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28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 13:46

Bon anniversaire à Alain Puiseux, né le 28 mai 1963.

Alain PUISEUX : Bienvenue au Paradis.

Cortez a été mis à la porte de son squat. Des hommes sont venus, ont tout cassé, tout démoli et il n’a rien pu sauver pas même ses précieux carnets.

Vêtu simplement d’une couverture, il regarde son immeuble qui n’est plus que ruines.

Il est recueilli par Alice, une vieille dame qui l’appelle son Jésus. Comment se fait-il qu’il vive dans la forêt, près de la Sascatchoe, non loin d’une bourgade dirigée par un shérif féminin prénommé Martha ? Martha c’est aussi le nom de l’élan qui vient le voir de temps à autre dans la clairière où se dresse sa cabane. Refuge de récupération.

Il n’est pas seul, puisque vivent avec lui deux gamins, les jumeaux Tim et Tom. Et il a des amis, un endroit où se désaltérer. Enfin il peut trouver un sens à son existence, en aidant plus paumé que lui.

Comment est-il arrivé dans ce lieu tranquille, bucolique, serein ? Peut-être à bord d’un avion, peut-être comme ça d’un claquement de doigts, d’un coup de baguette magique.

 

Le rêve et la réalité se mélangent sous forme de retour arrière, de flash, de rêves (ou de cauchemars) éveillés. Un roman tendre, sensible, noir et vert, féroce sans être méchant dans la description de la noirceur d’un monde urbain, lyrique lorsque la forêt et les animaux tiennent la vedette, avec parfois la dose d’humour qui permet de digérer toutes les infortunes, les misères que la vie se charge de déposer aux pieds des plus démunis.

Deux mondes parallèles qui se télescopent à certains moments puis s’éloignent à nouveau comme si rien ne s’était passé.

 

Alain PUISEUX : Bienvenue au Paradis. Collection Hors Noir 27. Editions Hors Commerce. Parution le 22 juin 2001. 248 pages.

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28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 08:36
Eric KRISTY : Circulez !

Y'a rien à voir ?

Eric KRISTY : Circulez !

Noblard est affecté à la surveillance d'un quartier du 20e arrondissement de Paris en compagnie d'un flic de quartier nommé Roussillon.

Travail qui pourrait se dérouler sans trop de peine, s'ils n'étaient appelés en renfort sur les lieux d'un hold-up. Arrivés les premiers sur place, Noblard et Roussillon se trouvent nez à nez avec les deux braqueurs. Roussillon, perdant son sang-froid, abat l'un des jeunes malfrats, malgré l'intervention de Noblard. Bavure ? Pas bavure ?

La consigne est donnée par le brigadier Richez : Roussillon a tiré se croyant menacé. La légitime défense est le mot d'ordre. Coincé entre des chefs qui ne veulent pas de retombées capables de briser leur carrière, l'IGS la police des police qui condamne plus facilement les agents de la paix que les fauteurs de trouble, et les journalistes en mal de copie, ceux-là même qui le lendemain dénonceront le laxisme de la justice, Noblard se demande comment se sortir du bourbier dans lequel il est plongé.

La victime ne possédait pas de papiers sur lui, mais son identité est bientôt révélée, puis par recoupement celle de son compère, Marc Perez. Noblard reçoit chez lui des lettres anonymes vengeresses l'accusant de complicité. Un soir il est agressé à son domicile par Perez et la vendeuse du magasin où a eut lieu le hold-up raté. La concierge de Noblard qui lui apportait son linge est abattue avec l'arme du policier et le couple s'enfuit à moto.

Le commissaire Hérald n'est pas convaincu par les explications de Noblard qui affirme ne pas avoir reconnu ses agresseurs. Richez lui ordonne de ne pas changer d'un iota sa version des faits survenus depuis le début de l'affaire.

Noblard tente de convaincre Karine, la vendeuse, d'influer sur Perez afin qu'il disparaisse de la circulation, prêt à les aider financièrement. Mais Perez braque une armurerie. Noblard se rend chez Karine mais il arrive en même temps que Richez. Perez tire sur le brigadier, les flics arrivent en renfort et le couple est abattu.

Interrogé par Hérald, Noblard travesti les événements, déclarant que Richez avait tenu à ce qu'il l'accompagne pour une arrestation dont il pensait tirer profit.

 

Deuxième aventure à la Série Noire de Noblard, Circulez est un roman qui nous fait découvrir l'autre face du miroir sans toutefois s'apitoyer sur les malheurs du policier dans l'exercice de ses fonctions.

Un livre à lire au premier, au deuxième, et peut-être même au troisième degré. On peut y trouver une parabole en essayant de deviner à travers les lignes un message, décortiquer la trame de l'histoire en traquant les impulsions du personnage, dénigrer une corporation dans son ensemble en oubliant qu'elle est composée d'êtres humains réagissant selon les événements et les sollicitations diverses provenant des ordres, du respect, du cœur et de la raison.

Noblard est un homme normal vivant avec ses contradictions. Pour cela il se sent mal dans sa peau et ses relations avec Clara, son amie, ne sont pas toujours au beau fixe.

 

Je suis poulet trente neuf heures par semaine, pas plus. Le reste du temps je suis comme tout le monde.

Eric KRISTY : Circulez ! Série Noire N°2107. Parution septembre 1987. 192 pages. 4,90€. Disponible.

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27 mai 2015 3 27 /05 /mai /2015 15:44

Elle nous supporte bien...

Sébastien DEVILLERS : Supporter la Terre.

Une jeune femme découverte suicidée dans un appartement qui n'est pas celui dans lequel elle vit habituellement, voila de quoi nourrir les questions que se pose Louis Dommage, détective privé.

Le crochet auquel elle s'était pendue avec une corde à linge n'a pas tenu sous le poids, mais de petits détails font tiquer le détective. Par exemple, pourquoi le plâtre qui est tombé du plafond sur la figure de la victime est quelque peu poisseux, comme si du sparadrap avait été apposé sur la bouche de la jeune femme. Une bizarrerie à approfondir pense-t-il. Tout comme la découverte de lingerie fine dans un tiroir. Tout comme la découverte de la pièce d'un Euro que la jeune femme porte sur elle. Un Euro, ce n'est pas grand chose, mais cela veut dire beaucoup, lorsque le côté face représente une chouette. Mais auparavant il prévient la police de sa découverte macabre.

Louis Dommage travaille depuis quelques années dans une agence de détectives avec Jérôme Taillefer, le patron bon garçon, et Stéphane, spécialiste en informatique. Il recherchait Laurence pour le compte de ses parents, qui vivent encore dans le Limousin, et n'avaient plus de nouvelles de leur fille depuis quelque temps.

Laurence était une fille simple, sans problème, qui travaillait à la vente de billets d'avion, et aidait des associations caritatives. Une apparence car en réalité la vie de Laurence était plus complexe que ses proches pouvaient imaginer. Pour les parents, elle était hôtesse de l'air, pourtant ils auraient dû penser qu'elle affabulait, vu son embonpoint. Et pour ceux avec qui elle était en relation, au dépôt des Restos du Coeur par exemple, elle était native soit de Dunkerque, soit du Sud de la France, ou d'une autre province profonde. Et lorsque Stéphane effectue des recherches en explorant le disque dur de son ordinateur, c'est pour s'apercevoir qu'elle correspondait avec de nombreux hommes, et des femmes, via des sites de rencontre. Et le travail de Stéphane est de dénicher qui se cache derrière les nombreux alias utilisés.

 

A la clinique Saint-Jean, dans un des beaux quartiers de la capitale, Jean-Charles Letailleur officie comme Directeur des Relations Humaines ou des Ressources Humaines, selon le critère que l'on veut accorder à ces nouvelles appellations de Directeur du Personnel. Soit on se met à la portée et à l'écoute de ses subordonnés, cas N°1, soit on se conduit en esclavagiste, Cas N°2. Jean-Charles Letailleur serait plutôt à placer dans la catégorie du cas N°1, car il n'aime pas voir les gens souffrir. Les bêtes non plus d'ailleurs. Il est pétri de compassion envers les malades en fin de vie, comme sa grand-mère Guillemette, Mimette pour les intimes dont il fait partie. Son corps rongé par le cancer. Et un soir, il l'aide à trépasser en douceur, il lui semble bien qu'elle le lui a demandé. Sa Grand-mère l'a élevé, il lui devait bien ça. Car son père, directeur de la clinique et principal actionnaire, et sa mère responsable dans une grande entreprise et toujours par vaux et par monts, n'avaient pas eu le temps l'éduquer. Ils sont très riches et lui aussi par conséquent.

 

Autre lieu, dans un restaurant, Béatrice et Paul s'alimentent. Nourritures spirituelles et terrestres sont au menu. Béatrice aimerait un peu plus de contact de la part de Paul alors que lui s'enferme dans une discussion philosophique. Passera-t-il à l'action, lui touchera-t-il la main, lui proposera-t-il une soirée agréable, ce jeune homme qu'elle a connu via un site de rencontre ?

 

Laurence n'est pas seule à être retrouvée suicidée. D'autres cadavres viennent s'ajouter à ce début de liste tenue par Louis Dommage et ses compagnons de l'agence. Des suicides qui ne souffrent pas de déni, et pourtant. L'un a été retrouvé au pied d'un précipice dans le parc des Buttes Chaumont tandis que l'autre s'est noyé volontairement. Mais pourquoi donc ceux-ci portaient sur eux une pièce d'un euro représentant une chouette ?

 

En général je n'apprécie guère les digressions dans un roman, jugeant que cela gâche la lecture et ralentit l'action. Mais dans ce livre elles sont les bienvenues car elles apportent de l'épaisseur indispensable aux personnages, ce que l'on pourrait appeler du "bon gras".

Par exemple les échanges sur Facebook entre jeunettes cachées sous un pseudo, comme il va de soi, une conversation parasitée par un individu qui se dissimule sous l'alias d'Hadès. Ou comme le fait remarquer à Dommage l'une des personnes qu'il rencontre :

Internet a bien des défauts, en particulier celui de donner la parole aux imbéciles, mais il permet aussi enfin la rencontre des esprits, sans l'obstacle des corps.

 

Ou la descente aux enfers et sur le pavé d'un agriculteur qui en mal d'affection avait pensé trouver sa promise, sur les conseils de l'adjoint au maire de son village, auprès d'une fille de l'Est. Ou comment un bon futur père de famille devient homosexuel par frustration, sa femme se refusant afin de ne plus se consacrer qu'au bébé à naître.

Ou la conversation entre Dommage, Stéphane et Taillefer qui discutent sur la position de l'Eglise par rapport au suicide. C'est l'occasion pour Louis, alors que Sylvie leur secrétaire a mal aux dents, ou à une dent, dans ces cas là on ne sait plus trop, de se remémorer ce que disait son curé à propos de l'éternité.

Et puis tu as mal toujours, la douleur ne te quitte jamais. Jamais, tu sais ce que ça veut dire, jamais, petit enfant ? Ça veut dire pour l'éternité. L'éternité, c'est comme une infinité de secondes et d'heures. Infini c'est comme le nombre de grains de cailloux qui font les rues de Paris multiplié par le nombre de grains de cailloux qui font les rues de toutes les villes du monde, multiplié par le nombre de grains de sable qui font les déserts du monde, multiplié par le nombre de mondes qui flottent dans le ciel ! Et quand tu en es là, ce que tu obtiens est comme le sable que ta main peut contenir par rapport au désert qui t'environne.

 

Un roman passionnant, qui s'articule comme un film à sketches, les chapitres se poursuivant les uns les autres, sous forme de petites nouvelles qui s'imbriquent les unes les autres, en apparence sans lien et pourtant qui constituent une intense réflexion sur les sites de rencontre par exemple, le comportement des personnes qui professent trop d'empathie à l'encontre de personnes dépendantes ou faiblardes mentalement. Un roman à tiroirs qui décèlent à leur ouverture les faiblesses de la vie.

L'on retrouve avec plaisir Louis Dommage, dont nous avons pu faire la connaissance en 1987 dans le premier roman de Sébastien Devillers Otage, après avoir subi quelques avatars rapidement expliqués et trouvé une compagne nommée Muriel. Un homme sympathique, qui aime comprendre les tenants et les aboutissants d'une affaire, les positions des uns et des autres, rechercher la faille qui se cache dans l'esprit des divers protagonistes liés de près ou de loin qu'il rencontre.

Pour découvrir les éditions Assyelle :

Sébastien DEVILLERS : Supporter la Terre. Editions Assyelle. Parution 23 janvier 2015. 298 pages. 18,00€.

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27 mai 2015 3 27 /05 /mai /2015 13:11
Thierry JONQUET: Le manoir des immortelles.

Ils ont tout faux...

Thierry JONQUET: Le manoir des immortelles.

De la fenêtre d'un studio de la rue Bouchereau dans le 14ème arrondissement de Paris, Hadès photographie les inconnus qui pénètrent dans l'immeuble d'en face. Il expose sur les murs de la pièce les portraits numérotés des visiteurs. Lorsqu'ils ressortent, Hadès leur emboîte le pas et s'arrange pour connaître leur identité. C'est ainsi qu'il décide de supprimer N°52.

Le commissaire Salarnier et son adjoint Rital sont désignés pour enquêter sur la mort d'un décapité près de Bercy. Il s'avérera que le défunt, du nom de Harville et médecin légiste de son état, a eu la tête tranchée par une faux. En compulsant les dossiers des personnes disparues et des crimes non élucidés, ils constatent que deux autres meurtres ont été commis de la même manière quelques semaines auparavant. Ils apprennent que les trucidés exerçaient une profession en rapport avec la mort. L'un était propriétaire d'un magasin d'articles funéraires, l'autre fonctionnaire responsable des cimetières. Autre coïncidence troublante, les trois morts ont retiré de l'argent dans la même agence bancaire près de l 'avenue du Maine.

Hadès continue sa surveillance de jour, regagne son manoir le soir et passe quelques heures auprès de Lola. N°56 est fauché dans la fleur de l'âge.

Salarnier et Rital, prévenus qu'un nouveau meurtre vient d'être perpétré dans des conditions semblables, se rendent chez le trépassé. Réalisateur de télévision, Fabrard avait pour projet une émission intitulée Images de la mort de Dürer à Dali. Une rétrospective de tableaux de maîtres dont le personnage est la Mort et qui offre un panorama évolutif. Salarnier, lui-même confronté à la mort - sa femme décède d'un cancer - s'implique personnellement dans cette enquête.

Parmi les appels téléphoniques de Fabrard, Rital relève un numéro qui correspond à celui d'une prostituée de luxe, Nadine Holereau. La jeune femme reconnait d'après les clichés qui lui sont soumis quatre de ses clients. Salarnier met en place un dispositif de surveillance. L'inspecteur Lazleau est chargé de raccompagner la jeune femme à son appartement en banlieue et d'épier l'entrée de l'immeuble. Rital joue le rôle d'un client. Hadès le suit. Il est repéré par les hommes de Salarnier mais il peut leur échapper, après avoir blessé Rital, profitant d'une manifestation qui se déroule fort à propos.

Tandis que Salarnier trouve le studio d'où Hadès espionnait l'entrée de l'immeuble de Nadine, Hadès prend en otage la gamine de la prostituée et la confie à un couple devant un manège. Puis il se rend chez la jeune femme, la questionne sur Salarnier puis l'oblige à le suivre à son manoir. Il montre à la jeune femme une photo datant de 58 sur laquelle elle reconnait une femme lui ressemblant. Hadès lui injecte le contenu d'une seringue.

 

Comme dans ses précédents romans Thierry Jonquet met en scène un personnage psychopathe, dont la raison a divagué à la suite d'un malheur familial. Une livre dense, concis, où tout est écrit en peu de pages. L'on suit le personnage de Hadés avec un certain intérêt, mais c'est celui de Salarnier qui retient le plus l'attention. Sa femme se débat contre la mort et le commissaire est partagé entre sa peine et son enquête.

 

Thierry JONQUET: Le manoir des immortelles.

T'es un drôle de catholique, toi Rital, dit Salarnier, tu gobes les discours du Pape, mais tu aimes bien farfouiller dans les recoins cradingues... Moi, au moins, je crois en rien.

Thierry JONQUET: Le manoir des immortelles.

Thierry JONQUET: Le manoir des immortelles. Série Noire N°2066. Parution 1986. Rééditions : Série Noire, nouvelle couverture. Parution avril 1998. Folio Policier N° 287. Parution février 2003. 3,00€.Disponible sur le site de la Série Noire.-

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26 mai 2015 2 26 /05 /mai /2015 10:58

Ah bin, chat alors !

Jérémy BOUQUIN : A mort le chat !

Le lecteur entre dans ce bouquin, pardon, dans ce livre comme on saute à pieds joints dans une mare de boue. Cela éclabousse de partout, ça laisse des traces dans les neurones, et on se dit que pour une fois le héros n'est vraiment pas quelqu'un de sympathique, quelqu'un avec qui on aimerait passer ne serait-ce qu'un après-midi.

D'ailleurs, dès le premier Chat pitre, le ton est donné. Aujourd'hui j'ai tué mon chat. Pas par accident, non, volontairement. Tout ça parce que son chat a eu le malheur de parler. De l'invectiver, de l'insulter, lui, son maître. De le traiter de tous les noms, au nom de quoi, je vous le demande. Non, vous ne pouvez pas savoir... Bref, Jarring, c'est le nom du massacreur de chat, a écrasé, balancé contre les murs, écrabouillé la tête de son félidé, tout ça à cause de quelques paroles malheureuses. Comme s'il n'y avait pas assez de son père pour lui parler, son père est décédé depuis des années je précise, qui se rappelle à son bon souvenir.

Jarring est perpétuellement sous tension. Il banque pour 3000 euros par semaine, c'est lui qui l'affirme, en ecstasy, cannabis, résine, herbe, et autres médicaments dopant le tout ingéré avec de nombreux verres d'alcool afin de mieux dissoudre ce qu'il ingurgite. Ce qui veut dire qu'il n'est pas toujours frais et stable dans ses baskets. Cela ne l'empêche pas de travailler comme lobbyiste, c'est à dire en bon français qu'il est une personne qui organise un groupe de pression auprès d'autorités politiques afin de défendre des intérêts économiques, professionnels.

Je ne crois en rien pourtant je vends de tout ! Mais pas à n'importe quel prix !

L'entretien avec son nouveau client s'établit au restaurant. L'homme veut vendre des produits compliqués, des OGM, seulement l'Europe renâcle entraînant à sa suite le refus des gouvernements et des fonctionnaires. Il représente de nombreuses entreprises agroalimentaires. Pourtant, c'est lui qui l'affirme, il faut motiver les Français à le consommer. Un travail comme un autre même si les carottes râpées dans l'assiette de Jarrings, il est végétarien, ont du mal à rejoindre son estomac. Néanmoins il accepte la mission après mûre réflexion, contre un chèque à six chiffres, il aura des frais, et il se retourne auprès de Catherine, sa fidèle amie amante, toujours disponible à l'aider. Auparavant il se rend chez son psy, comme toutes les semaines, il se procure une arme de poing, et achète un chaton. Son appartement est si vide.

Catherine est une belle plante nourrie aux OGM, c'est à dire qu'elle est botoxée, siliconée, ravalée, entièrement de la tête aux pieds, surtout aux endroits stratégiques. Mais ça lui va bien. Elle possède un carnet d'adresses indispensables, effectue ses recherches et trouve le client idéal, celui qui devrait porter haut les couleurs des OGM à l'Assemblée Nationale et convaincre ses petits copains de l'hémicycle.

Un député-maire d'une petite commune du Sud, favorable aux OGM, peut-être ancien communiste et dont les parents sont écolos. L'homme idéal pour porter la bonne parole.

 

Et c'est comme ça que notre "Héros", va à la rencontre de celui qui pourrait assumer cette mission. Les ennuis commencent lorsqu'il veut louer une voiture, lui qui n'a pas de permis. Et son chaton, qu'il emmène, se méfie de lui. Il doit savoir qu'au bout d'un certain temps son maître, son esclavagiste, va se débarrasser de lui. Il en perd ses poils le matou.

 

Drogué, alcoolique, cynique, violent Jarring est un être malsain, mais très demandé, les hommes politiques étant tout le temps sur la brèche, à cause d'une maîtresse, de trafics d'influence, de perte de vitesse, les petits ennuis inhérents de la vie courante de nos édiles.

Je suis un cuisinier de la vie sociale, je bricole, concocte, je jette de l'huile sur le feu. Je conditionne mes concitoyens.

En nous imposant ce triste personnage, Jérémy Bouquin nous montre l'autre facette de la vie politique et des magouilles qui se trament dans notre dos, grâce à des individus peu recommandables.

Je suis ressorti de cette histoire, qui ne manque pas d'humour, l'esprit mitigé car rien dans ce personnage n'attire la sympathie, au contraire. Dès les premières pages on est révulsé par la violence avec laquelle il se déchaîne envers son pauvre félidé qui ne lui a rien fait, sauf lui parler, mais tout ce passe dans son esprit perturbé. Et mettre en scène un drogué alcoolique, limite schizophrène, destructeur de chats, lui faire endosser le beau rôle, car les clients se pressent afin de requérir ses services, être riche tout en ayant l'esprit en vrac la plupart du temps, cela n'est guère moral.

Et pourtant Jérémy Bouquin parvient à nous scotcher à cette intrigue, et malgré le dégoût ressenti, on ne peut lâcher ce livre. On veut savoir jusqu'où cela va aller dans la démesure. Et heureusement l'épilogue redresse la situation.

 

Jérémy BOUQUIN : A mort le chat ! Editions Lajouanie. Parution le 17 avril 2015. 272 pages. 18,00€.

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26 mai 2015 2 26 /05 /mai /2015 09:03
Julius A. LION : Poulets et perroquets.

Oiseaux de compagnie ?

Julius A. LION : Poulets et perroquets.

Un retraité est retrouvé mort dans son pavillon, troué de deux balles et la figure amochée au coup de poing américain.

Tout est chamboulé et parmi ce foutoir un perroquet crie Le fascisme ne passera pas !

Le commissaire Boule, qui couche avec Antonine Lorenzetti, la fille de son supérieur hiérarchique, est chargé de l'enquête, le crime s'étant déroulé près de chez lui. L'hypothèse retenue est que le meurtre a été perpétré, le vieil homme refusant de vendre sa maison à une société immobilière, la SIPO. Antonine est agressée par quatre loubards. Boule réussit à en interpeller trois, Saari, Diop et Hébrard, le quatrième, Taxi, lui échappant. Ils seraient à la solde de Simon le Danseur, un dealer.

Mme Pombarède, la femme du directeur de la SIPO a assisté de loin à la tentative d'enlèvement. Il se peut qu'il y ait eu confusion entre Antonine et cette dame. Boule alpague Charlie Main de Fer, qui est à la recherche de Taxi, et Simon le Danseur, lesquels sont relâchés peu après. Il apprend par la femme de ménage du retraité que le perroquet ne devrait pas être vivant mais empaillé. Quant à son indic, qui l'avait mis sur la piste de Charlie, il est revendeur pour le compte de Simon. Une guerre des gangs se profile à l'horizon, les tueurs venant de pays méditerranéens.

Boule rencontre l'oiseleur-taxidermiste, qui a empaillé le perroquet et en aurait offert un vivant au cheminot peu avant son décès, ainsi que Pombarède, habitué de la volière. Il dirige également son enquête du côté d'une secte, les Kshatriyas dans laquelle il infiltre un exhibitionniste arrêté par Justine, une de ses fliquettes. Boule échappe successivement à des attentats orchestrés par Simon : charge de dynamite, tueur turc lancé à ses trousses. Boule s'en sort à chaque fois.

Il fait analyser par une amie pharmacienne les sachets de poudre prélevés au hasard de ses recherches; ils ne contiennent que des analgésiques bénins, provenant des laboratoires de Margotte, l'oiseleur qui est aussi fabriquant de médicaments. Taxi est retrouvé mort, poignardé. Alors qu'il se prépare pour un bal masqué, Boule reçoit un appel anonyme l'informant que le temple des Kshatriyas va être attaqué. Il s'y rend en compagnie de ses fliquettes et met la main sur Simon. Boule, blessé ne lui laisse aucune chance en lui tirant dans le ventre. L'étau se resserre.

 

Difficile à résumer ce roman débridé, complexe, dans lequel prolifèrent personnages et intrigues qui s'entrecroisent. L'action est constante et les scènes défilent comme tirées par une mitrailleuse. L'humour est présent à chaque page, aussi bien dans les dialogues que dans la description des situations. Un humour souvent ravageur.

Boule se montre sympathique malgré certaines mesures expéditives, à la limite de la bavure, mais le tout est enrobé d'un ton bon enfant. C'est un jouisseur de la vie, fin gourmet et amateur de femmes.

 

J'allais vous dire merde, mais le respect m'a retenu.

Ce n'est pas que je parle lentement, c'est que vous écoutez trop vite.

Il commença à claudiquer en blasphémant comme un templier sur le bûcher à qui le bourreau demande si par hasard il n'aurait pas une allumette.

Curiosité :

Les chapitres sont précédés d'un titre, comme les bons vieux feuilletons populaires d'antan.

 

Julius A. LION : Poulets et perroquets. Série Noire N°2059. Parution juillet 1986. 256 pages. 6,05€ disponible sur le site de la Série Noire.

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25 mai 2015 1 25 /05 /mai /2015 08:04
Stuart KAMINSKY : Le toutou du président

N'est pas forcément l'un des conseillers qui gravitent dans son entourage.

Stuart KAMINSKY : Le toutou du président

Transportons nous un peu plus de soixante-dix ans en arrière, en 1942 exactement, à Hollywood, et retrouvons notre ami Toby Peters, le détective privé, fauché et affligé d’un mal de dos persistant, sans compter les nombreuses séquelles de blessures recueillies au cours d’enquêtes et altercations dues à sa mauvaise humeur ou son sens de la répartie cinglante pas toujours appréciée de la part de ses interlocuteurs.

Toby Peters se trouve plongé une fois de plus dans une drôle d’enquête mais côtoyant toujours des personnages prestigieux, et l’on se demande comment il arrive à être encore plus fauché et miteux à la fin de son enquête qu’au début, malgré la présence et la participation de ces personnalités.

Cette fois Toby ne se trouve pas entraîné dans les milieux cinématographiques, sa spécialité, malgré deux apparitions savoureuses, tendres et rapides de Buster Keaton, mais se verra proposé par la première dame des Etats-Unis, madame Eleanor Roosevelt, femme de Franklin D. Roosevelt, le président des USA pas moins, l’affaire suivante :

Il doit retrouver Fala, le chien du Président, un petit scotch terrier noir. Du moins le vrai car Eleanor Roosevelt pense qu’il y a eu substitution, et le chien qui vit à côté de son mari n’a plus les mêmes réactions, disons affectueusement canines, auprès de celui-ci, engendrant mauvaise humeur et complications diplomatiques.

Après de multiples horions, plaies et bosses, Toby Peters déchiffrera la clé de l’énigme, ses pas le menant de chez un vétérinaire qui possède un assistant, musclé mais pas très futé, à une réunion d’un nouveau parti des conservateurs. Il est secondé par ses amis Sheldon Minck, le dentiste charlatan, Jeremy Butler, ancien pugiliste et poète, et Gunther traducteur suisse.

Un livre délicieusement rétro mais à la chute un peu fouillis. Je ne résiste pas au plaisir de vous dévoiler cette citation extraite de ce roman :

La ligne séparant la conviction de la folie est aussi fine que l’espace entre deux pensées. Le fou qui emporte notre foi est qualifié de saint, et le saint qui ne nous convainc pas est qualifié de fou.

Stuart KAMINSKY : Le toutou du président (The Fala Factor - 1984. Traduction de Simone Hilling). Série Noire 2015. Parution aout 1985. 320 pages. 6,05€. Disponible sur le site de la Série Noire.

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 08:10

Plus subtil que le piège à loups...

Jeffrey ASHFORD : Piège à flics

A peine sorti de prison, Frenchy Betts rêve d'organiser un gros coup qui le placerait en haut de l'échelle du banditisme.

Pour cela il lui faut disposer d'une équipe mais il ne possède pas le moindre sou vaillant. Il se résout à braquer de minables recettes postales, mais l'argent ne rentre pas assez vite à son goût. Il imagine alors de prendre dans ses filets l'agent de police Phil Grey. Celui-ci vient d'être détaché de la Brigade fluviale au profit du Quartier général de la police du comté de Stellingford, sous les ordres de Parker.

C'est un flic honnête, intelligent, scrupuleux, intransigeant, idéaliste, mais naïf. Respectueux du règlement, il n'accepte pas que l'administration lui retienne sur sa solde la perte de sa vareuse, alors qu'il n'a jamais commis une seule faute professionnelle. Cette affaire lui vaut même un entrefilet dans les journaux.

Betts lui jette entre les bras son amie Vivian. Stripteaseuse et prostituée à l'occasion, elle se fait passer pour une reporter et lui soutire quelques renseignements sur l'activité de la Brigade fluviale et s'intéresse à son cas. Grey, dont Hazel sa femme enceinte est dotée d'un caractère versatile et légèrement acariâtre se plaignant toujours du manque d'argent, essaye de résister aux charmes de la jeune femme. Peine perdue. Betts le photographie alors qu'il tient Vivian à demi-nue dans ses bras.

Utilisant le chantage, Betts oblige Grey à lui signaler les entreprises disposant d'un signal d'alarme. En même temps il prévient Parker, qui rêve de devenir inspecteur-chef, qu'un de ses agents est en collusion avec des truands. Grey se lance seul sur les traces de Betts, comprenant qu'il a commis une bévue mais peu désireux d'avouer la vérité à sa femme ou d'en référer à ses supérieurs.

Un homme qui se dit responsable d'une société de publicité offre à Hazel cent livres sterlings. Aubaine pour la parturiente qui dépense allègrement une partie de l'argent. Parker soupçonne Grey de corruption après le hold-up d'une entreprise et fouille la maison du brigadier. Cependant Hazel ignorant tout des arcanes de cette affaire mais sachant que l'avenir de son mari dépend d'elle, allègue que l'argent lui a été envoyé par sa mère. Assertion que la belle-mère de Grey entérine obligeamment.

Betts enfin en possession de deux mille livres peut s'associer avec Evans et ses hommes et projette de s'emparer de quelques colis contenant des diamants transportés par un cargo en provenance de Durban.

 

Un roman bon enfant qui se lit d'une traite, sans violence, avec une légère suggestion érotique et un zeste d'humour.

L'accent est mis, avec une pédale douce, sur les difficultés matérielles du jeune couple, surtout lorsque le mari travaille au service de la Couronne. Cependant l'intégrité reste l'apanage des policiers même si ceux-ci doivent détourner la loi pour arriver à leurs fins.

Une histoire que certains pourraient qualifier d'utopique. Les progrès de la science médicale ont fait tellement de progrès qu'un accouchement par césarienne ne permettrait peut-être pas de nos jours de localiser si rapidement une femme ayant subi ce genre d'intervention.

 

Une bonne instruction ne fait pas forcément un bon flic.

Jeffrey ASHFORD : Piège à flics

Jeffrey ASHFORD : Piège à flics (Bent Copper - 1971. Traduction de G. Louedec). Série Noire N°1474. Parution mars 1972. 192 pages. Réédition Carré Noir N°430. Parution mai 1982. 192 pages.

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23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 15:46

La qualité française s'exporte !

Pour preuve, le roman de Gilbert Gallerne, Au pays des ombres, Prix du quai des Orfèvres 2010, vient d'être édité en Espagne. Une reconnaissance et la possibilité de tester ses connaissances en langue hispanique pour les vacances.

 

Gilbert GALLERNE : Au pays des ombres.

Le prix du Quai des Orfèvres, c’est un peu comme le vin. Il existe des millésimes passables, moyens, bons, plus rarement très bons, ou exceptionnels. Cette année nous avons droit à un très bon cru, ce qui nous change des fadasseries habituelles. Depuis 1946, date à laquelle ce prix a été créé par Jacques Gatineau, certains auteurs ont été révélés par l’obtention de cette récompense, d’autres connaissaient déjà une certaine notoriété, la plupart sont tombés dans l’oubli. On peut relever au hasard des trois décennies passées les noms de Pierre Magnan, Maurice Périsset, Gérard Delteil ou encore Roger Le Taillanter. Cette année l’heureux lauréat se nomme Gilbert Gallerne, un écrivain confirmé qui possède quelques belles pages à son actif, dont, parmi ses dernières parutions, L’ombre de Claudia ou Le Patient 127. Il me faut préciser que l’article 1 stipule que : Le PRIX DU QUAI DES ORFÈVRES, créé par M. Jacques CATINEAU en 1946, est destiné à couronner chaque année un roman policier sur manuscrit inédit et anonyme, œuvre d'un écrivain de langue française, et donc que l’attribution de ce prix s’effectue sur des qualités littéraires et non sur un patronyme.

 

Depuis le décès de sa femme un an auparavant, Vincent Brémond, officier de la police judiciaire de la capitale, est un homme déboussolé, s’occupant de sa fille Julia en pointillé. Sa femme s’était-elle suicidée avec une arme à feu ? Selon les premières constatations, il semblerait que oui, malgré les doutes, les suspicions de certains collègues et supérieurs, qui sans le dire ouvertement n’en pensent pas moins. Il avait découvert le corps chez eux, au retour d’une mission, mais aucune lettre ou petit mot pouvant expliquer ce geste n’avait été retrouvé. Il s’est mis à boire plus que de raison et Julia du haut de ses douze ans gère tant bien que mal la situation.

Alors qu’il passe un week-end à Cabourg dans sa résidence secondaire, Brémond assiste de sa fenêtre à un assassinat. Il fait nuit et malgré les vapeurs de l’alcool il se lance sur les traces du meurtrier qui lui échappe. Il retourne près du cadavre, par réflexe ou reste de conscience professionnelle, et procède aux premières vérifications. Les forces de l’ordre arrivées sur place ne sont guère convaincues par ses explications, d’autant que dans les poches du mort ils trouvent un billet comportant son adresse. Or, coïncidence, le défunt habitait Nanterre, tout comme Brémond, et venait de purger une année de geôle. D’autres éléments démontrent que théoriquement les deux hommes devaient sinon se connaître, du moins être en relations. Avec son ami Michel, son ancien coéquipier en retraite qui a dû abandonner son métier à cause d’une enquête mal bouclée, il entame une enquête parallèle.

Première résolution, primordiale, arrêter de boire. Ensuite, les idées plus claires, il lui faut échapper aux pièges qui sont tendus sur sa route. Car, quelque chose cloche, comme si des peaux de bananes étaient glissées intentionnellement sous ses pieds. Et surtout s’occuper plus attentivement de sa fille, ne plus la délaisser comme il l’a fait pendant trop longtemps. Il se rend compte qu’elle a mûri depuis le décès de sa mère, et à douze ans, certains gestes, certains regards, certaines paroles n’ont plus la douceur, la naïveté, l’ingénuité de l’enfance.

 

Gilbert Gallerne sait planter le décor, l’atmosphère, les personnages de ses romans, utilisant une narration simple, limpide, fluide, dénué d’effets de manches ostentatoires et d’esbroufe, ce qui n’exclut pas une recherche certaine dans la construction. Le style est plaisant, dépourvu de vulgarité, avec une progression, une montée en puissance dans la narration qui imprègne le lecteur. Insidieusement Gilbert Gallerne fait monter la pression et même si on connaît par qui et pourquoi toute cette histoire est arrivée au trois quarts de l’intrigue relatée de main de maître, des zones d’ombre et de suspense perdurent. Des moments d’intensité qui plongent le lecteur dans le doute et l’angoisse.

Gilbert GALLERNE : Au pays des ombres.

 

Vous pouvez vous procurer cet ouvrage version espagnole chez votre fournisseur amazonien habituel. Ce roman est toujours disponible en version originale française, au cas où, improbable, vous ne l'auriez pas encore lu.

 

Gilbert GALLERNE : Au pays des ombres. Prix du Quai des Orfèvres 2010. Fayard. Parution 18 novembre 2009. Réédition en Espagne parution le 20 avril 2015.

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23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 09:44
Carter BROWN : La veuve aux yeux secs

Au moins elle fait des économies de mouchoirs !

Carter BROWN : La veuve aux yeux secs

Lloyd Carlyle, la grande vedette masculine d'Hollywood, vient à peine de décéder d'un accident de voiture, que Rock Holman, spécialiste des affaires scabreuses, est mandé par son ami Manny Kruger, le directeur des relations publiques de la Stellar productions, et par Joe Rather, le grand patron de la société.

Rick est chargé d'occulter certains aspects de la vie privée de Lloyd afin de ne pas perturber la sortie du dernier film que la vedette venait tout juste de terminer. Ainsi Rita Quentin, la maîtresse en titre de l'acteur, ne doit pas dévoiler sa vie privée, et Justin Godfrey, le frère de Gail la troisième femme de Lloyd, ne pas divulguer une certaine par laquelle Gail justifiait son suicide.

Car Lloyd s'affirmait comme un chaud lapin, et malgré ses frasques, tues au grand public, il s'avérait un homme presque fidèle. Marié, il entretenait une maîtresse et lorsqu'il divorçait il se remariait avec sa maîtresse du moment. Rita accepte de taire sa liaison, à condition que Rick enquête sur le supposé suicide de Gail, alors que pour les médias elle était décédée de façon naturelle, du moins accidentelle. Pis, Rita affirme que Gail a été assassinée.

Vivienne, la veuve de Lloyd, ne se conduit pas en veuve éplorée. Elle se jette même au cou de Rick, pour mieux le provoquer, puis elle le fait tabasser par son amant garde du corps, Marvin Lucas. Nonobstant RIck s'accroche à son enquête.

Il apprend que Gail avait un amant, un scénariste du nom de Lester Fosse. Celui-ci réfute avoir eu une liaison avec l'ex-femme de Lloyd. Pour lui ce n'était qu'une amie d'enfance. Rick soupçonne Justin Godfrey d'avoir inventé la fable de la lettre annonçant le suicide de Gail, et les événements ne lui donnent pas tort. Il s'attache à ses basques, Lester Fosse lui apportant son aide. Il découvre Justin mort, lui aussi "suicidé". En réalité ce sont Vivienne et Marvin Lucas qui l'ont abattu, déguisant le meurtre. Cependant cela ne résout pas les décès de Lloyd et de Gail.

 

Dans ce roman, plus sérieux que les précédents, Carter Brown brocarde la profession du cinéma et stigmatise ceux qui gravitent autour.

Il dénonce l'opportunisme profiteur, le décès d'une star permettant de promotionner un film en évitant vagues et remous. L'abus de boissons alcoolisées et les bonnes fortunes sexuelles abondent, certes, mais seule l'atmosphère est à retenir ainsi que les magouilles. Il force la dose mais c'est peut-être pour mieux enfoncer le clou.

Holman se conduit comme un preux chevalier. Afin que la mémoire de Gail ne soit pas entachée par les journaux auprès du grand public, il révèle au lieutenant de police Karlin les véritables tenants et aboutissants de l'assassinant de la jeune femme, mais il lui demande de fournir aux médias sa version "officielle" de la réalité.

 

Je me dis avec philosophie que rien n'apaise autant les nerfs d'une femme que de casser quelque chose... à part faire l'amour !

Curiosité :

Les amateurs de cinéma pourront rapprocher les décès "accidentels" de Lloyd et de Gail de certaines affaires qui défrayèrent la chronique ou statufièrent des acteurs en devenir en monstres sacrés.

 

Carter BROWN : La veuve aux yeux secs (No tears for the widow - 1966. Traduction de M. Elfivk). Série Noire N°1149. Parution septembre 1967. 192 pages.

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