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16 mars 2019 6 16 /03 /mars /2019 05:35

Pour parodier un célèbre et ancien slogan

publicitaire pour une eau minérale :

1 foie, 2 reins, 3 raisons de lire cet ouvrage !

Olivier KOURILSKY : La médecine sans compter.

Les romanciers issus de la vénérable corporation des médecins sont si nombreux qu’il est difficile de les comptabiliser. Citons pour mémoire, Arthur Conan Doyle, A.J. Cronin, Franck Slaughter, Robin Cook l’Américain, Georges Duhamel, Louis-Ferdinand Céline, et dans des domaines plus particulier de la littérature dite populaire, Jean-Pierre Goiran alias Jean-Pierre Garen, Robert Clauzel et combien d’autres qui ne sont pas souvent répertoriés.

Sans oublier André Soubiran et sa saga des Hommes en blanc qui joue dans le même domaine que ce récit (ou inversement) mais était consacré à l’apprentissage d’un futur médecin généraliste et dont le texte était plus romancé.

Si Olivier Kourilsky, docteur K., s’est fait connaître par sa dizaine de romans policiers édités chez Glyphe, il se plonge avec cet ouvrage dans ses souvenirs d’étudiant en médecine, narrant ses débuts comme jeune élève, fils de parents œuvrant dans le domaine de la médecine, sixième enfant d’une fratrie qui se consacra elle aussi à non pas un travail mais à une vocation. Je ne reviendrai pas sur Raoul Kourilsky, le père d’Olivier, mais sachez que le petit (il a bien changé maintenant !) Olivier fut à bonne école. Puis son séjour prolongé, dix ans, à l’hôpital Tenon et son long séjour à Evry dans un établissement qui venait tout juste de sortir de terre lors de sa nomination.

Un récit qui oscille entre bonne humeur, blagues de potaches - il faut bien que jeunesse se passe et évacuer le stress des interventions médicales - entre sérieux des diverses opérations, relations avec les patients et leurs familles, et réquisitoire diplomatique envers les nouvelles méthodes de responsabilisation du personnel, méthodes qui privilégient l’aspect comptable à l’aspect humain.

Les souvenirs se réduisent parfois à des vignettes qui s’enchaînent comme des images, des diapositives montrant souvent la détresse des malades, leurs attentes, celles, détresse et attentes, des familles, les petites joies et les grandes peines. Les noms des divers médecins, internes, professeurs et spécialistes qu’Olivier Kourilsky a été amené à côtoyer au cours de sa carrière, plus principalement à l’hôpital Tenon puis au nouvel établissement d’Evry dans sa carrière de néphrologue, lui sont familiers et il les décline avec amitié la plupart du temps. Des noms qui ne diront rien la plupart du temps aux profanes comme moi qui ne connaissent que certains mandarins ayant fréquentés les plateaux télévisés tel les professeur Hamburger (le père de Michel Berger) et Cabrol. De même que le jargon médical employé pour décrire des interventions peut perturber le profane (dont toujours moi) mais cela n’entrave en rien la lecture qui joue avec la bonne humeur, ce petit goût de farces entre collègues. Olivier Kourilsky étant né un 1er avril, ceci explique sûrement cela.

Mais il s’agit également d’un réquisitoire et d’une diatribe envers les psychorigides qui n’acceptent pas que la déontologie ou l’éthique puissent être détournés au profit de l’humanisme. Concernant un problème d’éthique ayant un lien avec l’avortement (dans les années 1970, c’était non seulement un sujet tabou mais une pratique interdite quoi que de nos jours des praticiens refusent encore ce genre d’intervention sous couvert d’une morale chrétienne), Olivier Kourilsky écrit :

Je ne veux prendre aucun parti dans cette histoire, juste témoigner de mon malaise et rappeler ma conviction que toute position rigide dans ce domaine délicat fait fi des situations individuelles.

L’auteur pointe également du doigt certaine campagne médiatique qui n’aurait pas eu lieu d’être, déclenchée par le Canard, qui pour une fois s’était trompé de cible et mis la plume dans l’œil, relayée par des journaux pourtant prétendument sérieux.

Il est plus facile de stimuler des polémiques infondées que de reconnaître que l’on s’est trompé.

Il revient également sur la loi Caillavet de 1976, loi qui démontre l’importance des mots dans un texte et surtout l’interprétation qui peut en être faite, selon des critères, encore une fois, journalistiques erronés. Et il faut se souvenir qu’entre le fond et la forme, il existe souvent un gouffre qui ne peut être comblé.

 

Olivier KOURILSKY : La médecine sans compter.

Enfin, je ne résiste pas à citer cette phrase extraite de la préface de Pierre Ronco :

Ce livre offre l’opportunité de mettre en avant les innombrables difficultés engendrées ces dernières années par des lois tatillonnes et des personnels administratifs parfois condescendants, portés au premier rang par la loi HPST et par la création des pôles dont le principal objectif est la gestion financière sans grande considération pour les malades et leurs besoins. Si l’objectif de contrôle des dépenses est évidemment louable, les injonctions paradoxales dont les médecins et le personnel non médical sont la cible vont souvent à l’encontre de l’objectif souhaité.

Naturellement, il faut associer ces deux phrases à des directives administratives et comptables qui sont de plus en plus appliquées, notamment la fermeture de lits et surtout la fermeture de maternités, plus particulièrement en milieu rural, obligeant les parturientes à se déplacer plus loin, plus longtemps, avec les risques que cela implique. Et je ne pense pas uniquement aux accidents de la route qui peuvent être préjudiciables, mais aussi aux frais, à la fatigue, aux perturbations engendrées. Les technocrates qui pondent ces dérives vivent à Paris et ne sont pas assujettis à ce genre de problèmes.

 

Un livre qui devrait se trouver sur la table de chevet de bien des hommes (et femmes) politiques et de ceux qui, se flattant d’être bien portant, seront amenés un jour à être les hôtes d’hôpitaux comptant des bouts de chandelles et qui pour gagner quelques euros vont en dépenser dix fois plus en restructurations diverses. Mais ceux qui décident ne voient pas la plupart du temps plus loin que le bout de leur nez et les aberrations de leurs décisions. Mais je suis hors sujet. Quoi que…

Il ne faut pas oublier que pour soigner des affections plus ou moins graves, souvent chroniques, l’emploi de médicaments à base de corticoïdes est la norme alors que justement ces corticoïdes entraînent l’apparition de diabète chez des patients qui n’en étaient pas atteints. Alors on se cache derrière ce slogan, mangez moins gras, moins sucré, moins salé… Une façon de culpabiliser le malade et de se retrancher derrière des arguments fallacieux. Et des médicaments préconisés afin de soulager un patient et qui déclenchent une autre maladie, cela fait bien les affaires des laboratoires pharmaceutiques. Mais ce n’est que mon avis.

 

Je ne peux que vous encourager à visiter le site d’Olivier Kourilsky et à découvrir, si ce n’est déjà fait, quelques-uns de ses romans.

 

Olivier KOURILSKY : La médecine sans compter. Préface de Pierre Ronco de l’Académie de médecine. Editions Glyphe. Parution le 2 mars 2019. 254 pages. 16,00€.

ISBN : 978-2358152532

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15 mars 2019 5 15 /03 /mars /2019 13:56

Appartements luxueux disponibles dans une maison de retraite tranquille, sans vis-à-vis,

avec vue directe sur la mort….

BERMA : Un festin de rats.

La maison de retraite Les Ormes n’accueille que des pensionnaires plus qu’aisés, mais les prestations le justifient amplement. Repas soignés, personnel aux petits soins, que demander de plus !

Louise Beaupréau, l’une des pensionnaires, aime se rendre dans le château voisin qui est inhabité. Et elle nourrit quelques rats grâce aux morceaux de bourguignon qu’elle achète chez les bouchers du village. Mais ceux-ci commencent à se poser des questions car il est de notoriété publique qu’on ne crève pas de faim aux Ormes.

Elle a donné des petits noms à ces mammifères rongeurs omnivores, Arthur, Jérôme, Romain… qui apprécient ces bienfaits prodigués sans compter. Ils viennent même, pour les plus courageux, s’installer sur ses genoux, comme le ferait un chat.

Cette intrusion dans une propriété privée intrigue Mathilde, une autre résidente, et mauvaise langue attitrée. Louise n’apprécie pas du tout cette incursion dans sa petite vie tranquille et elle se débarrasse de Louise en lui faisant subir quelques sévices et offrant son corps à ses petits protégés. Faut bien qu’ils mangent, quand même !

Mais sous les sourires et les aimables propos du directeur des Ormes, Christian Varoujan, se cache une personne avide de se constituer une cagnotte. Sa femme Monique est dans la confidence, de même que le toubib attitré de l’établissement qui signe sans barguigner les actes de décès des pensionnaires, avec l’aval d’une parentèle qui n’attend qu’un arrêt du cœur pour s’approprier un héritage qui ne tombe pas assez vite dans leur escarcelle.

Les arrangements avec la vie des pensionnaires que préconise Christian Varoujan ne sont pas sans intriguer Louise Beaupréau qui se demande comment il se fait que de nombreux résidents disparaissent ainsi, malgré les explications données par le directeur toujours affable. Et débute alors une enquête avec cadavres à l’appui pour le plus grand bonheur de petits rats qui ne sont pas de l’Opéra.

 

Plus connu sous le pseudonyme d’Eric Verteuil, Berma n’a pas eu de mal à choisir son alias. Il s’agit tout simplement de la contraction des noms de cet auteur bicéphale : Alain BERnier et Roger MAridat.

Entre humour et torture, avec nombreux épisodes sanglants aux mises en scènes dignes du Grand Guignol, ce roman est un divertissement, et donc ne doit pas être pris à la lettre, même si cela arrangerait bien de nombreux EHPAD et familles. Une façon comme une autre de désengorger des établissements qui bien souvent ne se plient qu’à une logique comptable sans s’inquiéter réellement du bien-être de leurs résidents.

Une accumulation d’horreurs qui pourraient à la longue devenir pesants, voire pénibles pour les âmes sensibles, mais heureusement les auteurs se sont imités dans le nombre de pages. A lire sans idée préconçue en se disant qu’il y a bien pire.

 

Et pour tout connaître, ou presque sur Berma – Eric Verteuil :

 

BERMA : Un festin de rats. Collection Maniac N°2. Editions Patrick Siry. Parution septembre 1988. 160 pages.

ISBN : 2-7391-0009-4.

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15 mars 2019 5 15 /03 /mars /2019 05:03

Un bel effet gore !

VERTEUIL Eric : Portrait d’un auteur bicéphale.

Eric Verteuil est un auteur bicéphale composé d’Alain Bernier, né le 15 mai 1922 à Angers, décédé le 3 février 2019 à Paris 16ème, et de Roger Maridat né le 20 novembre 1930 à Paris 9ème, décédé le 3 septembre 2016 à Neuilly sur Seine.

Après des études secondaires au Lycée David d’Angers, un diplôme de Sciences Politiques, un diplôme d’Etudes Supérieures d’Economie Politique et un passage à l’école du Louvre, Alain Bernier 1944 et 1948, entre dans l’armée américaine, est secrétaire général des jeunes à France-USA, effectue un séminaire aux Etats-Unis et travaille dans une banque. De 1949 à 1980 il est directeur de Publicité, des Relations Publiques et d’Etudes Consommateurs dans le groupe Unilever.

Diplômé de l’Institut de Contrôle de Gestion Roger Maridat travaille dans la Marine Marchande de 1949 à 1960 puis devient Directeur Administratif et Financier, filiale recherche commerciale, du même groupe Unilever.

Alain Bernier débute seul, publiant des poèmes dans diverses revues, des nouvelles dans Le Hérisson, Le Journal du Dimanche ou Mystère Magazine, et un roman policier, D’une pierre deux coups dans la collection Un mystère en 1959.

L’association avec Roger Maridat s’établit rapidement et donne pour résultats des pièces radiophoniques diffusées sur Europe1, dans le cadre de l’émission Les Auditeurs mènent l’enquête, ou encore sur France Inter pour l’émission Mystère, Mystère, de gros succès à l’époque où la télévision n’avait pas encore supplanté l’aura de la radio, émissions réalisées principalement par Pierre Billard.

Ensuite ils continuent leur collaboration radiophonique pour Radio-Bleue, Histoires d’un soir ou Histoires en liberté, et France Inter pour Les milles et un jours. En tout 51dramatiques radiophoniques dont certaines sont traduites en italien et en allemand. Quelques unes de ces retransmissions ont été rééditées par le Masque en cassettes audio. A mettre également à leur actif 9 pièces de théâtre et café-théâtre, dont La grande berline jouée 150 fois à Paris et sortie à Tokyo, 4 dramatiques pour la télévision, 1 livret d’opéra fantastique, Meurtres en séquence créé le 15 mars 1986 sur France3 dans une émission de Charles Imbert, plus de 200 nouvelles sans compter la collaboration à divers journaux, magazines et revues et des conférences sur la littérature fantastique et les Incas. Sous le nom d’Eric Verteuil ils débutent en 1973 dans la collection Angoisse, alors moribonde, puis continuent leur carrière en Spécial Police. Mais parce que dans le fantastique l’imagination travaille le plus, et parce qu’ils ont toujours traité le Gore au second degré et avec humour, ils se lancent justement dans la collection Gore, plus ou moins décriée mais qui connaît un véritable engouement auprès des adolescents. L’humour a toujours été leur cheval de bataille et on le retrouve ne serait-ce que dans les titres de leurs romans, titres qui souvent sont des jeux de mots, pied de nez, de titres de classiques littéraires. Leurs passions communes sont les voyages, les animaux, le bridge et si l’un privilégie l’humour (Bernier), l’autre aime aussi les mots croisés et l’histoire (Maridat).

Pour ses poèmes, Alain Bernier a obtenu de nombreux prix dont le prix Buffon en 1988, le Prix de l’édition Poétique en 1990, le prix de la muse en 1994, la médaille d’argent de la poésie contemporaine en 1998 et avec Roger Maridat le Prix Rencontres de la nouvelle de la Science-fiction.

 

Angoisse
247 : Au bout... la mort

256 : La mémoire rongée

 

Gore
52 : Horreur à Maldoror

68 : Grillades au feu de bois

75 : Monstres sur commande

80 : A la recherche des corps perdus

87 : Les horreurs de Sophie

98 : Les charmes de l'horreur

 

Spécial Police

1202 : Le drame de chez Maxime

1260 : La raide morte

1291 : L'affaire du collier d'Irène

1323 : Liliane et son odyssée

1358 : La balle du petit lit blanc

1391 : L'affaire du courrier de Léon

1410 : Carine et châtiment

1446 : La belle au bras d'Armand

1476 : Le punch d'une nuit d'été

1518 : Nos deux dames de Paris

1576 : Achevé M. Seguin

1589 : La veuve voyeuse

1627 : L'épaule et Virginie

1713 : Abus roi

1785 : Le drame au camélia

1849 : La flamme et le pantin

 

Super Luxe (Horizons du fantastique)

9 : Fascinée

 

Autres publications :

Sous le nom de Alain Bernier & Roger Maridat : Les ineffables de La Fontaine (Cujas – Prix Gaulois 1972). Sous les ombrelles de la Riviera (La Longue Vue – 2002). Piège dans le golfe (Liv’éditions – 2004). Meurtre en promotion (Liv’éditions – 2005).

Sous le nom d’Eric Verteuil : Le tour du monde en quatre-vingts cadavres (Vaugirard, Gore 105 - 1990) Sang frais pour le Troyen (Vaugirard, Gore 113 - 1990)

Sous le pseudo de Berma : Festin de rats (Patrick Siry, col. Horreur 2, 1988)

 

Théâtre : d'après le site Ecrivosges.

Th.1     La Grande berline

Th.2     Dernier tango dans la jungle

Th.3     Sélénite Nid d'espions

Th.4     Safari dans un placard

Th.5     Crime à la clef

Th.6     Les Grandes Sartreuses

Th.7     Balle de match

Th.8     Collection de timbrés

Th.9     Meurtres en séquence. Livret d'opéra

Th.10   Les Cris du passé

 

Parution en feuilletons d'après le site Ecrivosges.

R.30  Sous les ombrelles de la Riviera. Policier

R.31  Pièges dans le Golfe                              Suspense     

R.32  Un matin l'enfer                                     Fantastique   

R.33  Meurtre en promotion                            Suspense       

R.34  En passant sous la haie                          Suspense       

R.35  Une inconnue qui sait tout de vous       Suspense       

R.36  La Peur au soleil                                    Suspense       

R.37  Les Souvenirs effacés                            Suspense       

R.38  Le Bonheur entre deux mensonges       Suspense       

R.39  Un amour dans 100 ans                                              

R.40  Un scandale ? Pas chez nous !                                    

R.41  Les Angoisses d'une nuit d'été                                   

R.42  Des souvenirs... Un drame                                          

R.43  Tous ont une bonne raison                                          

R.44  Je n'ai rien oublié                                                        

R.45  Petites manoeuvres et grands drames                         

R.46  Que demander de plus                                                

 

VERTEUIL Eric : Portrait d’un auteur bicéphale.
VERTEUIL Eric : Portrait d’un auteur bicéphale.
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14 mars 2019 4 14 /03 /mars /2019 05:56

Posologie : Une histoire écrite par Conan Doyle tous les matins pendant quatre jours !

Conan DOYLE : Un document médical.

Ce recueil comprend quatre nouvelles médicales écrites par Sir Arthur Conan Doyle dans les années 1893 et 1894 et rééditées à plusieurs reprises dans divers supports et dans le recueil Sous la lampe rouge puis reprises sous le titre Contes de Médecins chez Robert Laffont, Néo et Bouquins.

 

Un document médical (A medical document - 1894), nouvelle qui donne son titre à ce recueil, met en présence trois médecins qui échangent leurs souvenirs et leurs appréciations sur quelques cas médicaux dont ils ont eu à s’occuper. Dans la même pièce, un jeune homme rédige leurs souvenirs et l’on peut penser que ce jeune homme pourrait être Conan Doyle lui-même jeune. Et l’on se rend compte à la lecture combien la médecine a évolué, ce qui s’apparente presque à un document révélateur, même si parfois l’auteur ne manque pas d’ajouter des pointes d’humour.

 

La troisième génération (The Third generation – 1894) nous entraîne dans le cabinet d'un docteur fort occupé. Un patient se présente, pressé, se présentant comme sir Francis Norton et donne sa carte au domestique qui transmet. Il entend bien de l'antichambre des éclats de voix provenant du cabinet comme si deux joueurs s'amusaient aux cartes. Il se plaint d'un tibia, d'une vue un peu faible et d'autres maux. Ce qui fort le toubib qui justement est en train de rédiger une monographie sur le mal dont soufre son patient.

 

Dans Une question de diplomatie (A Question of Diplomacy – 1892) nous entrons dans l’intimité du ministre des Affaires étrangère britannique, lequel est atteint de goutte ce qui l’oblige à rester chez lui et négliger les affaires courantes. Il refuse que sa fille Ida se marie avec le jeune lord Arthur Sibthorpe, prétendant que le jeune homme, fils du plus pauvre duc anglais ne possède ni terre ni carrière. Sa femme Clara se montre plus diplomate que le ministre, l’amenant à réviser sa position.

 

Enfin, Dans les temps reculés (Behind the Times – 1894) pourrait être un souvenir de jeunesse de Conan Doyle, tout comme dans Un document médical. Un jeune médecin se moque des pratiques qu’il juge anciennes et non adaptées de la part d’un vieux toubib qui a procédé à sa naissance. Seulement, les bons vieux remèdes, parfois, sont plus efficaces que toutes les nouvelles médications et l’on a quelquefois besoin d’un plus ancien que soi. Une morale qui clôt avec humour une nouvelle écrite par un médecin qui connaissait le métier.

 

L’intérêt de ces nouvelles ne se réduit pas uniquement au plaisir de la lecture, mais montre une époque révolue, une sorte de documentaire sous forme de récits narrant la vie et les à-côtés des médecins, qu’ils soient généralistes ou spécialistes dans la seconde moitié du XIXe siècle alors que les progrès commençaient à être significatifs dans bien des domaines médicaux.

Les renseignements concernant cette édition ont été recueillis sur le site anglais ci-dessous.

Conan DOYLE : Un document médical. Collection Rouge N°22. Société édition et de publications. Parution 1906. 100 pages.

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13 mars 2019 3 13 /03 /mars /2019 05:57

Attention aux éclaboussures !

William P. McGIVERN : La nuit de l’égorgeur

Le lieutenant Tonnelli, de la police de New-York a une hantise : le 15 octobre. Date fatidique qui s’approche à pas de géant. 15 octobre. Depuis quatre ans, un 15 octobre, une jeune fille est assassinée, égorgée. Aucune piste ne permet de cibler l’Egorgeur malgré toutes les recherches effectuées, soit à partir d’archives de la police, soit de documents de presse. Rien. Et le 15 octobre qui arrive inexorablement. Une autre jeune fille est probablement en danger, mais l’Egorgeur ne doit à aucun prix accomplir son forfait.

Pendant ce temps dans un immeuble banal dont les fenêtres donnent sur Central Park, se déroule un drame familial. Luther Boyd est un militaire en retraite qui aime à se retremper dans cette atmosphère si particulière des casernes et des camps d’entrainement. Lubie ou besoin que n'apprécie pas particulièrement sa femme Barbara. Ce qui est l’une des causes de leur séparation. Entre eux deux, Kate fillette de onze ans qui se raccroche à ses parents et dont la maturité précoce lui fait comprendre bien trop de choses.

Kate possède un petit chien qu’elle promène en début de soirée, avec interdiction formelle de traverser la rue. Kate est une petite fille obéissante nais il existe dans la vie des impondérables et inexorablement le plus obéissant des enfants déroge toujours à cette règle de conduite.

En cette fin d'après-midi, un chaton et une dame chargée de bagages feront que Kate se retrouvera seule dans Central Park. Seule, pas tout à fait, puisque l’Egorgeur est là, prêt à bondir sur sa proie.

Aussitôt la disparition de Kate signalée, son père puis la police dirigée par Tonnelli, vont, séparément ou main dans la main, selon les circonstances, vont effectuer des recherches qui au fil des heures semblent de plus en plus hypothétiques.

 

Après une mise en place un peu laborieuse de tous les éléments et les acteurs de ce drame, William P. McGivern nous entraine dans une chasse à l’homme frénétique, haletante, menée tambour battant. L’épilogue reste constamment incertain.

Dans ce roman efficace une place prépondérante est accordée au lieu : Central Park. Central Park qui depuis quelques années devient le lieu de prédilection de bon nombre d’écrivains.

La personnalité de l’Egorgeur, ses particularités physiques, ne sont pas rappeler le personnage frustre de Steinbeck dans son roman Des souris et des hommes. Comme Lennie, l’Egorgeur fait pitié mais ce n’est pas pour autant que ses gestes sont excusables.

Réédition dans le volume Paniques, les thrillers des années 80. Editions Omnibus.

Réédition dans le volume Paniques, les thrillers des années 80. Editions Omnibus.

William P. McGIVERN : La nuit de l’égorgeur (Night of the juggler – traduction de France-Marie Watkins). Collection J’ai Lu Thriller N°6005. Editions J’ai Lu. Parution le 21 décembre 1987. 256 pages.

ISBN : 2277060054

Première édition : Collection Paniques. Editions Presses de la Cité. 1984.

Réédition dans le volume Paniques, les thrillers des années 80. Editions Omnibus.

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12 mars 2019 2 12 /03 /mars /2019 05:15

Un graffiti original !

Xavier-Marie BONNOT : La première empreinte.

Michel De Palma, commandant au SRPJ de Marseille, surnommé Baron par ses amis et ses collègues, réputé comme un policier sérieux et efficace, se voit confier une enquête sur le décès d’une préhistorienne retrouvée noyée dans la calanque de Sugiton.

Le fils d’un ancien chimiste de morphine, reconverti comme limonadier est lui aussi découvert noyé, un accident semble-t-il, au même endroit. Cette calanque de Sugiton recèle, par 38 mètres de profondeur, une grotte préhistorique dans laquelle ont été découvertes des reproductions de bisons et autres animaux, ainsi que celles de mains en négatif ou l’effigie sommaire de l’homme tué, sensée représenter l’image du premier meurtre de l’histoire.

Une main en négatif, comme celle retrouvée auprès de corps de jeunes femmes assassinées apparemment sans raison. Pourtant il existe un lien entre ces meurtres, un lien ténu que De Palma rembobine avec obstination, comme un fil d’Ariane fragile et prêt à casser à tout moment. Mais le policier, féru de musique classique et principalement d’opéra, est têtu et même s’il traîne derrière lui un boulet, cela ne l’empêche pas de persévérer, contre vents et marées.

 

Malgré quelques longueurs, La première empreinte de Xavier–Marie Bonnot est un roman remarquable autant par l’écriture que par la maîtrise du sujet, son sens du détail précis et minutieux (trop peut-être) et par le décor, lieux magiques chargés d’histoire. Il faut signaler aussi que ce livre, lors de sa première parution, possédait un glossaire, parfois superfétatoire, et était expurgé d’un exotisme marseillais qui alors faisait florès.

Première édition : Spéciales 6 Editions L’écailler du Sud. Parution 2002.

Première édition : Spéciales 6 Editions L’écailler du Sud. Parution 2002.

Réédition Pocket Thriller N°13206. Parution 31 Aout 2007. 472 pages

Réédition Pocket Thriller N°13206. Parution 31 Aout 2007. 472 pages

Xavier-Marie BONNOT : La première empreinte. Réédition Editions Belfond. Parution le 7 mars 2019. 400 pages. 12,00€.

ISBN : 9782714481276

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11 mars 2019 1 11 /03 /mars /2019 05:02

Et pour remonter, on fait comment ?

Chet WILLIAMSON : Descente aux enfers

Gédéon et Rachel, agents du BERIA, Bureau d’Eradication des Réalités et Intelligences Artificielles, et coéquipiers, enfreignent la loi édictée par Solène Solux, l’Impérator de la Main de Dieu qui règne sur les States. Ils vivent en concubinage. C’est du moins le reproche officiel qui leur est fait.

Des tueurs sont dépêchés chez eux pour les exterminer. Ils s’en tirent à bon compte mais les voilà de l’autre côté de la barrière. Leur chef est abattu alors qu’il leur apprend que d’autres personnes ont disparu, ou ont été assassinées et leur conseille de contacter Mr Splendide. Splendide est un démon. Il veut bien les réhabiliter à condition qu’ils se rendent en Enfer délivrer un triumvirat ayant appartenu à un front de libération. Pour rejoindre l’Enfer ils sont coiffés d’un psychopompe muni d’électrodes et de piquants à l’intérieur du casque. Arrivés sur place ils sont confrontés à Sanguinarius, le démon qui garde les otages.

Leur mission est remplie mais Sanguinarius veut lui aussi faire libérer une jeune femme gardée par Splendide. A nouveau, retour en Enfer et nouvelle mission accomplie par Gédéon et Rachel. Dante, un de leurs rares amis qui le soit resté, les invite à se renseigner auprès de Xénon lequel leur demande d’aller poser une bombe sous la voiture de Solène Solux. Rachel se dévoue. Puis ils rejoignent l’Ambassade britannique par les égouts afin de retrouver d’autres membres du Front de Libération des Citoyens, dont le sénateur Erin Burr qui dirige la révolte. L’attentat à la bombe échoue et c’est la voiture de Gedeon et Rachel qui est visée. Les deux fuyards sont portés pour morts mais ils ont quitté leur véhicule à temps. Toutefois, ils se demandent comment cela a pu se retourner contre eux. D’autant que des petits faits en apparence insignifiants les tarabustent. Leur visage a été remodelé, et il leur semble avoir déjà vécu certaines situations. Ou encore Rachel parle une langue qu’elle n’a jamais apprise.

C’est lors d’un nouveau séjour en Enfer qu’ils s’aperçoivent que ce n’est qu’un monde virtuel dans lequel ils sont plongés, eux et les otages. Les démons qu’ils combattent ne sont que des androïdes. Grâce à un informaticien du Pentagone qu’ils aident à rejoindre l’ambassade, ils recueillent des informations plus précises sur les événements. A leur grande surprise, ils apprennent que quelques années auparavant, ils faisaient déjà partie du FLC mais qu’ils avaient été arrêtés par les sbires de Solène Solux. Après avoir subi un lavage de cerveau et des transformations esthétiques, ils étaient devenus des agents du gouvernement en place. L’attaque dont ils avaient failli être victimes était pour les inciter à rejoindre le FLC et infiltrer le mouvement. Lors d’un énième voyage en Enfer, Rachel décède d’une crise cardiaque. Gedeon continue l’œuvre entreprise en plastiquant le sous-sol de la chapelle du Pentagone. L’armée se rallie aux mutins et Solène Solux est obligée de s’enfuir. Gedeon la retrouve alors qu’il se recueille sur la tombe de Rachel. Solène tente de l’abattre mais c’est elle qui est victime d’un accident, trébuchant et se fracassant le crâne.

 

Sous couvert d’un roman qui se lit avec plaisir, emmenant le lecteur en 2095 dans une Amérique plongée dans la terreur et une nouvelle forme d’Inquisition, Chet Williamson dénonce la tendance actuelle où Dieu est mêlé à la politique.

Aussi bien chez les Intégristes qu’aux Etats-Unis. D’ailleurs page 170, il écrit : « On a vu comment les politiciens de ces deux derniers siècles, de l’Allemagne des années 30, jusqu’aux chefs du Congrès, au tournant du siècle dernier, utilisaient la peur pour arriver à leur fin — l’angoisse du crime organisé, le spectre de la pauvreté, la peur des gens différents… Puisque s’appuyer sur ces trucs marchait bien, n’allait-il pas être plus profitable encore de puiser dans des siècles de frayeurs et de superstitions, d’exploiter les pulsions tribales de l’humanité et ses terreurs les plus primitives ? ».

C’est la guerre entre un soi-disant Bien contre un soi-disant Mal.

 

Chet WILLIAMSON : Descente aux enfers (Hell – 1995. Traduction Michèle Zachayus). Collection Virtuel N° 3. Editions Fleuve Noir. Parution mars 1997. 284 pages.

ISBN : 2-265-06019-4

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10 mars 2019 7 10 /03 /mars /2019 04:57

L’alter ego de Jack l’Eventreur ?

Jean RAY : Jack de Minuit.

Jean Ray restera à jamais pour tous ceux qui le connaissent le créateur d’Harry Dickson, même si certains aujourd’hui contestent cette paternité, avec juste raison. Mais comme il a tout réécrit, qu’il a imaginé des aventures à partir des couvertures originales, Harry Dickson, c’est bien Jean Ray.

Jean Ray c'est également l’auteur de ces chefs-d’œuvre immortels que sont Malpertuis, La Cité de l’indicible peur, Les contes noirs du golf, ou encore Les contes du whisky. Des romans imprégnés de fantastique et de policier, dans lesquels l’atmosphère joue un rôle prépondérant.

Mais Jean Ray a écrit bien d'autres œuvres méconnues, oubliées, perdues, disparues jusqu’à aujourd’hui. Ainsi ce Jack de Minuit, plus policier que fantastique mais dans lequel on retrouve la patte, le style du grand maître. Un roman qui reprend les thèmes chers à l’auteur : la mer, l’exotisme, mais également les sociétés secrètes, Londres et son smog, les bouges, le mystère sous toutes ses formes. Des thèmes qui firent les délices de nos lectures enfantines et dans lesquels puisèrent abondamment les écrivains populaires.

 

Rowland Harleyson, de retour d’Australie, voyage à bord du Jurvis Bay, et regagne l’Angleterre. Au cours d’une escale à Aden il manque d’être assassiné par deux voleurs. Il est sauvé in extrémis par un mystérieux chinois, Mr Wang qui lui fait promettre de fui rendre le même service le jour où il en aura besoin.

Sur ce bateau, il tombe amoureux de la belle Betty, nièce du richissime lord Elmsfield. Mais celle-ci se montre coquette et frivole envers Rowland, et le dédaigne. Rowland sauve de la noyade Nancy Ward, une stewardesse embauchée à Aden, un acte de bravoure qui lui vaut la reconnaissance de la jeune femme.

D'autres petits faits parsèment le voyage houleux de Rowland. Une nuit ses cheveux changent de couleur. Une adresse londonienne lui est imposée. Etc. Pendant ce temps, à Londres sévit un mystérieux tueur surnommé Jack de Minuit, qui, comble de l’horreur, décapite ses victimes. Rowland Harleyson est vite soupçonné par la police d'être le fameux Jack de Minuit. Emprisonné, il risque de terminer son existence au bout d’une corde. Mais un individu, rebut de la société nommé Sol Perlmutter a décidé de venger la mort de l'unique ami qu’il ait jamais eu.

 

Jack de Minuit est un livre foisonnant de mystères, de péripéties, d’aventures, d’énigmes, de substitutions, d’actions d’éclat dans lequel l’amour et l’amitié font également parties du voyage. Une cure de nostalgie et de jouvence littéraire.

Réédition Collection Terres Fantastiques. Editions Terre de Brume. Parution le 24 novembre 2017. 174 pages. 18,00€.

Réédition Collection Terres Fantastiques. Editions Terre de Brume. Parution le 24 novembre 2017. 174 pages. 18,00€.

Jean RAY : Jack de Minuit. Préface d’Henri Vernes. Couverture de René Follet. Collection Attitudes. Claude Lefrancq Editeur. Parution 1991. 160 pages.

ISBN : 2-87153-046-7

Réédition Collection Terres Fantastiques. Editions Terre de Brume. Parution le 24 novembre 2017. 174 pages. 18,00€.

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8 mars 2019 5 08 /03 /mars /2019 05:12

Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague

Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues

Et de vagues rochers que les marées dépassent,

Et qui ont à jamais le cœur à marée basse.

Avec infiniment de brumes à venir

Avec le vent d'ouest écoutez-le tenir

Le plat pays qui est le mien.

Gérard PREVOT : La nuit du Nord.

Dans la lignée des fantastiqueurs belges, Gérard Prévot est à mettre à égalité (presque) avec Jean Ray, Thomas Owen, Michel de Ghelderode ou encore Jacques Sternberg. Il occupe une place de choix pourtant il est quelque peu méconnu même s’il a signé des ouvrages sous les pseudonymes de Francis Murphy, Red Port et probablement sous l’alias collectif de Diego Michigan.

Les trois nouvelles de ce recueil sont ancrées dans le Nord, en Belgique plus précisément, à Bruges, Ostende, et leurs environs avec toutefois, pour les deux premières, une petite incursion dans le Sud. Peut-être afin de soulever quelque peu le voile de brume qui les environne et pour mieux les y replonger ensuite. Mais toutes trois d’inspiration différente, entretenant le mystère avec une pointe de science-fiction.

D’origine méditerranéenne, Laurence Di Malta se trouve par hasard à Bruges par un soir de rude hiver. Elle rencontre un peintre, Herman Kuttner, trente ans, sur le seuil d’une taverne. Ils ne font que bavarder, le reste ce sera pour plus tard, peut-être. Le lendemain, elle entre dans une galerie de peinture et s’arrête longuement devant une toile de Kuttner. Elle en oublie ses gants sur un divan et téléphone le soir même au directeur de la galerie. Celui-ci lui envoie à son hôtel non seulement ses gants mais une lettre signée Kuttner. Est jointe à cette missive une toile du peintre. En récompense elle le retrouve aussitôt et là se produit ce que vous attendiez tous mais que je ne vous décrirais pas puisque ce n’est pas l’objet de l’histoire. Sachez toutefois que voulant rentrer à son hôtel, elle se perd et se rend compte qu’elle arrive par plusieurs fois dans la même impasse. Elle est perdue, et une ombre lui indique une fenêtre basse. Elle se sent suivie et frappe à la porte de la maison indiquée et Herman Kuttner lui ouvre ? C’est lui mais ce n’est pas lui. Comme un dédoublement du peintre. Et quoique cette histoire se déroule à Bruges, on peut dire qu’il s’agit d’une affaire de Gant(d). Cette nouvelle donne son titre au recueil, La nuit du Nord.

Les oyats, ce sont ces chiendents marins qui poussent sur les dunes des plages, des plantes touffues qui retiennent le sable. Celui qui narre cette aventure, est installé à Middlekerke près d’Ostende. Il se nomme Percy Brumer et est chargé d’une mission concoctée par trois comparses. Il s’est installé dans un vieux moulin et un château d’eau désaffecté. Il a trois ans pour préparer sa mission, c’est un tueur. Mais il doit aussi réaliser une grille en assemblant des barres sur lesquelles il doit inscrire une lettre sur chacune de ces tiges. Il en fabrique une tous les six mois. Il a le temps, il n’est pas pressé, pour tant lorsque débute le récit il avoue avoir failli à sa mission. Peut-être parce qu’il avait rencontré, alors qu’il était couché dans les oyats, quelques semaines après son arrivée, une jeune fille, Dolly, qui ne se déplaçait qu’en chaise roulante accompagné de sa gouvernante. Mais Dolly décède peu après.

Cette nouvelle, la plus longue du recueil, est racontée à plusieurs voix, la principale étant celle de Percy Brumer qui rédige une sorte de testament que lira par la suite un autre interlocuteur. Jusqu’à l’épilogue ou presque, le lecteur nage dans l’incertitude, dans le flou le plus complet, jusqu’à ce qu’il découvre ce qui pousse, poussait, Percy Brumer à confectionner une grille et les raisons de son échec volontaire.

Enfin, Le spectre mécanique, met en scène un jeune garçon envoyé chez son oncle, un vieil homme qui habite un château qui ressemble à un spectre, coincé entre deux montagnes. L’adolescent se nomme Frédéric de Marck, et son oncle, le comte Godefroid de Marck, lequel vit avec son unique serviteur Paulin. Leur rythme de vie est assez spécial mais Frédéric est prié de s’y conformer. Les deux personnages sont insomniaques et les heures de repas sont totalement bousculées. En fouillant dans les différentes pièces quasiment à l’abandon, il découvre un spectre mécanique à l’abandon dont les piles sont en fin de parcours. Mais le destin en décide autrement alors que Frédéric devait se rendre au village acheter des piles neuves. Naturellement, cette histoire n’est pas sans rappeler les nombreuses nouvelles mettant un automate en scène et plus particulièrement le roman de Mary Shelley : Frankenstein ou le Prométhée moderne, et d’apprenti sorcier en général.

Un auteur et des histoires à découvrir ou redécouvrir.

Réédition dans Le démon de février. Collection Bibliothèque du Fantastique. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1998. 576 pages.

Réédition dans Le démon de février. Collection Bibliothèque du Fantastique. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1998. 576 pages.

Gérard PREVOT : La nuit du Nord. Collection Marabout Fantastique N°484. Editions Marabout. Parution 1974. 192 pages.

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7 mars 2019 4 07 /03 /mars /2019 05:17

Mûr mais pas avarié ! De l’amour bio, en quelque sorte…

DELLY : Le fruit mûr.

Evoquer les noms de romancières telles que Delly, Barbara Cartland et d’autres, amènent immédiatement sur les visages des interlocuteurs qui vous font face des sourires narquois, de commisération, voire de mépris, alors même que parfois ils n’ont jamais lu un de leurs livres.

Il est vrai que les romances ne sont guère appréciées de prétendus intellectuels, de lecteurs qui se piquent de littérature considérée comme du haut de gamme, des acheteurs de livres ayant obtenus des prix renommés, mais qu’ils placeront dans leurs bibliothèques sans les lire.

Pourtant les points de convergence entre le roman d'amour et le roman policier sont plus nombreux que l'on pourrait croire : Amour, jalousie, haine, argent en sont les ressorts principaux comme je l’écrivais en exergue de ma chronique concernant la revue Rocambole qui était consacrée à l’œuvre de Delly.

Le fruit mûr, c’est la passion amoureuse, l’amour tout simplement. Le vrai, celui qui transporte les cœurs mais qui pour une raison ou une autre se trouve contrarié.

L’amour est bien autre chose ! Un jour, tu le connaitras, je pense. Il est beau comme un fruit qui mûrit à une heure de la vie, plus tôt, plus tard, selon chaque nature. Mais ne donne pas ce nom à toutes les passionnettes, à tous les attachements éphémères, ni même à ce que l’on appelle la grande passion, qui n’est trop souvent qu’une flamme destructrice, vite éteinte.

Celle qui parle ainsi, c’est Dionysia, à l’encontre de sa jeune cousine Mylène qui s’est entichée d’un homme, marié avec deux enfants, mais qui vit séparé de sa femme, celle-ci ayant préféré voir ailleurs si l’herbe était plus verte et tendre, comme le font les petits veaux dans un pré. Or cet homme qui a conquis, du moins Mylène le croit-elle, le cœur de la jeune fille, refuse de divorcer pour des questions de principes.

Mais l’héroïne de ce roman, c’est bien Dionysia dont Tugdual Meurzen fait la connaissance par l’entremise d’un ami commun René Heurtal, celui qui fait flamber le cœur de Mylène.

Jeune peintre à la réputation déjà bien établie, Tugdual Meurzen est en villégiature près de Vallauris sur la Côte d’azur. Il est en compagnie de sa mère, souffrante, et de sa sœur Josèphe. Un entourage qui lui pèse. Aussi est-il un homme mélancolique, ne possédant guère d’amis. Sa mère est une dominatrice qui étouffe tout autant dans sa vie amoureuse et professionnelle, se prévalant de sa maladie pour le confiner dans un environnement familial pesant. Il ne peut, ne doit pas s’émanciper, et sa sœur Josèphe, qui ne s’est pas mariée sous le prétexte de ne pas nuire à son héritage, supplée sa mère dans cette domination autoritaire lorsque le besoin s’en fait sentir.

Tugdual n’est pas satisfait de sa production picturale malgré les éloges qui lui sont décernés. Ses visages de femme manquent d’âme, de la petite étincelle qui rendrait le tableau vivant. Alors qu’il descend vers Juan-les-Pins, il est abordé par René Heurtal, un graveur qu’il connait bien, lequel lui signale que Calixte Sormagnes, le célèbre sculpteur réside non loin en compagnie de sa petite-fille Dionysia. Aussitôt Tugdual est captivé par les yeux de la belle Hellène, mais pas que. Et il demande l’autorisation de peindre sa Madone qu’il a en projet avec Dionysia comme modèle.

Les deux jeunes gens ressentent au contact l’un de l’autre un sentiment amoureux qui est contrarié par la promesse que Tugdual a faite sur le lit de mort de son père. Veiller sur la santé de sa mère tant que celle-ci sera vivante. Et madame Meurzen ne manque pas de lui rappeler ce serment alors que Tugdual aimerait pouvoir s’échapper de la tutelle exercée par sa mère et sa sœur.

L’été passe et la famille Meurzen regagne la Bretagne natale, même si l’humidité est néfaste à la mère de Tugdual.

 

Tout en finesse et psychologie, Frédéric et Jeanne-Marie Petitjean de la Rosière, frère et sœur, alias Delly, nous offrent un roman d’amour certes, mais pas que. Outre le sentiment qui lie Dionysia et Tugdual, se greffe une autre histoire entre Mylène, la cousine de Dionysia, et René Heurtal, tandis que l’ancien promis de Dionysia arrive inopinément au mas des Sarrazins, où vit le sculpteur et sa fille.

C’est surtout un regard porté sur les relations entre hommes et femmes, entre parents et enfants, relations qui sont décryptées avec profondeur. Une époque relativement lointaine pour nous mais qui était celle contemporaine de Delly au moment de l’écriture de ce roman.

L’intrigue n’est pas si fleur bleue que l’on pourrait croire, et les sentiments partagés, mais contrariés, sont totalement obsolètes de nos jours, sauf peut-être dans quelques familles ancrées dans leurs préjugés.

Si surtout l’on retient l’écriture racée, subtile, aux dialogues peut-être surannés, le côté psychologique ne manque pas d’intéresser. On est loin de la violence, de la vulgarité qui parfois prédomine de nos jours. Et alors que de nos jours on couche d’abord et on demande le nom de son, ou sa, partenaire après, il y a cent ans, les approches étaient plus longs, plus décents, plus moraux que de nos jours. Le tutoiement n’était de mise qu’après de longues semaines, et le simple baiser sur la main ne se déposait qu’après de longues semaines de fréquentation.

Il est bon parfois de renouer avec ce style littéraire qui était le reflet d’une époque, aujourd’hui révolue, mais qui était empreint de charme.

 

DELLY : Le fruit mûr. Editions J’ai Lu N°1053. Parution 15 avril 1980. 128 pages.

Première édition Flammarion parution janvier 1922. Nombreuses rééditions.

ISBN : 2277210536

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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