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12 septembre 2015 6 12 /09 /septembre /2015 09:15
Marvin ALBERT : Quel sac d'embrouilles !

Certains disent plus couramment un sac de nœuds !

Marvin ALBERT : Quel sac d'embrouilles !

Dans ce premier roman mettant en scène Pierre-Ange Sawyer, nous faisons la connaissance de ce détective privé mi-américain par son père, tué pendant la Seconde Guerre Mondiale, et mi-français par sa mère ancienne résistante.

Contrairement aux détectives apparus dans les années 1980, Pierre-Ange n'est affligé d'aucune tare physique ou d'aucune diminution.

 

Attablé dans un café de la rue des Rosiers à Paris, notre héros est le témoin d'un attentat alors qu'il surveillait l'appartement d'une jeune fille qui néglige de donner de ses nouvelles à ses parents inquiets.

Lancé aux trousses des terroristes, son enquête le mènera de la Côte d'Azur à Reims, en passant par Paris et lui donnera l'occasion de faire la connaissance d'anciens collabos. De se poser également quelques questions du genre :

Comment peut-on trouver des gauchistes et des néo-nazis dans le même groupe de terroristes ?

 

Quel sac d'embrouilles est un roman sérieux et fort bien documenté sur certains aspects de la France profonde, notamment sa gastronomie, son histoire ou encore en œnologie. Ce qui est normal puisque, à l'époque de la parution du roman, Marvin Albert vivait depuis de très nombreuses années sur la Côte d'Azur avec sa compagne l'artiste peintre Xénia Klar.

 

Marvin Albert, qui a signé sous divers pseudonymes dont Anthony Rome, Al Conroy, Nick Quarry, a également écrit les adaptations de certains de ses romans à l'écran, dont Violence à Jéricho en 1967, film d'Arnold Laven avec Georges Peppard et Dean Martin dans les principaux rôles, ou encore La femme en ciment de Gordon Douglas avec Franck Sinatra et Raquel Welsh en 1968.

Mais il a également romancé les scénarii des films suivants : La Panthère rose, La plus grande course autour du monde, ou encore What's new Pussy' cat.

 

Marvin ALBERT : Quel sac d'embrouilles ! (Stone Angel - 1986. Traduction de Paul Kinnet). Série Noire N°2097. Parution juin 1987. 288 pages. 6,05€.

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11 septembre 2015 5 11 /09 /septembre /2015 13:14

Et parfois, c'est bien dommage !

Michel EMBARECK : Personne ne court plus vite qu'une balle.

Dans un quartier reconstruit après l'ouragan Katrina, des maisons bâties à l'initiative de Brad Pitt mais qui ne résistent pas au climat, un enterrement à la mode New-Orléans parade. Soudain une voiture déboule et une fusillade retentit. Pau après des sirènes de police se font entendre. Les forces de l'ordre, pas encore débordées mais presque, découvrent à l'arrière d'une de ses constructions, le corps d'un pendu à l'extérieur d'une fenêtre au deuxième étage.

Il ne s'agit pas du premier pékin venu, mais d'un chanteur populaire, Flaco Moreno, d'origine française et reconnaissable particulièrement à son bonnet péruvien. Mais pourquoi avoir mis fin à ses jours alors qu'un nouvel album était prévu, ayant mis le dernier point à ses dernières compositions musicales.

Son père, Mohed Khouri, riche homme d'affaires d'origine libanaise, et sa mère, secrétaire juridique, fille de réfugiés républicains espagnols, lui avaient forgé, inconsciemment peut-être, une conscience politique altermondialiste. Les avis le concernant étaient partagés, ce qui arrive à tout un chacun ayant réussi dans la vie. Par exemple il avait créé son propre label musical, il avait donné des concerts gratuits lors de rassemblements du G8, et certains lui reprochaient son attitude charismatique, aidant les défavorisés tout en menant l'existence d'un nanti.

Si la police a conclu à un suicide, quelques mystère entourent toutefois ce décès. Se pend-on à une fenêtre à l'extérieur d'un bâtiment et qui plus à l'arrière d'une maison ? Pourquoi pas répond une psychologue.

 

Victor Boudreaux, qui se remet tranquillement d'un accident vasculaire cérébral, en compagnie de Jeanne, sa chère Jeanne, une passionnée de cinéma, Victor Boudreaux partage son temps entre la France où il est né d'une mère originaire de la Louisiane et ce petit coin des Etats-Unis où la présence française est encore très prégnante. Il s'est mis martel en tête d'initier et d'entraîner des étudiants au lancer de marteau. Et alors qu'il se demande comment il va pouvoir réunir les quelques trois cent mille euros nécessaires à un projet d'engagement de ses meilleurs poulains dans des concours européens de l'été, il entend une voix l'appeler.

Non, il ne s'est pas incarné en Jeanne d'Arc, c'est un couple qui le hèle. Il s'agit des parents de Flaco Moreno qui désirent l'engager pour enquêter sur la mort de leur fils. Quoi que s'étant rangé des affaires, Victor Boudreaux accepte la proposition, doublant ses tarifs habituels dans le but de récupérer de l'argent pour ses petits protégés.

-N'empêche qu'on a besoin du paquet d'oseille pour les mômes qui s'éreintent à l'entraînement. S'ils ne lancent pas en Europe l'été prochain, ils laisseront tomber la fac, retourneront dans leur quartier, et, comme ce sont des balèzes, un putain de gang les embrigadera.

 

Flaco Moreno était engagé dans de nombreuses causes humanitaires, selon les parents qui aimeraient récupérer les affaires de leur fils, dont son ordinateur et sa guitare. Mais à l'évidence Flaco Moreno était bipolaire dans sa façon de se conduire. D'ailleurs nombreux sont ceux qui se plaisent à le décrire comme étant propriétaire d'un portemonnaie en peau d'hérisson.

En compagnie de son ami Earl Turnbinton, Victor Boudreaux débute son enquête auprès des proches de Moreno, dont le gérant du studio d'enregistrement. Ce qu'ils apprennent ne joue pas trop en faveur du musicien qu'il avait aperçu en compagnie d'une Chinoise, il n'est pas sûr, tout au moins une Asiatique. En remontant la piste, parfois en employant la manière forte, Boudreaux apprend que Moreno avait des accointances commerciales au Vietnam.

Alors, comme ce sont les parents qui assurent le paiement des frais, direction Saïgon puis Hanoï. Boudreaux et son pote vont revoir des vieilles connaissances dont ils se seraient bien passé de retrouver, les ayant côtoyer lors des interventions militaires dans leur jeunesse, dans le camp adverse. Puis tandis qu'Earl Turbinton rentre aux USA, Boudreaux rejoint la France et plus particulièrement Saproville-sur-mer, son fief mais également celui de la corruption. Il continue son enquête avec comme allié Edgard Ouveure qui grenouille toujours dans les Renseignements Généraux et non pas généreux.

 

Ce nouveau roman de Michel Embareck est un pur régal, l'auteur n'hésitant pas à égratigner à gauche, à droite, au milieu, partout là où ça dérange.

Bien entendu ce sont les affaires de corruption, de prévarications qui mènent la danse, et comme la musique, elles sont universelles même si le processus n'est pas similaire dans chaque pays. Les relents de ressentiment sont encore vifs au Vietnam, envers les Longs Nez, surnom donné aux Américains par les Charlies, lesquels Charlies doivent leur appellation à Victor Charly qui désignait à l'origine le Viêt-Cong puis s'est étendu à l'ensemble des Vietnamiens.

 

L'attitude de Falco laisse présumé qu'il s'intéressait au commerce équitable.

- Votre fils vous avait-il fait part d'un projet relatif au commerce équitable ? demanda Boudreaux aux parents, dont le regard balayait les écrans des horaires de vol.

- Il avait évoqué cette piste, une façon de s'investir personnellement dans l'action, avoua la mère entre deux reniflements. C'était un artiste engagé, pas un signataire de pétitions ou un chanteur des Restaurants du Coeur.

Ce qui en soi est une bonne chose mais il faut savoir ce qui se cache réellement derrière, malgré les belles paroles.

Boudreaux possède son avis personnel sur le commerce équitable :

- Le commerce équitable, c'est payer le producteur avec une tape sur le cul pour prix de sa sueur et faire payer au consommateur la peau du cul pour prix de sa bonne conscience.

 

Mais bien d'autres sujets sont abordés, ceux qui fâchent bien évidemment, et la façon dont Michel Embarek s'en empare et les traite est particulièrement réjouissante et salutaire.

Bien entendu dans la première partie louisianaise, le jazz est présent, comme cette parade lors d'un enterrement ou la figure devenue emblématique, malgré son jeune âge, de Trombone Shorty. Mais les instruments de musique seront bientôt remplacés par d'autres instruments qui n'adoucissent pas les mœurs.

Michel EMBARECK : Personne ne court plus vite qu'une balle. Editions de l'Archipel. Parution le 2 septembre 2015. 288 pages. 18,95€.

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11 septembre 2015 5 11 /09 /septembre /2015 07:18
Joseph BIALOT : Un violon pour Mozart.

Renaud chantait Dans mon HLM, un titre qui aurait très bien pu convenir à ce roman.

Joseph BIALOT : Un violon pour Mozart.

Sauf que... les personnages n'habitent pas dans une HLM mais un immeuble, une résidence du 16e arrondissement parisien. Passy pour être plus précis.

Et dans cet immeuble vit un microcosme sociologique type qui comprend un cambiste travaillant chez un agent de change, Pierre Buisson, sa femme Solange et leur fils; un statisticien dans une compagnie d'assurances, Fabien Lévident, et sa femme Juliette, ravissante jeune femme dont on aimerait être le Roméo; une célibataire, Jacqueline Maillard, directrice d'une galerie de tableaux. Voici pour le haut de gamme.

Au 6e étage, dans ce que l'on désigne plus communément les chambres de bonne, vivent en plus ou moins bonne harmonie : Neurone, un professeur en congés sans solde; Levrault, contrôleur à la SNCF; Ophélie, étudiante en psycho et qui s'intéresse à tout, surtout au rôle des relations épidermiques dans l'avenir de la société en général et de son portefeuilles en particulier; Ahmed, musulman bon teint buveur de vin et mangeur de cochon; Manolo, le concierge et sa femme dont la reconnaissance envers les exploits matrimoniaux de son homme s'exprime de façon plutôt expansive.

Enfin le narrateur, Didier Valois, comédien dont le théâtre attitré ne manque pas de figurants : l'ANPE, ancien nom de Pôle-Emploi.

Plus quelques autres personnages afin de garnir la galerie.

Fabien Lévident s'il accepte, à contrecœur, de voir son nom figurer sur la pierre tombale de ses parents, n'est plus d'accord lorsqu'il découvre dans le journal son propre avis de décès. Jacqueline Maillard, elle, ne se pose pas ce genre de questions. Pourtant elle aurait dû. Elle est retrouvée assassinée au pied de l'immeuble. Quant à Juliette, elle échappe de peu à la mort par accident de voiture sur l'autoroute du Nord.

Didier Valois enquête et découvre que l'accident était prémédité. Une enquête qui le mènera dans le monde des faussaires en tableaux anciens, à graviter dans la résurgence de l'Extrême-droite et même en Dordogne, où les cochons sont plus nombreux que les truffes.

 

Joseph Bialot, venu tard à la littérature puisqu'il signa son premier roman à cinquante-cinq ans, ce qui ne l'empêcha pas de rafler pour ce coup d'essai, transformé en coup de maître, le Grand Prix de Littérature Policière en 1978 avec Le salon du prêt à saigner, Joseph Bialot est bourré de talent et d'humour, parfois corrosif.

Ne serait-ce que pour la lecture des deux premiers chapitres, je vous conseille de vous procurer ce roman. D'abord la mise en scène des personnages sort de l'ordinaire, ensuite une digression fort jubilatoire qui ne manque pas d'intérêt sur les arcanes de la Bourse, font de ce livre un petit joyau à l'humour décapant.

 

Joseph BIALOT : Un violon pour Mozart. Série Noire 2184. Parution mai 1989. 192 pages.

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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 14:59

Une autre facette d'un habile pasticheur de Sherlock Holmes.

Nicholas MEYER: L'honneur perdu du sergent Rollins.

Dans l'avion qui le ramène de Washington à Los Angeles, l'enquêteur privé Mark Brill est assis près d'une jeune fille qui sanglote.

Shelly, surnommée Bunny, se rend à l'enterrement de son frère, Harold Rollins, qui vient de se suicider. Son ancien lieutenant, le major Tony Bruno, l'accuse d'avoir émis des opinions pacifistes à des fin de contre-propagande et eu des relations d'intelligence avec l'ennemi durant leur internement dans un camp de prisonniers au Nord Vietnam.

Shelly engage Brill afin de laver définitivement de tout soupçon la mémoire de son frère, même si celui-ci a été innocenté après son suicide. L'armée n'a pas vérifié les allégations du major Bruno. Margot, la fiancée de Rollins, réfute elle aussi les accusations proférées à l'encontre du sergent.

Yvonne, belle-mère de Bunny et Rollins, veuve depuis quelques années et originaire de Géorgie, ordonne au détective de tout laisser tomber, ne désirant aucune publicité autour de cette affaire. La mémoire de son mari le général Rollins ne doit pas être salie. La photo de Tony Bruno trône sur le bureau du général qui l'avait pris sous sa protection.

Bunny remet au détective des photos et des lettres envoyées par son frère lors de la campagne du Vietnam. Il se rend à Boston puis à New-York, rencontrant successivement un ancien de la compagnie lequel, blessé, avait été évacué avant que ses compagnons soient faits prisonniers, et un docteur qui lui aussi a bien connu les deux hommes. Les révélations des deux anciens militaires ne correspondent pas à l'image que Bruno veut donner de Rollins.

Par exemple Rollins ne maniait pas le revolver facilement étant gaucher. Or il s'est tiré une balle dans la tempe droite. Penny, une amie journaliste l'informe que Bruno a l'intention de quitter l'armée pour se présenter au Congrès. Brill revient à L. A. et Bunny lui montre une lettre de menaces invitant le détective à abandonner ses recherches. Mais il ne se laisse pas intimider et rencontre un capitaine ayant eu Bruno comme élève. Le major avait ses habitudes dans un bar entretenant la mémoire des Sudistes. D'après le barman il venait souvent en compagnie d'une femme dont la description correspond à Yvonne.

Margot est assassinée. Brill est tabassé par deux invalides de guerre et reprend connaissance à l'hôpital. Penny retrouve les noms des survivants de la section de Bruno qui était tombée dans une embuscade. Il s'agit des deux éclopés ayant agressé le détective. Il en existe un troisième, aveugle et réduit à l'état d'homme-tronc. Interné dans un asile il se croit au Paradis, mais se rappelle fort bien les évènements.

 

Ce roman, qui date de 1974, dénonce les erreurs de l'armée américaine au Vietnam, les bavures commises par des officiers, et cette espèce d'omerta qui prévaut afin de déguiser des faits d'armes peu glorieux en véritables exploits.

Ce n'est point tant l'enquête, classique, qui retient l'attention du lecteur mais les à-côtés comme les incidences de la guerre du Vietnam, les conséquences sur le mental de maints soldats et le comportement d'officiers avides de gloire.

Il faut noter que ce roman date de 1974, et il n'était pas encore de bon ton de parler ainsi d'un fait d'arme récent. Les relations étroites existant entre certains personnages expliquant un peu mieux leur attitude.

 

Nicholas MEYER: L'honneur perdu du sergent Rollins. (Target practice - 1974 . Traduction de Christophe Claro). Collection les Noirs du Fleuve Noir. Parution février 1997. 254 pages.

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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 13:03
MARIE & JOSEPH : La mine d'or de Taphalescha.

C'est ce qu'on appelle avoir une bonne mine !

MARIE & JOSEPH : La mine d'or de Taphalescha.

Il était une fois... un paisible village au nom poétique et exotique de Taphalescha.

Sauf que ce village n'est pas si paisible et que l'exotisme ne tient que dans son appellation puisque cette bourgade est nichée au cœur du Plateau de Millevaches, quelque part dans la France profonde.

C'est là-bas que Marc est allé trouver refuge, soi-disant l'inspiration et matière à un nouveau roman, et qu'il a trouvé la mort. Accidentellement paraît-il.

Simon Rouverin, son frère jumeau, convoqué par le notaire, s'entiche du coin et décide de vivre quelques temps dans la maison du frère. Les surprises ne manquent pas dans ce trou perdu. D'abord son jumeau apparemment aurait fait amende honorable, devenant aimable et serviable avec les habitants, ce qui n'était guère dans ses habitudes.

Ensuite rôde une légende qui s'avère être une réalité : l'existence d'une mine d'or. Enfin certains bruits courent, colportés par des personnes légèrement dérangées mentalement, déniées par d'autres, supposées saines d'esprit.

Marc ne serait pas mort accidentellement mais bel et bien assassiné, sous l'influence d'un étrange personnage nommé Shénandoah. Une espèce de fantôme, de revenante. Des supputations étayées par celle qui était la compagne de Marc.

Simon, poussé par celle-ci, décide de démêler le vrai du faux, non sans difficulté. A signaler l'étrange comportement du facteur, pardon, du préposé à la distribution du courrier, un homme au rôle ambigu, serviable tout en étant tenace, angoissant, violent.

 

Dans ce nouveau roman de Marie et Joseph, le blues y est pratiquement inexistant, à l'inverse de leur production habituelle. Leurs personnages évoluent dans une ambiance quasi fantastique et le lecteur lui-même est envoûté, aussi bien par la façon qu'ils ont de développer l'intrigue que dans leur manière d'écrire.

Un tournant peut-être pour ces écrivains qui étonnent et proposent leur propre style.

Une nouvelle réussite à l'actif de Marie et Joseph, des auteurs extrêmement fascinants et gentils avec lesquels j'avais eu l'occasion de converser lors d'un salon du livre au Mans en 1988.

 

Curiosité :

Pierre Mezinski, alias Joseph du couple Marie et Joseph a écrit en solo un roman intitulé : Simon Rouverin, le forçat du canal, homonyme du personnage principal La mine d'or de Taphalescha. Ce roman a été publié chez Calmann-Lévy en 1994, un ouvrage historique mettant en scène deux cents forçats lors de la construction du canal du Berry.

 

MARIE & JOSEPH : La mine d'or de Taphalescha. Série Noire N°2178. Parution avril 1989. 192 pages. 6,05€.

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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 12:28

C'est pas bon pour les statistiques !

Ellis PETERS : Un cadavre de trop.

Frère Cadfael vit paisiblement en l'abbaye de Shrewsbury, parmi ses plantes médicinales, dans son potager et son herbarium, tandis qu'en cette année 1138 l'Angleterre est en pleine guerre civile.

Deux prétendants au trône se disputent la suprématie royale. Entre Maud et Stephen s'est engagée une lutte fratricide et bien malin celui qui pourrait nommer le vainqueur.

Frère Cadfael est seul pour accomplir ses travaux et lorsque l'aumônier lui propose un aide, c'est avec joie et reconnaissance qu'il accepte. Un jeune garçon vigoureux ne peut que lui rendre d'immenses services. Or il s'avère que le jeune garçon qui lui a été confié est une jeune fille.

Pendant ce temps Stephen s'est emparé de la cathédrale de Shrewsbury et fait pendre quatre-vingt-quatorze soldats de la garnison. Frère Cadfael, requis pour donner bonne façon aux cadavres fait machinalement ses comptes et s'aperçoit que non seulement il y a un corps en trop, mais que celui-ci a été assassiné. Il va donc se lancer dur la piste de l'assassin tout en continuant de veiller sur son, enfin sa protégée. Le tout sur fond de luttes, de courses au trésor et d'éveil amoureux.

 

Ce roman médiéval, antérieur de trois ans à celui d'Umberto Eco Au nom de la Rose, est qualifié de policier. Mais il pourrait l'être également d'historique. C'est une simple affaire d'étiquetage qui sera régularisée par la suite avec les nombreux succès enregistrés avec les romans d'Ellis Peters et autres auteurs qui ont offert de nombreux romans dans cette veine.

Quoiqu'il en soit ne boudons notre plaisir à la lecture de ce roman qui a imposé le nom d'Ellis Peters en France. Mais lors de la parution de ce titre, Ellis Peters avait déjà écrit quatorze romans dans lesquels Frère Cadfael joue un rôle important et il eut été dommage de les ignorer.

 

Jacques Baudou, spécialiste de la littérature policière anglo-saxonne, présentait l'auteur et son œuvre dans la préface dans sa préface à la première édition de ce roman en 1988. Et lorsque j'écrivis ce billet en décembre 1988 pour une émission radio j'ajoutais :

Pour peu que les éditions 10/18 fassent paraître d'autres romans d'Ellis Peters, nul doute que celle-ci se retrouvera sur le podium des ladies du crime aux côtés de Ruth Rendell et de P.D. James. Enfin des romans qui sortent de l'ordinaire, fort bien documentés et qui feront le régal non seulement des amateurs de littérature policière mais également de ceux qui apprécient les romans historiques. Le roman policier historique, un genre un peu délaissé mais qui comporte pourtant de nombreuses possibilités littéraires.

Depuis cette tendance n'a pas cessé d'évoluer et de s'amplifier.

 

Ressembler à un héros sans en être un, c'est dur.

Réimpression octobre 2001. 288 pages. 7,10€.

Réimpression octobre 2001. 288 pages. 7,10€.

Ellis PETERS : Un cadavre de trop. (One Corpse to Many - 1979. traduction de Nicolas Gilles) Collection Grands Détectives N°1963. Edition 10/18. Première parution 1988.

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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 11:08
Bill PRONZINI : Le carcan

Le Nameless n'est pas Houdini !

Bill PRONZINI : Le carcan

Inévitablement dans la profession de détective privé, on s'attire bien des inimitiés.

Pour quelles raisons et par qui le Nameless, qui songeait sérieusement à prendre sa retraite, s'est-il fait enlever et mettre aux fers dans une cabane abandonnée, loin de toute habitation ?

Des questions qu'il va pouvoir cogiter en toute tranquillité, enchaîné qu'il est et n'ayant d'autres activités que le recours à la gymnastique pour se réchauffer.

Faut dire qu'en pleine forêt, à quelques jours de Noël; il n'a guère d'occupations. Heureusement, il possède des vivres, mais il faut savoir rester raisonnable et économiser les provisions.

En réalité, le seul point important dans cette affaire, c'est comment arriver à ôter cette chaîne qui le retient prisonnier, après il avisera. Suffit d'avoir la volonté, le moral, et cette espèce d'exaltation qui ferait renverser des montagnes par un manchot.

 

Un excellent, roman, peut-être le meilleur que Bill Pronzini ait écrit depuis quelques années, dans lequel l'horreur, l'angoisse, le suspense, la quête se trouvent intimement mêlés.

Plus que l'enquête et les motivations de celui qui séquestre le Nameless, ce sont les différents stades par lesquels passent celui-ci qui font l'intérêt du roman. Perplexité, colère, angoisse, découragement, peur, fébrilité, accablement, espoir, attente, joie, habitent tour à tour le Nameless.

Conseillé à tous ceux qui ne connaissent pas encore Bill Pronzini. Quant aux autres, nul doute qu'ils n'auront pas attendu mon avis pour se le procurer. Cerise sur le clafoutis, ce livre est toujours disponible sur le site de la Série Noire.

 

Bill PRONZINI : Le carcan (Shackles - 1988. Traduction de Noël Chassériau). Série Noire N°2181. Parution avril 1989. 288 pages. 7,10€.

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8 septembre 2015 2 08 /09 /septembre /2015 12:37

Un voyage dans les Vosges avec Pierre Pelot comme guide.

Pierre PELOT : Noires racines.

Et il nous fait découvrir des personnages hors du commun, le contraire de héros.

Ils ne sont pas extraordinaires, ils sont plutôt marginaux, différents, un peu paumés. J’ai eu l'occasion de comparer Pelot, lors de la présentation d'un de ses précédents roman, à Giono, Hemingway ou Steinbeck. Cette fois encore la présentation de ces personnages m’a fait penser à Steinbeck. Mais attention, ce ne sont que des réminiscences littéraires, uniquement, car Pelot possède son style propre, il invente ses personnages bien à lui, toujours dépassés par les évènements, frustres, fragiles.

 

Popeye, c’est le surnom du personnage principal, Popeye est chômeur. Il habite une maisonnette attenante à son ancienne usine, maintenant désaffectée. Il boit, c’est son passe-temps, son plaisir, une habitude, néfaste peut-être, car cela lui a déjà joué des tours, mais quoi, ce n’est pas de sa faute. Et puis il y a les copains avec qui il boit et joue aux cartes. Bon, d’accord, après il a des trous de mémoire, ses copains lui jouent des farces, mais ce n’est pas bien méchant, enfin pas trop. Comme le jour où il a du rentrer de Mulhouse à pied, quarante kilomètres. Une farce quoi, pas bien méchante.

Un jour, ou plutôt un soir, Patte-en-biais et ses autres copains l’oublient dans un bois. Il est recueilli par Noé qui le prend en charge, lui offrant gîte et couvert. Il lui offre aussi sa fille, Lise, et Lise, sacré nom de bois, elle a une poitrine à s’en ébouriffer les cheveux. La ferme plus Lise, tout ça qu’il lui offre Noé, et Popeye serait bien d’accord pour rester, Patte-en-biais et les autres de l’autre côté de la montagne n’auraient plus de raisons de se moquer de lui. Oui ! mais, il y a Jeudi et Jeudi, c’est quelqu’un !

 

Pierre Pelot nous offre un livre intimiste aux protagonistes poignants et Popeye est de la race de ceux qui se laissent mener pas le bout du nez.

Et sa rencontre avec Lise, Noé et Jeudi font découvrir un personnage qu’il ne se connaissait pas. En fait, ce sont des révélateurs.

Mais sacré nom de bois que peut-on faire pour les autres quand on émerge à peine du néant et qu’il faut se découvrir soi-même.

 

Réédition format Kindle avril 2014. 2,99€.

Réédition format Kindle avril 2014. 2,99€.

Pierre PELOT : Noires racines. Collection Sueurs froides. Editions Denoël. Première édition novembre 1985. Réédition 1997. 170 pages.

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8 septembre 2015 2 08 /09 /septembre /2015 09:55
Stuart KAMINSKY : Le poids des morts

Pèse plus lourd que celui des vivants ?

Stuart KAMINSKY : Le poids des morts

Los Angeles, septembre 1942. Toby Peters, malgré toutes les enquêtes effectuées pour le compte d'éminentes personnalités américaines, gravitant aussi bien dans le monde cinématographique que politique, Toby Peters tire toujours le diable par la queue.

Mais si sur le plan financier ce n'est pas la joie, le bouche à oreille marche bien, et Peters se retrouve rarement au chômage. La nouvelle mission confiée à notre détective privé est simple. Il doit retrouver un porte-documents contenant des documents confidentiels, de l'argent et quelques lettres compromettantes. Simple à comprendre, mais plus difficile à réaliser.

Surtout lorsque c'est le général Douglas MacArthur qui vous la confie, alors qu'il passe quelques jours incognito sur la côte californienne tandis que la bataille fait rage dans le Pacifique. Une mission secrète, comme tout ce qui est confié à un détective je suis d'accord, mais de plus l'avenir des Etats-Unis en dépend.

Et l'avenir des Etats-Unis, le général MacArthur n'est pas le seul à vouloir s'en préoccuper. Un richissime illuminé possède lui aussi ses idées sur la question, totalement différentes bien entendu de celles du général, et elles ne sont pas tristes.

Enfin je me comprends, car si ce trublion à qui il ne manque que la camisole parvenait à ses fins, tout ne serait pas rose et tout n'irait pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais j'extrapole.

Toby Peters se trouve un fameux partenaire en la personne de Dashiell Hammett lui-même, qui, se souvenant de certains trucs utilisés lorsqu'il travaillait à la Pinkerton, sauve souvent la mise à Peters et l'aide dans ses démarches.

Savoureuse également la participation involontaire d'un chat qui adopte définitivement semble-t-il notre détective.

 

La tendance actuelle (lors de la sortie du roman, je précise) dans bon nombre de romans policiers américains, est à l'introspection, au délayage, aux digressions plus ou moins soporifiques. Dans Le poids des morts, c'est tout le contraire.

Mené à un train d'enfer, avec une touche humoristique même lorsque le héros est dans de sales draps, voici un roman qui décoiffe et l'on se demande parfois où commence la fiction et où se termine le réel, le vécu.

Avec Stuart Kaminsky vous oubliez la grisaille du temps.

 

Stuart KAMINSKY : Le poids des morts (Buried Caesars - 1989. Traduction Paul Kinnet). Série Noire N°2223. Parution mars 1990. 256 pages. 7,80€.

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7 septembre 2015 1 07 /09 /septembre /2015 12:10

Comme disait Gérard Majax, y'a un truc...

Georges-Jean ARNAUD : La vie truquée.

A huit ans, Claudia Mirail n'a avec ses parents que de trop rares contacts.

Ils ne viennent que rarement la voir, confiant à la grand-mère le soin d'élever la gamine. Ils sont continuellement par monts et par vaux, et Carole, la jeune bonne, s'ingénie à entretenir, à cultiver le doute dans l'esprit de Claudia qui attend avec impatience les rares moments de bon heur où elle peut se glisser dans le giron de sa mère, pour quelques heures trop brèves.

Jusqu'au jour où elle apprend qu'elle ne verra plus ses parents, qu'ils sont morts dans un accident de voiture. Elle ne veut pas y croire et pense à un simulacre. Pourtant les cadavres sont enterrés dans le cimetière du petit village.

Claudia découvre des coupures de presse, tout un dossier concernant ses parents, révolutionnaires de mai devenus des terroristes, peut-être à l'origine de l'assassinant d'Aldo Moro.

Alors elle décide de reprendre le flambeau, inscrivant des slogans sur les murs des propriétés environnantes ou en provoquant des incendies. Ce ne sont pas les séjours en famille d'accueil, dans des maisons de correction, puis dans des prisons qui adouciront son caractère de révoltée. D'autant que des événements étranges pointillent son parcours de l'enfance vers l'adolescence. On la suit, on lui veut du mal, à elle ou à ses proches, on met à sac la maison de sa grand-mère.

 

Georges-Jean Arnaud effectuait avec ce roman un retour en force au Fleuve Noir, utilisant une recette éprouvée et qui a fait le succès de nombreux de ses livres comme Le Coucou, Les enfants de Périlla, Les jeudis de Julie, L'homme noir et bien d'autres.

Une atmosphère d'angoisse latente et diffuse sur laquelle plane une incertitude orchestrée diaboliquement par l'auteur qui joue avec les nerfs de ses lecteurs.

Il emmène sur des chemins de traverse, affirme puis se rétracte, laissant libre court à toutes les suppositions, toutes les interprétations. Et le lecteur est victime consentante de son savoir-faire, de son professionnalisme, de son machiavélisme.

Georges-Jean ARNAUD : La vie truquée. Collection Les Noirs. Grand Format. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1997. 252 pages.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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