rien. Mais monsieur de Navières est sans le sou, et il rêve à un régime politique comme en Russie. Plus besoin d’argent, l’état pourvoie à tout.

Et puis, pour finir en beauté la journée, ou presque, les gendarmes arrivent pour régler une sombre affaire dans laquelle les Pâqueux seraient impliqués. Il est reproché au frère et à la sœur de séquestrer leur père, à moins qu’ils ne l’aient tout simplement transformé en pâture pour les vers.

 

Une journée dans la vie d’un petit village, tel est le propos de ce roman qui se décline comme des vignettes juxtaposées, le facteur rural servant de trait d’union. Une facétie qui mêle humour et ruralité mais dont le propos est plus profond qu’il y paraît.

Lorsqu’il écrivit ce roman, Roger Martin du Gard était au bord de la faillite, ce qui explique peut-être cette diatribe contre l’argent et en même tant le besoin d’en posséder.

Comme dans toutes les petites communes de France, les idées politiques sont partagées entre réactionnaires, socialistes, voire communistes, bigotes et ce mélange entraîne parfois des tensions, ou à tout le moins des jalousies et des ressentiments. Et souvent tel est pris qui croyait prendre.

 

Contraint par ses fonctions d’être secrétaire de mairie, il se tait, honteux de ce qu’il voit, dégouté de ce qu’on lui fait faire ; mais il en souffre. Ennberg a conservé, en dépit de tout, sa foi de jeune militant. Il croit, de toute son âme, à la dignité humaine, à l’égalité théorique des citoyens, au salut final, par le triomphe de la démocratie laïque, à la souveraineté du peuple, au droit qu’a l’homme de penser librement, de se gouverner, de se défendre en luttant sans répit contre un ancien régime toujours prêt à renaître sous le déguisement républicain des partis capitalistes.

Première édition : Gallimard. Parution 1933.

Première édition : Gallimard. Parution 1933.

Roger MARTIN Du GARD : Vieille France. Collection Folio N°540. Editions Gallimard. Parution 4 février 1974. 160 pages.

Partager cet article
Repost0
14 juillet 2020 2 14 /07 /juillet /2020 06:39

Pratique en cette saison et indispensable pour respecter la distanciation physique !

Alain BERNIER et Roger MARIDAT : Sous les ombrelles de la Riviera.

Spécialisés dans la réédition d’œuvres classiques, les éditions La Longue vue ont publié également des inédits, dont ce roman du duo Alain Bernier et Roger Maridat, Sous les ombrelles de la Riviera.

L’action, ou plutôt les actions se déroulent à Monte-Carlo, dans les années 1870.

Bérengère de Puligny est une jeune fille avenante, intrépide mais sans argent. Elle trouve une place de dame de compagnie auprès de madame Solaro, charmante vieille dame qui s’intéresse aux petits scandales qui secouent de temps à autres la principauté. Et les voici associées pour résoudre des énigmes, se substituant aux policiers et enquêtant dans des affaires de vol de bijoux, mettant fin aux agissements d’escrocs et d’aigrefins attirés par le casino et le jeu.

 

Un petit livre charmant, une bouffée de fraîcheur dans un monde de brutes, avec de petits clins d’œil par ci par là. Alain Bernier et Roger Maridat ne sont sûrement pas des inconnus pour bon nombre de lecteurs puisqu’ils ont signé au Fleuve Noir dans les collections Spécial Police, Angoisse et Gore des romans bourrés d’humour, dont les titres étaient des jeux de mots, gendre L’affaire du collier d’Irène, Liliane et son odyssée ou encore Le drame au Camélia, j’ai cité Eric Verteuil.

Mais ce roman lorgne plus du côté d’Agatha Christie et autres représentants de la littérature policière classique d’énigmes que du côté de Shaun Hutson, par exemple.

Un tournant dans la carrière littéraire de ces auteurs qui abandonnent le gore, le temps de quelques livres. Mais peut-être en ont-ils assez des tortures et des bains de sang qu’ils infligeaient à leurs personnages.

 

Eric Verteuil est un auteur bicéphale composé d’Alain Bernier, né le 15 mai 1922 à Angers, décédé le 3 février 2019 à Paris 16ème, et de Roger Maridat né le 20 novembre 1930 à Paris 9ème, décédé le 3 septembre 2016 à Neuilly sur Seine.

Voir le portrait d’Eric Verteuil ici :

Alain BERNIER et Roger MARIDAT : Sous les ombrelles de la Riviera. Editions de la Longue vue. Parution août 2002. 120 pages.

ISBN : 9782846190138

Partager cet article
Repost0
13 juillet 2020 1 13 /07 /juillet /2020 03:01

Une vue imprenable ?

Maurice PERISSET : Avec vue sur la mort.

Après avoir visité l’appartement témoin dans un immeuble en construction, Clémentine et Sébastien, son fiancé, se séparent, se donnant rendez-vous pour le soir même.

Clémentine est intriguée par le manège de deux jeunes hommes en voiture qui semblent noter leurs faits et gestes. Mais elle préfère oublier cet incident, comme les deux autres qui se sont déjà produits dans la journée, pour se consacrer à cette soirée prometteuse.

Chez Ludovic, son ancien amant à qui elle devait annoncer la rupture nette et définitive, n’ayant pas vu celui-ci depuis au moins un an, elle avait senti comme une présence. Rien de bien tangible, juste une impression, qui produit un malaise dont on se débarrasse difficilement. Elle tente de tout effacer, de ne penser qu’à son avenir.

Mais Sébastien est abattu sur la route du Sel, en rejoignant Hyères, petite ville touristique sur la Côte d’Azur.

Ce fait est-il lié à ce qu’elle a déjà subi, et Ludovic en est-il l’auteur ? Apparemment non, car une femme a entendu les coups de feu et si son témoignage comporte de nombreux blancs, il permet toutefois de reconstituer le crime.

Pourtant Sébastien était un garçon calme, tranquille, sans passé trouble, employé comme sous directeur dans une agence immobilière (Notez au passage la finesse du titre !).

Le commissaire Jardet, une vieille connaissance, est chargé de l’enquête, et son fils Raphaël, s’il ne s’implique pas directement dans cette histoire comme dans les précédents romans où il apparaît, fournit toutefois à son père des pistes intéressantes.

Le commissaire Jardet est dubitatif. Tout concourt à penser qu’il s’agit d’un crime gratuit, à moins qu’il y ait eu erreur sur la personne. D’autres crimes antérieurs se greffent à cette affaire qui le laisse pour le moins perplexe.

 

Une fois de plus, Maurice Périsset entretien le suspense jusqu’à la dernière ligne. Il tisse son intrigue comme une araignée sa toile, et le lecteur happé dès les premiers mots ne peut s’échapper de ce roman.

Il construit son histoire comme un puzzle et parfois l’on ressent l’impression de tenir en main des pièces de trop, comme égarées dans la trame. Et pourtant tout s’imbrique à la perfection, sans faute note, sans déchet.

Avec un art consommé, Maurice Périsset construit une œuvre dense, un peu en marge de ses précédents romans. Ni intimiste comme dans La montée aux Enfers, ou Le ciel s’est habillé de deuil, et bien d’autres, ni jeu de piste comme dans Les tambours du Vendredi saint, dans lequel certaines scènes particulièrement spectaculaires, Avec vus sur la mort possède toutefois le cachet, la griffe de celui que j’avais qualifié comme l’un des meilleurs représentants français dans le suspense psychologique avec en prime l’émotion.

Les personnages qui gravitent dans ce roman nous touchent, nous émeuvent, au plus profond de nous, même lorsqu’ils se conduisent en être ignobles, car eux-mêmes réagissent au nom de l’amour, de l’amitié.

Un sentiment que l’on ressent plus profondément que dans les précédents ouvrages de Maurice Périsset.

Maurice PERISSET : Avec vue sur la mort. Collection Hermé Suspense. Editions Hermé. Parution septembre 1991. 276 pages.

ISBN : 9782866651428

Partager cet article
Repost0
6 juillet 2020 1 06 /07 /juillet /2020 04:00

Lorsque le chantre des Cévennes se penche sur quelques épisodes de son existence…

Jean-Pierre CHABROL : La rencontre de Clotilde.

Incontestablement, ces contes s’inspirent, librement ou non, de quelques péripéties qui ont marqué son enfance mais pas que. Des historiettes placées dans le temps mais qui pourraient se dérouler de nos jours, le thème étant intemporel.

Emouvants, touchants, cyniques parfois, humoristiques quelque fois, ces contes sont le reflet d’un mode de vie puisé dans les années d’entre-deux guerres, dans un petit village qui pourrait être Chamborigaud, dans le Gard, puis à Alès. Des communes qui possédaient encore des commerces vivants, de bouche ou d’autre, et qui offraient de l’animation dans le bourg.

Le boucher comme Bartavel, un personnage haut en couleur, mais la main sur le cœur dans La punition du boucher. Presse-bouton, comme lui-même se définit, le photographe qui débarque un jour, s’approvisionnant sans régler ses achats, promettant beaucoup mais donnant peu, dans Le chèque sans provision. Toujours aimable et souriant. Comment lui résister !

Il s’en dégage comme une certaine nostalgie, pourtant Jean-Pierre Chabrol décrit les scènes, les lieux, sans établir de comparaison entre hier et aujourd’hui, mais avec chaleur et une tendresse qui parfois confinent à l’empathie. Normal puisque, sans se mettre réellement ou explicitement en scène, il est l’un des personnages de ces contes.

Narrateur, témoin, ou se cachant derrière l’un des protagonistes, il est présent sans se mettre en avant. Sauf, s’il est impliqué personnellement et intimement, alors il s’exprime à la troisième personne, pudeur oblige. C’est ce qui arrive dans La rencontre de Clotilde, les noms des personnages étant légèrement modifiés mais le contexte relevant de la réalité.

 

Ces nouvelles ne manquent pas d’humour, parfois féroce et cynique, comme dans Cyprien et la femme, ou de ces petites touches émotionnelles et humanistes comme dans La caissière du buffet ou L’enfant du tribunal. Des épilogues qui laissent augurer qu’il existe encore des personnages qui privilégient l’affectif, la sensibilité, l’humanisme, à l’aspect financier et répressif aveugle. Mais pas toutes, car dans Cyprien et la femme, la dernière phrase est terrible dans le mépris affiché par le personnage de Cyprien, un ancien compagnon du narrateur, retrouvé par hasard dans une rue de Paris.

Le maire du dimanche pourrait être une histoire se déroulant de nos jours, tant le contexte n’a pas changé, peut-être même amplifié avec les parachutages effectués par les partis politiques pour placer leurs protégés à des postes de responsabilités dans un but uniquement électoral et comptable. Un maire, avocat marseillais, possédant une résidence secondaire dans la petite ville du Gard, élu parce qu’il possède les oreilles du préfet et d’autres notabilités, ce qui fait la fierté des villageois, mais délègue ses responsabilité auprès du secrétaire de mairie, entre autre, se contentant de signer les papiers dans sa voiture lorsqu’il repart à la fin du week-end, lorsqu’il est venu. Car il n’est pas souvent présent dans la commune qui l’a élu.

Des nouvelles qui sont comme un souvenir, un reportage, une documentation, une histoire de la France dite profonde, des images d’Epinal, même si cela se passe dans les Cévennes, des touches de couleurs, des petits riens qui se perpétuent dans les mémoires, un ensemble qui forge toute une existence.

 

Sommaire :

Le chèque sans provision

La punition du boucher

Le sanglot du mec

La caissière du buffet

Le bistrot survivant

Camargue blues

Le maire du dimanche

Le petit notable

Le bleu-charrette

L'enfant-singe

Le métis au pantalon

L'enfant du tribunal

L'apprenti comédien

Les comédiens à l'hôpital

Cyprien et la femme

On s'aimera quelques jours

Violente

Fanchon

La rencontre de Clotilde

Le temps passe par la fenêtre

Jean-Pierre CHABROL : La rencontre de Clotilde. Contes à mi-voix 2. Collection Librio N°63. Editions E.J.L. Parution avril 1995. 98 pages.

ISBN : 9782277300632

Première édition : Grasset et Fasquelle. 1985.

Partager cet article
Repost0
2 juillet 2020 4 02 /07 /juillet /2020 03:56

C’est quoi la couleur du deuil, déjà ?

Maurice PERISSET : Le ciel s’est habillé de deuil.

A la suite d’une petite annonce, Fabien Duparc, aux ambitions littéraires incontestables mais pas encore exploitées, Fabien Duparc est engagé comme secrétaire par Gabriel Génébuzin.

Depuis une dizaine d’années, Génébuzin vit dans une grande villa provençale, retranché du monde. A la mort de sa femme, il a abandonné les fastes et réunions littéraires de la Capitale. Cependant les rééditions de ses œuvres ont toujours autant de succès.

Fabien est chargé de mettre de l’ordre dans ses papiers, de les classer et d’aménager au propre ses souvenirs, ses mémoires. Mais Fabien ne s’est pas présenté par hasard chez le célèbre romancier à la retraite. Cette annonce était une opportunité qu’il a su exploiter. Le jeune homme fouille, cherche, en quête d’une vérité sur ses antécédents et ceux de l’écrivain.

Outre Agathe, la gouvernante, et Félix, le chauffeur, un autre personnage, Cyril, le neveu du grand homme, vit dans cette maison isolée. Soi-disant en vacances. Mais qui est également à la recherche d’une vérité sur son passé.

De petits faits tangibles rompent la monotonie du temps qui s’écoule. Le sac de Fabien est fouillé ; en pleine nuit un individu farfouille dans sa chambre ; Génébuzin disparaît mystérieusement pendant quelques jours ; ses livres sont abondamment annotés et les papiers que Fabien trie ne semblent pas tous écrits de la même main. En brûlant des archives dans la cheminée, Génébuzin manque mettre le feu à la villa.

 

Dans ce suspense habilement agencé, Maurice Périsset griffe au passage certaines pratiques éditoriales et exploite une affaire qui alimenta quelques années auparavant les coulisses littéraires.

Une affaire qui mit aux prises une brave dame de province et un intellectuel célèbre. Uns histoire qui connut un certain retentissement mais ce n’est pas un cas isolé.

Cependant, à la lecture de ce roman, j’ai ressenti comme un décalage entre le début et la fin. D’ailleurs si l’on s’en réfère à certains événements décrits dans ce roman, l’action devrait se situer en 1973/1974. De là à supposer que Maurice Périsset avait commencé à rédiger ce roman à cette époque, et que, pour une raison ou une autre, il l’a remisé dans un tiroir et l’a complété ultérieurement, il n’y a qu’un pas.

A moins qu’il s’agisse d’une réédition mais rien dans mes recherches bibliographiques ne corrobore ces suppositions.

Une fois de plus j’ai été envoûté par l’écriture sobre et émotionnelle de Maurice Périsset. Un univers intimiste qui se déroule quasiment en lieu clos, dénué de scènes de violence et d’érotisme, tant pis pour les mateurs amateurs.

Ce qui prouve qu’un véritable écrivain, qu’un auteur comme Maurice Périsset peut accrocher le lecteur, le tenir en haleine sans utiliser d’artifices, de subterfuges.

Maurice PERISSET : Le ciel s’est habillé de deuil. Collection Suspense. Editions Hermé. Parution 1er avril 1991. 270 pages.

ISBN : 978-2866651398

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables