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26 mars 2019 2 26 /03 /mars /2019 05:41

La fameuse boîte de Pandore…

Aarons CONNERS : La Directive Pandora

Détective fauché, Tex Murphy est contacté par Fitzpatrick, riche scientifique, qui désire retrouver Thomas Malloy, un de ses anciens collègues habitant le même hôtel que le détective.

Attiré par un air de blues, il s'engouffre dans un bar non loin de chez lui. Emily, la chanteuse, connait Malloy mais ne veut donner d'indication ayant reçu des menaces anonymes. Murphy contacte MacMalden, un flic de ses amis. Le policier lui annonce qu'il est surveillé par des fédéraux de l'ANS, Agence Nationale de Sécurité, et le met en contact avec un journaliste, Pernell.

Surveillant la chambre d'Emily, Tex aperçoit une silhouette attendant la chanteuse. Il s'interpose et poursuit l'inconnu qui se tue en dégringolant d'un toit. Emily lui apprend que Malloy, dont elle est l'épouse, lui avait confié un coffret lequel a été dérobé par le défunt, agent de l'ANS d'après MacMulden. Murphy récupère la boîte mais ne peut l'ouvrir. Préférant sauver sa peau, Murphy promet aux agents de l'ANS de la restituer rapidement. Une femme prénommée Regan lui réclame le coffret.

Elle affirme qu'il existe plusieurs objets de ce genre renfermant chacun des documents et qu'elle en possède un. Tex retrouve Malloy. L'homme est traqué non seulement par l'ANS mais par des puissances étrangères. Il travaillait sur un projet militaire, chargé de déchiffrer les hiéroglyphes inscrit sur une navette extraterrestre dite navette de Roswell. Il affirme avoir réussi mais des tueurs interviennent et tirent sur le savant. Tex leur échappe. Il récupère néanmoins des carnets et un CD-Rom parmi les affaires de Malloy et découvre que Regan est la fille du savant. Il confie les deux boitiers, le sien et celui de Regan, à Fitzpatrick.

Un ufologue le contacte affirmant avoir eu en sa possession un coffret. Tex demande à Pernell de résoudre une anagramme et à Regan de décrypter les carnets de son père. Fitzpatrick réussit à ouvrir l'un des boitiers. Il contient une diapositive représentant un générateur répertorié dans les dossiers de l'ufologue et concernant le complexe de Roswell, endroit où Malloy et Fitzpatrick se sont connus. Quoique le lieu soit placé en quarantaine, Tex décide de s'y rendre. Le complexe n'est gardé que par deux militaires en disgrâce et grâce à un sauf-conduit il visite les niveaux inférieurs. Des cadavres jonchent les sols et il a la sensation d'être surveillé. Il récupère le générateur. De retour chez lui Tex apprend par Regan qu'elle a déchiffré en partie les notes de son père. Il y est question d'Instrument de Pandore. Pernell lui donne le résultat de l'anagramme, ce qui permet à Tex de lire le CD-Rom. Il existe cinq boîtes constituant un tout.

 

Entre SF et aventures genre arche perdue, ce roman emprunte beaucoup aux romans noirs classiques de par la complexité de l'intrigue et de l'humour qui se dégage des dialogues ou de la narration, le livre étant écrit à la première personne.

Murphy, en bon détective, se réfère à Sam Spade et confrères, aime le jazz, notamment Nat King Cole, fume comme une cheminée et apprécie les alcools forts. Une lecture agréable.

 

Aarons CONNERS : La Directive Pandora (The Pandora directive - 1995. Traduction d’Isabelle Troin Joubaud). Collection Virtuel N°5. Editions Fleuve Noir. Parution juin 1997. 320 pages.

ISBN : 2-265-06180-8

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25 mars 2019 1 25 /03 /mars /2019 05:09

Il est vrai qu’il y verra mieux !

William IRISH : La Liberté éclairant le mort.

Bien connu en France pour au moins deux de ses romans adaptés au cinéma, La mariée était en noir et La sirène du Mississipi, William Irish de son véritable patronyme Cornell Woolrich, fut un insatiable et infatigable rédacteur de nouvelles dont l’un des aspects principaux résidait dans le suspense et l’angoisse qui englobaient pratiquement tous ses textes.

Et quand j’écris bien connu, ce sont surtout les films, les réalisateurs et les interprètes des films qui sont connus, car le nom de William Irish ne dit presque plus grand-chose sauf à quelques vieux routiers de la littérature policière américaine de suspense. La mariée était en noir par exemple, film de François Truffaut en 1968 avec Jeanne Moreau, et La sirène du Mississipi du même François Truffaut avec Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve et Michel Bouquet. Mais pour vous rafraîchir la mémoire, le mieux est peut-être de vous rendre sur un site qui lui est consacré.

Ce recueil, composé de quatre nouvelles, est presque la quintessence de son œuvre, ou plutôt de l’esprit qui anime son œuvre. Un suspense habilement ménagé avec une dose d’humour sous-jacent, et dont l’épilogue laisse parfois au lecteur le soin d’imaginer certains aspects de l’histoire. En dire trop, de la part de l’auteur, aurait effacé les parts d’angoisse et de suspense, qui imprègnent ses nouvelles.

 

La Liberté éclairant le mort (The Corpse in the Statue of Liberty – Traduction de M. B. Endrèbe) :

Accusé par sa femme de trop regarder la télévision et de boire des bières en rentrant du travail, ceci après sept mois de mariage - au lieu de se cultiver, lire par exemple, d’aller dans des musées ou autre - un jeune policier décide de visiter la statue de la Liberté. Il prend le bateau qui rejoint l’île sur laquelle est érigée la statue en compagnie de quelques passagers puis grimpe jusqu’au faite. A mi-montée, il aperçoit un homme, en surcharge corporelle, qui se repose sur un banc disposé exprès, entame une conversation, puis continue son ascension. En haut il peut découvrir New-York et l’océan, mais surtout une jeune femme inscrivant quelque chose sur le montant des vitres, comme bien des visiteurs le font. Il redescend, ne retrouve pas l’inconnu sur son banc puis interroge le liftier qui dirige l’ascenseur situé dans le socle de la statue. L’employé n’a pas vu l’inconnu aussi notre policier remonte jusqu’au banc pour découvrir le cadavre dans une sombre anfractuosité menant au bras de la statue. Le travail d’un policier ne s’arrête jamais. C’est également un bon moyen de visiter cette statue comme si vous y étiez.

 

Entre les mots (Murder Obliquely – Traduction de M.B. Endrèbe: cette nouvelle, la plus longue du recueil, met en scène quelques personnages, dont Dwight Billings, un homme riche qui envoie un jour une nouvelle policière. Annie Ainsley, la directrice d’un périodique consacré à la publication de nouvelles policières, et son assistante, Joan, ne sont pas vraiment emballées par ce texte mais comme il faut boucler le magazine et qu’il y a une place à combler, elles le corrigent et en informent l’auteur avant de le publier. Annie est agréablement surprise lorsque ce trentenaire se présente au bureau, elle une quadragénaire qui n’a jamais eu d’amoureux dans vie. Ils font plus ample connaissance, elle se rend chez lui, un appartement luxueux qu’il a reçu en héritage, et prennent un verre ensemble. Seulement la petite amie de Dwight arrive en compagnie d’un bellâtre, et repart, après une altercation, en laissant sur place, manteau et vêtements, quasiment nue. En réalité Dwight est toujours marié et Annie se trouve entre deux feux. Une étude psychologique sur deux personnages, Dwight et Annie, qui à l’évidence s’aiment mais ne peuvent conclure. C’est également une leçon d’écriture destinée aux lecteurs qui se piqueraient de rédiger des nouvelles.

 

Le mari de Miss Alexander (Murder Obliquely – Traduction M.B. Endrèbe) : Vétéran de la dernière guerre, ayant perdu une main dans un combat, Blaine Chandler attend le retour de sa femme, chez lui seul, non, pas seul puisqu’il est en compagnie de son chien. Elle n’a pas déserté le foyer conjugal miss Alexander, mais elle fréquente les tournages cinématographiques. Elle est devenue une vedette fort demandée et souvent les correspondants au téléphone ont la mauvaise habitude d’oublier son nom de Chandler, pourtant connu en littérature, au profit de celui de sa femme. Sa main manquante est un handicap qui le gêne dans certaines démarches même s’il parvient sans difficulté, ou presque, à allumer ses cigarettes avec une allumette d’une seule main. Mais le tournage d’un film est parfois dangereux et il apprend que sa femme vient d’être victime de brûlures. Elle n’est pas décédée, heureusement, mais il en résultera toutefois quelques conséquences.

 

Pour acquit (I.O.U.- 1938. Traduction de G. Sollacaro) : Jeune inspecteur de police, Clinton regagne sa demeure là-haut sur la colline, à bord de son antique véhicule. Sa délicieuse femme et sa non moins délicieuse fille de sept ans l’attendent et ils doivent aller cinéma. La gamine s’engouffre dans le véhicule alors que Clinton et sa femme finissent de se préparer. Hélas, le frein à main a peut-être été mal mis ou la gamine a joué avec, le véhicule commence à descendre la rue. Clinton a beau courir, il ne peut empêcher sa voiture de basculer par-dessus le parapet et tomber dans la rivière. N’écoutant que son courage, Clinton se jette à l’eau, oubliant qu’il ne sait pas nager. Heureusement, un automobiliste passant par là sauve d’abord le père, puis la fille. Tout est bien qui finit bien. L’inconnu repart sans attendre de remerciements. Cinq ans plus tard, il demandera à Clinton de faire un geste en sa faveur, accusé qu’il est de meurtres. Un cas de conscience se présentera alors à Clinton.

 

Quatre nouvelles d’inspiration différente mais qui mettent en avant tout le talent de William Irish, et jouent sur le côté psychologique des personnages.

 

William IRISH : La Liberté éclairant le mort. Recueil de nouvelles. Collection Un Mystère N°419. Editions Presses de la Cité. Parution 26 juin 1958. 192 pages.

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24 mars 2019 7 24 /03 /mars /2019 05:43

Minuit, l’heure du crime…

Jean-Christophe PORTES : Minuit dans le jardin du manoir.

Nous ne sommes pas à l’époque de la Révolution Française, quoique, mais bien au début du XXIe siècle. Pourtant une pique surmontée d’une tête dont les orbites sont garnies d’écus en métal doré est dressée dans le parc d’un manoir normand dont la construction remonte à 1562.

Le jeune homme qui a découvert cette tête, qui apparemment ne lui revient pas, à minuit et quelques minutes, en profite pour la photographier et divulguer sur les réseaux sociaux sa trouvaille. Naturellement les journalistes et les policiers de Rouen sont rapidement sur les dents.

Ce manoir appartient à Colette Florin - un rapport avec les écus en métal doré ? – une vieille dame quelque peu excentrique. Son petit-fils, Denis, a repris l’étude notariale familiale, mais c’est un homme réservé, un peu gauche, célibataire, et auprès de la population locale il passe pour un benêt, pour ne pas dire un attardé, dont la principale occupation est de reconstituer dans l’une des pièces de cette demeure, la bataille de Marignan, petits soldats de plomb amoureusement peints par lui-même et décors reconstitués fidèlement.

Evidemment, il est en première ligne des soupçons portés sur lui. L’inspecteur Trividec, le beau gosse de la brigade infatué de sa personne est chargé de l’enquête policière, et que ferait ce prétentieux s’il n’avait comme adjointe Miss Je-Sais-Tout, laquelle est nettement plus érudite que lui.

Nadjet Bakhtaoui, une journaliste grand-reporter qui revient du front moyen-oriental, est dépêchée sur place. C’est une accrocheuse qui sait se débrouiller pour s’infiltrer au nez et à la barbe de ses confrères et des policiers dans le parc et prendre des photos. Elle aime son travail et ne néglige aucune piste.

La grand-mère Colette est considérée comme une vieille folle par ses concitoyens, mais elle est loin de ce qu’elle paraît. Elle tient un blog, organise des réunions costumées, elle est riche et s’oppose à certaines décisions municipales ou préfectorales, n’hésitant pas à s’enchaîner aux grilles de la préfecture rouennaise. Et elle possède assez de bagout et de charisme pour amener une certaine partie de la population à la suivre dans certaines batailles contre les élus assujettis aux multinationales.

Denis, malgré son air distrait mais timide, est un brillant adversaire aux échecs, se confrontant via Internet, n’ayant plus d’adversaires proches à sa taille. Et il serait un expert en cryptogrammes selon le libraire. Et comble d’imbécilité, ou de naïveté, excédé par les journalistes, il les provoque sabre au clair afin de les empêcher d’investir le parc.

Et voilà pour les personnages principaux. Ah, j’allais oublier Monroy, richissime homme d’affaires dont la présence est quelque peu énigmatique. Plus quelques cadavres qui seront retrouvés non loin.

 

Une enquête particulièrement réjouissante qui emmènera le lecteur jusque dans le sud de l’Espagne, avec un côté social puisque des réfugiés africains feront de la figuration plus qu’intelligente au fort de Gibraltar, découpée en chapitres courts, accentuant la vivacité et la complexité de l’intrigue, mettant en scène chacun des protagonistes.

De plus se greffe, en intercalaires, un épisode historique avec la conquête du Mexique par Hernán Cortés, une chasse au trésor, et quelques épisodes qui remontent à la guerre d’Algérie.

Un roman sandwich, composé d’éléments nutritifs intellectuellement, une diversité qui se complète admirablement. Une nouvelle facette, du talent de conteur de Jean-Christophe Portes, qui comporte quelques anomalies, dans les dates et les âges, je ne peux m’empêcher de les relever, c’est un peu un TOC, Trouble Obsessionnel Comparatif, mais qui par ailleurs est un regard acéré, aiguisé, sur notre société, surtout sur les chaînes d’info en continu, les journalistes et chroniqueurs qui s’estiment des spécialistes mais ne sont que des masturbateurs de l’esprit en se concentrant sur des détails sordides et futiles, et les débats télévisés où l’on parle de tout et de rien, uniquement pour occuper l’espace-temps et se faire voir.

Un roman enlevé (à plusieurs titres !), virevoltant, amusant et précis, jouant sur le sensationnel, moins académique et didactique que la saga révolutionnaire de Victor Dauterive et donc plus passionnant.

 

Jean-Christophe PORTES : Minuit dans le jardin du manoir. Editions du Masque. Parution le 13 mars 2019. 380 pages. 19,90€.

ISBN : 978-2702449141

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23 mars 2019 6 23 /03 /mars /2019 05:29

Il en aura fait couler de l’encre, en plus du sang, ce sacré Jack…

Christian JACQ : Jack l’Eventreur, le retour.

Dans le quartier de Whitechapel, un quartier mal famé de Londres, le fantôme de Jack l’Eventreur vient de frapper.

Un 31 août, comme l’avait fait son prédécesseur. Puis à nouveau un 8 septembre.

Mais ces crimes commis aux mêmes dates et dans les mêmes circonstances ne sont pas les seules analogies, les seuls points communs qui relient ces deux affaires.

D’abord le meurtrier s’en prend aux prostituées, ce qui jette un début de panique parmi la faune locale. Les Belles de nuit n’osent plus exercer leur métier. L’une d’elles, au doux prénom d’Annabella, s’attribue le titre pompeux d’assistante de cœur et propose ses services pour débrouiller cette affaire complexe.

Aux coïncidences déjà évoquées, ne voilà-t-il pas que les suspects appréhendés par les policiers semblent être les réincarnations des protagonistes de la célèbre affaire qui défraya la chronique en 1888 : un duc de haut lignage, une sage-femme avorteuse à l’occasion, un rabbin qui exerce ses talents de sacrificateur sur des animaux, l’un des meilleurs chirurgiens du royaume, un avocat qui avant de pratiquer le droit a étudié la médecine, un peintre ressemblant étrangement à Van Gogh et enfin un émigré Russe dont la mère a proposé ses charmes dans ce quartier de Whitechapel pour faire bouillir la marmite.

Higgins nage en pleine horreur. Il croit rêver mais c’est un véritable cauchemar qui l’assaille.

 

Cette fameuse affaire de Jack l’Eventreur, jamais élucidée officiellement, aura fourni à bon nombre d’écrivains l’occasion de prouver leur talent et d’étayer leur imagination, apportant chacun leur solution, de Robert Bloch à Michel Moatti en passant par Paul Halter, René Reouven ou Bob Garcia, pour n’en citer que quelques-uns.

Christian Jacq, sous l’alias de J.B. Livingstone lors de la première parution de ce livre, signait là l’un de ses meilleurs romans, entretenant savamment le suspense jusqu’à l’arrestation du meurtrier.

 

Première édition sous le pseudonyme de Jack Livingstone. Le retour de Jack l’Eventreur. Collection les Dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution septembre 1989. 240 pages.

Première édition sous le pseudonyme de Jack Livingstone. Le retour de Jack l’Eventreur. Collection les Dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution septembre 1989. 240 pages.

Autre édition : Collection les Dossiers de Scotland Yard. Editions Gérard de Villiers. Parution le 11 septembre 1991. 254 pages.

Autre édition : Collection les Dossiers de Scotland Yard. Editions Gérard de Villiers. Parution le 11 septembre 1991. 254 pages.

Christian JACQ : Jack l’Eventreur, le retour. Les enquêtes de l’inspecteur Higgins N°32. Editions XO. Parution le 14 mars 2019. 272 pages. 13,90€.

ISBN : 978-2374481395

Première édition sous le pseudonyme de Jack Livingstone. Le retour de Jack l’Eventreur. Collection les Dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution septembre 1989. 240 pages.

ISBN : 9782268008363.

Autre édition : Collection les Dossiers de Scotland Yard. Editions Gérard de Villiers. Parution le 11 septembre 1991. 254 pages.

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22 mars 2019 5 22 /03 /mars /2019 05:27

Ça plane pour moi…

Paul d’IVOI : L’aéroplane fantôme.

Près de deux cent mille personnes sont agglutinées sur le camp de Mourmelon afin d’assister à un meeting aérien, un championnat du monde de voltige et d’adresse. Et le clou du spectacle, le final, doit être assuré par un jeune ingénieur Français, François de l’Etoile, qui réussit un magnifique parcours, selon des critères imposés, et se pose en douceur à l’endroit précis, dans le temps imparti, à bord d’un polyplan construit par la firme Loisin et de l’Etoile.

Dans la foule, outre Loisin et Tiral, son vieux comptable deux petits groupes revendiquent leur participation aux félicitations destinées au héros du jour. D’un côté Margarèth von Karch, veuve, et son père, un richissime noble Allemand, de l’autre Edith, et sa famille, Lord Fairtime, son père, et ses deux frère Peterpaul et Jim. Margarèth demande à François de l’emmener faire un petit tour à bord de son polyplan, contre une jolie somme d’argent, mais il avait déjà promis à Edith la même chose, voici les deux jeunes femmes survolant Mourmelon en compagnie de leur pilote.

Von Karch est un espion Allemand qui brigue les inventions de François de l’Etoile et pour ce faire il a soudoyé une jeune femme, Liesel, qui procède au ménage dans la pension où vit le jeune ingénieur. Elle dérobe des plans et les remet à Von Karch qui lui promet que dans un mois son père sera en son pouvoir. Liesel est une métisse orpheline qui a perdu sa mère toute jeune et ne connait pas son géniteur. Quant aux plans qu’elle a dérobé, Von Karch se rendra compte plus tard qu’ils ne lui servent à rien, il manque des morceaux afin de réaliser l’assemblage.

Chargé d’une mission par Loison, François se rend d’abord en Bretagne puis s’apprête à embarquer pour l’Angleterre retrouver la famille Fairtime. Mais à la terrasse d’un café, il reconnait en ses voisins, Von Karch, Margarèth et Liesel, devisant. Nonobstant il embarque à destination de Londres où il retrouve dans leur fastueuse demeure de Wimbleton les Fairtime. C’est alors qu’un inspecteur de police le quémande lui signifiant qu’il est accusé de meurtre envers la personne de Liesel. Pour preuve, le stylet que François recherchait depuis une quinzaine. Meurtrier est un bien grand mot, puisque la victime du poison qui enduisait la pointe du stylet se retrouve dans un état quasi végétatif. François est emmené en prison. Fin d’un rêve ? Non !

Or le comptable Tiral apprend par les journaux que Liesel, qui est placée dans un hôpital dit pour insensés à Paris, possède sur le pied un tatouage. Et ce tatouage, Tiral le connait dort bien, puisqu’il s’agit d’une sorte de carte aux trésors, et donc Liesel serait sa fille. Tiral devient l’allié de Von Karch, tandis que François croupit en prison jusqu’à ce qu’il soit délivré par une manœuvre subtile. Il se suicide, enfin on l’aide à se suicider puis il est inhumé dans le caveau familial des Fairtime.

 

Quelques temps plus tard, un aéroplane détruit des aéronefs allemands au-dessus du champ d’expérimentation de Grossbeeten devant des milliers de spectateurs médusés. Et ce n’est que le début de la vengeance de François de l’Etoile, car c’est bien lui qui est aux commandes de cet aéronef qu’il a construit en grand secret. François est aidé par quatre adolescents, Tril et Susan, deux Américains envoyés par Jude Allan, le roi des enfants abandonnés, et Joé et Kitty, deux Anglais qui vivent à Londres. Joé a été recueilli par le gardien-chef de la prison où est incarcéré François, et il sert de petite-main comme surveillant, détenant les clés. Kitty est une jeune bouquetière profondément attachée à Joé. Les deux amis sont abordés par Tril et Susan et c’est ainsi que s’est déroulé le complot pour aider François à sortir de sa geôle. La suite est un enchaînement de péripéties toutes plus hautes en couleurs les unes que les autres.

 

L’univers de Paul D’Ivoi est proche de celui de Jules Verne par le côté anticipation technologique, mais il se montre beaucoup plus passionnant par la continuité des actions, des épisodes rapides. L’aspect scientifique prend une grande place dans les aventures excentriques mais elle n’est pas étouffante, analysée, décrite avec des longueurs comme dans les romans de Jules Verne, l’action et l’aventure primant.

Parmi les nombreuses avancées technologiques que nous décrit Paul d’Ivoi, sans être pontifiant et longuet, on retiendra notamment cet aéroplane nouvelle génération qui se déplace dans les airs grâce à l’électricité, sans bruit, et ayant la particularité de s’élever ou descendre à la verticale et même pouvant lors d’interventions spécifiques de faire du sur place.

Le baron Von Karch communique avec des personnages hauts placés de l’état allemand à l’aide d’un téléphote, un téléphone qui est muni d’un panneau d’apparence métallique transmettant les images. Ainsi il peut voir son correspondant téléphonique.

De même François de l’Etoile et ses compagnons se servent d’une sorte de pistolet lançant des rayons électriques qui annihilent les gestes de ses ennemis, une sorte de taser moderne, ou cette arme tuant sans bruit pouvant amener la mort par réfrigération.

Un roman qui n’engendre en aucun l’ennui tant les épisodes tumultueux s’enchaînent avec rapidité, excluant les temps morts, et dans lequel Jude Allan, le Roi des Lads ou des gamins, est juste évoqué.

Mais les exploits de François de l’Etoile et ses compagnons ne manquent pas de visées politiques, l’Allemagne étant l’ennemi « privilégié » de la France et d’autres nations. C’est ainsi que le jeune ingénieur et ses amis se déplacent dans de nombreux pays dont la Pologne, l’autre Alsace selon l’auteur, ou encore au Danemark, qui sont encore sous le joug germanique, ou encore en Amérique Centrale à la recherche du trésor de Tiral.

Il y a trois Alsaces qui pleurent sous le joug de l’Allemagne : l’Alsace française, la province polonaise de Posen, et puis les provinces danoises de Schleswig et de Hoslstein, arrachées par la Prusse au Danemark, en 1866.

Des heures de lecture-plaisir et un délassement appréciable pouvant être mis entre toutes les mains et sous tous les yeux !

 

Paul d’IVOI : L’aéroplane fantôme. Voyages excentriques. Editions J’Ai Lu N°1527. Parution le 15 septembre 1983. 512 pages.

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21 mars 2019 4 21 /03 /mars /2019 05:28

Et il lui faut beaucoup de bûches dans l’âtre

pour entretenir la flamme !

Jean SAVANT : La Créole au cœur de feu.

Comme le chantait Alain Bashung, osez, osez Joséphine, osez, osez Joséphine, plus rien ne s'oppose à la nuit, et elle ne se prive pas d’oser, Marie-Josèphe-Rose Tascher de la Pagerie, plus connue sous le nom de Joséphine de Beauharnais.

Elle n’a que seize ans lorsqu’elle est présentée à son futur époux le vicomte de Beauharnais. Peut-être sait-elle que son véritable patronyme fut Beauvit et que cela lui donna des idées, mais n’extrapolons pas.

Même si Yéyette, ainsi était-elle surnommée, n’est pas aussi jolie que ce qui lui avait été affirmé, la future Joséphine possède de nombreux atouts. De beaux cheveux châtains à reflets fauves, une adorable petite bouche qui cache une dentition qui laisse à désirer, et une gorge et des seins éblouissants de finesse et de fraîcheur. La taille n’est pas encore affinée mais ça viendra et elle est petite, mais au lit qui s’en inquiète. Elle a été formée précocement et paraît plus vieille que son âge. Ce qui parfois peut servir d’excuses. Et lorsqu’elle voit son futur époux elle tombe sous le charme. Mais ce n’est pas une oie blanche ni un bas-bleu. Elle a déjà goûté au fruit défendu, croquant dedans à belles (c’est une expression) dents.

Un mariage arrangé qui convient fort bien à Rose puisqu’elle possédera bijoux et robes en quantité. Mais celui qui est gouverneur et lieutenant-général de la Martinique et des Antilles Françaises possède une maîtresse qui n’est autre que la jeune tante de Rose. Désirée se prénomme-t-elle, un prénom de circonstance. Et Beauharnais impose sa présence à sa jeune femme mais il faut une position officielle à Désirée. Elle sera mariée à l’ordonnance du gouverneur, mais le cocu magnifique n’accepte pas ce partage. Mais je m’éloigne du sujet qui est toutefois Rose et qui doit accepter le rôle ingrat de figurante.

Un mariage qui durera toutefois quinze ans et qui verra naître deux enfants, Eugène et Hortense, dont elle ne s’occupe guère. Elle préfère batifoler de son côté accumulant les bonnes fortunes, au propre comme au figuré. La séparation définitive ne se fera qu’aux moments troubles de la révolution durant la Terreur. Galant ( ?), Beauharnais se présente le premier à l’échafaud, devançant sa femme qui sera épargnée grâce à la chute de Robespierre. Quelques temps plus tard elle sera libérée de prison où elle était enfermée puis elle deviendra l’amie de la future Madame de Tallien.

Avec Madame de Tallien et quelques autres, elle évoluera dans un Paris libéré et elle n’hésitera pas à recevoir dans sa demeure ses nombreux amants, nue sous un déshabillé vaporeux. Elle sera successivement ou concomitamment la maîtresse de Barras, Junot, Marat et Hoche et quelques autres qui se croiseront chez elle entre deux portes.

C’est Barras qui lui impose un nouvel amant, un certain Napoléon Buonaparte, qu’elle dédaigne jusqu’au jour où elle comprend que ce jeune général possède un brillant avenir. Sous l’impulsion de Barras, l’Italien deviendra Bonaparte et partira pour la campagne d’Italie. Et il réfutera le prénom de Rose, préférant l’appeler Joséphine, le seul à la nommer ainsi dans le cénacle des amants.

Mais un problème surgit : elle ne pourra plus avoir d’enfant, ce qui signifiera la rupture. Enfin, l’une des causes de la rupture entre celui qui deviendra Empereur et Joséphine devenue Impératrice. Elle aime trop la fête pour écrire à Napoléon alors que lui se brûle d’amour pour elle. Au début. Il lui écrit des lettre enflammées lors de sa campagne d’Italie mais elle dédaigne y répondre. D’ailleurs elle n’aime pas écrire, une aversion qui se transformera plus tard en besoin. Elle ne l’aime guère mais la promesse d’un avenir radieux lui permet d’avaler des couleuvres, tout en continuant d’accumuler des amants. Car elle a besoin d’argent, de beaucoup d’argent pour entretenir un rang social élevé.

Tout le monde connait la suite, ou presque.

 

Cette biographie ne reflète pas l’image de celle qui nous était montrée dans les manuels d’histoire, les frasques de Joséphine étant mises sous l’éteignoir et les couettes de lits.

Rose-Joséphine se montre insatiable, aussi bien d’argent que d’amants. Une grande amoureuse qui n’est pas insensible au confort de sa bourse, et dévalisant sans complexe celles de ses amants qui n’y voient aucun inconvénient.

Nous lisons la vie d’une femme amoureuse, libérée, qu’il n’y a pas si longtemps et peut-être même encore aujourd’hui, on qualifierait de dévergondée alors qu’elle n’est que l’égale de bien des hommes dans le domaine de la pratique amoureuse.

Un récit, ou roman, l’on ne sait plus trop, qui s’appuie sur de très nombreux documents de cette époque, écrit par celui qui fut le Chancelier perpétuel de l’Académie d’Histoire et qui a consacré plus d’une trentaine d’ouvrages à cette époque, et principalement à Napoléon et son entourage militaire, familial et social.

Jean SAVANT : La Créole au cœur de feu. Le roman des amours de Joséphine. Collection les Deux colombes. Editions Intercontinentale du Livre. Parution 1er juin 1962. 334 pages.

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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 05:48

Attention aux courants d’air !

Les neurones vont éternuer !

 

Evelyne BRISOU-PELLEN : Le crâne percé d’un trou.

L’estomac et la bourse vides, Garin Troussebœuf fait la rencontre près du Mont-Saint-Michel d’un gamin légèrement plus jeune que lui. Louys s’est trouvé une occupation qu’il espère rémunératrice, il vend des reliques. Elles sont fausses, mais en cette époque de superstitions, de catholicisme exacerbé, il n’est pas toujours besoin de démontrer l’exactitude de ses affirmations. Les acheteurs sont si crédules !

Il a remarqué dans les bois un soldat, enfin le cadavre d’un individu qu’il pense avoir été un soldat, nu. En cette période de troubles entre Anglais et Français, il n’est pas rare de tomber sur une petite troupe de combattants. D’ailleurs ceux-ci rôdent mais ce ne sont pas des soldats que Garin et Louys aperçoivent cheminant paisiblement, mais deux moines qui rejoignent l’abbaye de la Merveille. Deux Bénédictins habillés de noir. Des pèlerins rejoignent également le Mont.

Enfin les deux jeunes adolescents arrivent dans le petit village composé de commerces au pied de l’abbaye. Louys essaie de se placer chez un boutiquier en attendant la bonne fortune tandis que Garin décide de se faire embaucher comme scribe. Ce qui arrange bien les affaires du père abbé, car le scribe officiel, le copiste frère Robert commence à se faire âgé et l’abbaye enregistre une pénurie de copiste à cause de l’épidémie qui a sévi il n’y a guère.

L’aumônier et le chantre le prennent successivement sous leur coupe, l’emmenant au scriptorium où se tient habituellement frère Robert. Pour l’heure il n’est pas là, mais c’est sans importance. Le chantre lui promet également de lui montrer le crâne percé d’un trou de Saint Aubert, qui fit construire la première chapelle qui plus tard s’étendra et prendra des proportions gigantesques en devenant l’abbaye. Il suffit de respecter quelques règles dont le silence. Une règle pas facile à appliquer à Garin mais il essaiera de la suivre du mieux qu’il peut. Une autre exigence l’importune un peu, assister aux messes. Heureusement il ne sera pas obligé d’être présent à tous les offices.

Garin retrouve également les deux moines entrevus dans la forêt, frère Raoul, un jeune moine, et frère Sévère, à l’aspect plus rébarbatif. Un peu Laurel et Hardy avant l’heure. Si Garin et Frère Raoul font plus ample connaissance, durant les heures permises aux dialogues dans le cloître, frère Sévère est nettement moins abordable. Quant au crâne il a disparu du reliquaire dans lequel il était enfermé.

Garin est chargé de dresser l’inventaire des reliques, le bras d’un saint, quelques gouttes du lait de la Vierge, deux épines provenant de la couronne du Christ et autres objets précieux. Frère Robert qui avait l’habitude de se réchauffer près de la cheminée dans le scriptorium disparait. Il est retrouvé un peu plus tard, mort, la paume d’une main brulée, le crâne de Saint Aubert gisant près de lui.

 

Garin va devoir enquêter, il s’en sent l’obligation morale, mais il a bien du mal à évoluer dans les couloirs, les corridors, les galeries, les nombreuses pièces composant l’abbaye, les passages plus ou moins secrets, dans les ténèbres car il n’y a pas encore l’éclairage électrique au Mont. Juste quelques chandelles et torches dispersées ici ou là.

Les moines et les novices résidant au Mont ne sont guère nombreux, un peu plus d’une vingtaine. D’ailleurs l’un des novices, qu’il avait surpris pleurant, ne fait plus partie de la congrégation. Quelques pèlerins viennent également se recueillir et une délégation venant de Dol doit être reçue. Une ombre noire, un moine armé d’un couteau, rôde dans ce qui constitue un véritable labyrinthe. Garin va même devoir sauver sa peau, empêtré dans les sables mouvants alors qu’il était parti à la pêche aux coques, accompagné d’un des moines.

Une aventure périlleuse pour Garin et une enquête qui ne manque pas de lui réserver de nombreuses surprises. De même qu’à Louys également car son statut de revendeur de reliques ne plaide guère en sa faveur, surtout avec la disparition des objets sacrés appartenant au Mont.

Pour le lecteur, c’est une aimable histoire doublée de la découverte du Mont et de son abbaye en cette année 1357, abbaye qui n’avait pas encore pris les proportions qu’elle possède de nos jours avec les ajouts qui se sont succédé au fil des siècles. D’ailleurs des pièces avaient été murées, et certaines n’ont été redécouvertes que depuis quelques décennies, à la faveur de rénovations.

Un roman plaisant, historique inspiré d’une légende, celle de l’archange Saint Michel obligeant le moine Aubert à édifier sur le mont Tombe une église en son honneur en lui appuyant un doigt sur le crâne et y laissant sa marque, roman doublé d’une enquête menée difficilement par Garin qui ne connait guère les aîtres et se trouve plus ou moins soupçonné.

Un roman humoristique également, car Garin est un affabulateur, un adolescent aimant déguiser la vérité en sa faveur, s’inventant des ancêtres prestigieux.

 

Le problème du mensonge, c’est la mémoire : il faut se rappeler tout ce qu’on a dit.

Garin ne prit même pas le temps de réfléchir : inventer une vie de saint, c’était facile, car on pouvait vraiment raconter n’importe quoi, au besoin en s’inspirant de bribes de vie d’autres saints.

Réimpression le 7 mai 2013. 208 pages. 6,60€.

Réimpression le 7 mai 2013. 208 pages. 6,60€.

Evelyne BRISOU-PELLEN : Le crâne percé d’un trou. Folio Junior N°929. Gallimard Jeunesse. Parution le 2 novembre 1998. 210 pages.

Réimpression le 7 mai 2013. 208 pages. 6,60€.

ISBN : 978-2070519460

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19 mars 2019 2 19 /03 /mars /2019 05:55

Quand Georges-Jean Arnaud écrivait des Luc Ferran sous le pseudonyme collectif de Gil Darcy !

Gil DARCY : Luc Ferran cravache.

Inquiète de ne pas avoir eu de nouvelles de Roberto, son mari, depuis deux jours, Maria Manelli s’est décidée à faire appel au responsable de son service. Roberto, officiellement représentant en appareils électriques, émarge à un service secret, le N.I.D. Mais elle n’a guère d’espoir, d’autant que des individus surveillent son immeuble.

A son grand soulagement c’est Luc Ferran qui se présente afin d’enquêter sur cette disparition mystérieuse. Elle connait bien l’agent secret puisqu’ils se sont rencontrés lors d’une affaire précédente, Sérénade pour Luc Ferran (même collection N°90) et que lui et son mari font partie du même service.

Roberto devait se rendre à Chioggia à bord d’un dinghy, surveiller un endroit, sans précision autre. Souvent la route des eaux est plus courte que celle de la terre, lorsqu’on habite à Venise. Luc Ferran prête une arme à feu à Maria, laquelle lui indique que son mari avait ramené peu de temps auparavant un paquet. Après quelques recherches ils mettent la main sur l’objet qui contient des cartouches de cigarettes américaines. De la contrebande.

Luc Ferran se rend à Chioggia mais également suit ceux qui surveillaient l’appartement de Maria, non sans risques. Il est parfois obligé d’échapper à ses poursuivants en passant par les toits. Et certains d’entre eux vont se retrouver à terre, vraiment mal en point. Le correspond de Roberto à Chioggia, son responsable et en même temps grossiste en appareils électriques, une couverture qui rapporte, lui signale qu’un avion américain s’est abîmé en Albanie, ce qui explique en partie la provenance des fameuses cigarettes.

S’engage un bras de fer entre réfractaires et policiers albanais, plus quelques individus attirés par l’appât des cigarettes, tous aux trousses de Roberto, lequel aurait passé la frontière à la recherche du lieu du crash et repéré l’appareil dont aucun des membres n’auraient apparemment survécu. Luc Ferran s’introduit lui aussi en Albanie et retrouve Roberto qui était détenu en prison, grâce à l’action des réfractaires, c’est-à-dire des opposants au régime. Mais Luc Ferran et Roberto, qui avoue émarger également à la CIA, il n’y a pas de petits profits, vont se trouver dans des situations périlleuses dont ils auront bien du mal à se dépêtrer.

 

Le titre se justifie dans le fait que Luc Ferran est obligé de se déplacer à dos de mule dans une région montagneuse aride et dangereuse où le moindre faux pas peut précipiter les voyageurs dans des gouffres.

L’avion contenait outre des cigarettes destinées à l’armée américaine basée en Allemagne des documents, mais l’appareil s’était détourné de son vol pour des raisons atmosphériques. Mais ce sont bien les conditions de vie et les problèmes intérieurs de l’Albanie qui sont ici évoqués. Un régime totalitaire, replié sur lui-même, isolé du reste du monde jusqu’à la chute en 1991 du régime communiste stalinien qui gérait alors le pays sous un joug écrasant. Depuis, le régime politique a évolué, mais la scission de la Yougoslavie en plusieurs états, dont le Kosovo, n’ont en rien arrangé l’économie du pays.

Luc Ferran se montre un être implacable, n’hésitant pas à tirer dans le dos de ses adversaires, mais il est également courageux, pugnace, obstiné quelles que soient les situations. Il est aussi attiré par les femmes, celle de Roberto qui manque tomber dans ses bras. Un sursaut et l’honneur est sauf. Et il n’hésite pas non plus à faire du charme à une gamine de seize ans, la fille d’un des réfractaires qui l’aident dans son entreprise et ses recherches de l’avion perdu en Albanie. C’est un homme avec ses qualités et ses défauts.

Un roman d’espionnage sans aspect politique ne peut se concevoir. Et naturellement Georges-Jean Arnaud n’est pas tendre, via son héros, avec les Etats-Unis. Ainsi lorsque Roberto se justifie d’appartenir à la CIA :

Je n’ai pas pensé que je trahissais le N.I.D. puisque les USA font partie de l’O.T.A.N.

Luc Ferran répond :

Ce n’est plus une entente entre nations, c’est quelques nations au service d’une autre plus puissante. Les Etats-Unis sont libres d’avoir leur S.R., mais dans ce cas qu’ils n’empiètent pas sur les prérogatives de l’O.T.A.N.

 

Gil DARCY : Luc Ferran cravache. Collection Espionnage N°147. Editions de l’Arabesque. Parution 4e trimestre 1960. 192 pages.

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18 mars 2019 1 18 /03 /mars /2019 05:25

Quand on vous dit qu'il vaut mieux prendre le car !

Alain GANDY : Un week-end meurtrier.

Un car qui plonge dans les gorges de l’Aveyron, lors d’un violent orage en cette semaine de Pâques 1980, et c’est la fin du voyage pour une trentaine de touristes venus en pèlerinage dans leur région natale. Ils étaient partis heureux de Paris et les voilà coincés dans une carcasse de ferraille ou flottant dans l’eau. Le juge d’instruction Massac convoque son ami Combes, ex-gendarme reconverti en détective privé, afin d’enquêter sur ce drame.

Théoriquement trente cinq victimes sont dénombrées, plus les deux chauffeurs, mais des désistements ont eu lieu, juste avant le voyage, pendant et même à l’arrêt de Bescatel, lieu où s’est produit l’accident. Combes n’est pas très chaud pour se substituer à la maréchaussée, mais sur les instances de la magistrature il se soumet. Il se rend donc sur place en compagnie de Massac et en apprend de bonnes.

Quatre personnes ont faussé compagnie à Rodez, et un jeune couple à Bescatel même. Mais le plus surprenant, ce sont les déclarations des rares témoins. Certains auraient entendu des coups de feu, un autre aurait aperçu un homme en compagnie d’un chauffeur qui dirigeait la manœuvre du car. La plus grosse surprise qui attend Combes et le juge, c’est de retrouver le conducteur à son volant avec un trou au milieu des yeux. Une balle tirée délibérément.

Un voyageur repose au fond du car, lui aussi atteint mais à l’arrière de la tête. Il vit encore, mais il est plongé dans le coma. Combes ne rechigne plus à la tâche qui lui a été confiée et se rend même à Paris afin d’interroger le patron de l’agence qui a organisé le voyage. Et il ira de surprises en surprises. Claire sa femme et ses deux enfants, Robert et Clairette seront mis à contribution afin de dénouer les fils de cette intrigue.

 

Une fois de plus Alain Gandy nous propose une aventure palpitante, solide, pleine de rebondissements, dans une région française pourtant pas réputée pour ses délits et ses crimes de sang.

Il ne se perd pas en descriptions oiseuses et l’épilogue tombe comme un couperet, sans traîner en longueur.

Le personnage de Combes prend de plus en plus d’épaisseur, et ses confrontations avec le juge Massac, et le procureur Proutès le montrent en homme déterminé, mais également humain, sensible. Mais que serait Combes sans l’apport et le soutien efficace de sa femme et de ses enfants ?

Alain GANDY : Un week-end meurtrier. Collection Polar de France. Production J. Balland. Presses de la Cité. Parution 20 mai 2009. 240 pages. 22,00€.

ISBN : 978-2258076808

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17 mars 2019 7 17 /03 /mars /2019 05:34

Derrière chez moi, savez-vous quoi qu’y a

Derrière chez moi, savez-vous quoi qu’y a

Y a un bois, le plus joli des bois, petit bois derrière chez moi…

Marc VILLARD : Compagnons des forêts.

Au début des années 1960, même si l’écologie n’était pas encore à la mode, les vacances sous la tente, dans des prés ou des bois, étaient un dérivatif pratiqué par des millions de Français. Les joies de la nature, le chant des petits oiseaux, que du bénéfice pour la santé, et surtout pour les jeunes adolescents que nous étions.

C’est ainsi que Marc Villard, et quelques garnements de son âge, environ, se trouvèrent enrôlés dans les Compagnons des forêts, sorte de scoutisme amélioré et moins prosélyte. Et son premier contact avec les Compagnons des forêts, son entrée dans ce cercle fermé, c’est en pleine nature dans les Pyrénées qu’il a lieu.

Trois semaines consacrées à la marche, à la vie en groupe, aux veillées et une tente partagées entre cinq occupants qui se découvrent. Cinq garçons évidemment, car les filles sont logées dans leur tente à elles. Pas de mélange, Woodstock n’était pas encore passé par là. Et le jeune Marc fait la connaissance des frères Chassepot, des jumeaux plus vieux que lui d’un an, des Noirs. Mais à cet âge et à cette époque, la couleur de peau n’entrait pas en ligne de compte dans les amitiés.

De treize ans jusqu’aux portes de la majorité, qui était alors de vingt et un ans, Marc Villard déroule ses souvenirs d’adolescent, pas plus calme, pas plus turbulent que les jeunes de sa génération, vivant dans une zone semi-urbaine, semi-rurale, entre Versailles, Viroflay, Plaisir, Chavenay où les champs n’avaient pas encore été réduits à des lotissements envahissants.

C'est Le temps de l'amour, le temps des copains, et de l'aventure… Chantait Françoise Hardy mais avant il y avait eu Le temps des copains de Robert Guez avec un jeune comédien qui allait devenir célèbre en imitant De Gaulle. Henri Tisot. Mais ça, c’est une autre histoire.

Les chapitres qui composent ce court roman sont autant de vignettes, comme des souvenirs éclatant en flashs dans l’esprit, sous les yeux, des remémorations que l’on se représente avec nostalgie et attendrissement. Des épisodes que l’on ne revivra plus, non pas à cause de l’âge, mais parce que cela n’existe plus.

Par exemple, ouvreuse dans les cinémas. C’est bien une époque révolue. Et le jeune Marc, afin d’arrondir des fins de mois difficiles, l’argent de poche n’étant distribué qu’avec parcimonie, a effectué quelques vacations dans un cinéma de quartier le dimanche. Et il laissait entrer des copains à l’entracte afin que ceux-ci puissent regarder les films projetés.

Ou encore aller ramasser des pommes de terre, le glanage de tubercules, dans les champs environnants. Maintenant ce sont les machines qui effectuent le travail. Les machines n’ont pas besoin de se baisser et ressentir les désagréments du mal de dos.

Autant de petites réminiscences qui surgissent lors du détour des pages. Et ces altercations entre les tenants des Chaussettes noires et d’Eddy Mitchell, et ceux qui ne voyaient ou n’entendaient que par les Chats sauvages et Dick Rivers. Le bon temps du Yéyé. Alors que tous nous aimions gratter péniblement de la guitare, Marc Villard lui s’adonnait à la batterie, qui n’était pas celle de cuisine.

Et passons sous silence les premiers baisers avec incursion de la langue. Ceci entre dans le domaine privé… de sensations, au départ. Mais Marc Villard se dresse parfois comme le Chevalier blanc au secours de la veuve et de l’orphelin. Et surtout de jeunes filles en difficultés, théoriquement à l’abri sous leurs tentes et convoitées par des Grecs… Mais il n’est pas seul pour réaliser cet exploit.

Un texte dans lequel je me suis retrouvé la plupart du temps. Il est vrai qu’entre Marc Villard et moi, il n’y a qu’à peine deux semaines de différence, et que nous vivions à cette époque dans la banlieue parisienne, la capitale étant si loin et pourtant si proche, et presque l’aboutissement de nos rêves d’adolescents. Mais je vivais à l’opposé de Marc Villard, géographiquement, habitant dans la même petite ville qu’Alain Demouzon mais ne fréquentant pas le même établissement scolaire.

Existe au format numérique : 3,99€.

Existe au format numérique : 3,99€.

Marc VILLARD : Compagnons des forêts. Collection La petite maitresse en maillot de bain N°10. Editions Après la Lune. Parution 8 juin 2006. 62 pages.

ISBN : 978-2352270164

Existe au format numérique : 3,99€.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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