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3 avril 2017 1 03 /04 /avril /2017 09:43

Ah ben chat alors...

Lilian Jackson BRAUN : Le chat qui voyait rouge.

Journaliste au Daily Fluxion, Jim Qwilleran est confronté au douloureux problème de la surcharge pondérale. Son médecin traitant est intraitable. Jim doit perdre du poids et pour cela suivre un régime draconien.

Le jour même son patron lui propose de tenir une nouvelle rubrique gastronomique, ce qu’évidement Jim ne peut refuser. Il doit se rendre dans les restaurants, puis après avoir testé les menus, écrire ses articles dans le louable but de contrer leur concurrent direct, le Morning Rampage, qui envisage d’ajouter ce genre de chronique dans ses pages.

Divorcé, Jim Qwilleran a reporté une partie de son affection sur ses chats, Koko et Yom-Yom. Drôles de bêtes que ces deux siamois qui s’entendent comme larrons en foire et dont l’intelligence ne cesse pas surprendre le journaliste. Par exemple, le matin, lorsqu’il a faim, Koko appuie délicatement avec ses pattes sur la touche avance du chariot de la machine à écrire afin de déclencher une sonnerie qui réveille Qwilleran. Et bien d’autres petits tours qui forcent l’admiration de son maître. Quant à la nourriture, Koko et Yom-Yom n’admettent que les plats raffinés, dédaignant les vulgaires boites et les croquettes.

Qwilleran afin d’écrire ses premiers articles accepte de se rendre au club des gourmets, chez Robert Maus, attorney de profession et cuisinier prestigieux à ses heures, dont la maison est transformée en sorte de pension de famille et centre artistique, hébergeant des élèves des Beaux-arts, des professeurs ainsi que des artistes potiers. Qwilleran y retrouve un amour de jeunesse en la personne de Joy qui vit, ainsi que son mari à Maus House en tant qu’artiste.

Sur la demeure plane un mystère, un suicide pas vraiment convaincant qui s’est déroulé quelques années auparavant. Le cœur de Qwilleran se réveille à la vue de Joy mais celle-ci disparait. Le ménage brinquebalait et d’après le mari, elle serait partie en Floride. Pour Qwilleran, il s’agit de tout autre chose et cette disparition, cette fugue supposée ne lui parait guère catholique. D’autant que d’autres locataires disparaissent également dans d’étranges circonstances.

Devenu enquêteur, Qwilleran devra une partie de la solution et peut-être même le vie à son chat Koko.

Les amateurs de romans policiers ont pu faire connaissance des personnages de Lilian Jackson Braun dans les années 70 grâce aux éditions du Masque qui avaient proposé à leur catalogue les trois premiers romans de la série. C’est avec plaisir qu’ils retrouveront Qwilleran le journaliste dans de nouvelles aventures accompagné de ses deux siamois dont Koko qui possède une paire de vibrisses supplémentaires ce qui lui offre ces facultés spéciales dont il se sert pour aider son maître dans ses enquêtes.

Des romans agréables qui raviront les amoureux de félidés.

 

Réimpression le 21 octobre 2010. 256 pages.

Réimpression le 21 octobre 2010. 256 pages.

Lilian Jackson BRAUN : Le chat qui voyait rouge (The Cat Who Saw Red - 1986. Traduction de Marie-Louise Navarro). Collection Grands Détectives N° 2188. Editions 10/18. Parution en 1993. 252 pages.

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2 avril 2017 7 02 /04 /avril /2017 13:44

Si vous voulez être écrivain, ayez des chats.

Aldous Huxley (1815-1895)

Boris MAYNADIER : Lovecraft. Sous le signe du chat.

La relation entre félidés et écrivains n'est plus à démontrer. Si l'un des exemples les plus connus, et les plus poilants, est celui de Paul Léautaud, il ne faut oublier Colette, et bien d'autres auteurs représentés photographiquement avec cet animal de compagnie affectueux, indépendant et solitaire.

Le chat est aussi un personnage important dans les contes, nouvelles et romans ou sert simplement de prétexte dans des titres évocateurs sans pour autant qu'il soit présent dans la narration. Le Chat botté, naturellement, de Charles Perrault, et plus près de nous, L'espion au pattes de velours de Les Gordon, Blues pour un chat noir de Boris Vian, Patte de velours de Frédéric Fajardie, Les contes du chat perché de Jacques Prévert, Félidés d'Akif Perinçi, et bien sûr le couple de chats Koko et Yom-Yom de Lilian Jackson Braun dans la série Le chat qui....

Et parmi les romanciers qui ont entretenus des liens particuliers avec les chats, on peut citer Lovecraft. Howard Phillips Lovecraft qui, quatre-vingt ans après sa mort, le 15 mars 1937, hante toujours les bibliothèques et les esprits. Et son influence auprès des romanciers n'est pas tarie.

Et les études, essais et autres, consacrés à ce grand fantastiqueur américain, foisonnent, car s'il a marqué de son empreinte l'imaginaire de grands romanciers, il n'a jamais été égalé dans sa vision pessimiste du monde.

Selon Joyce Carol Oates, dans The King of Weird, il a exercé une influence considérable sur les générations suivantes d'écrivains d'horreur.

S'inspirant des travaux de Gilles Deleuze et Félis Guattari, dont Mille plateaux dans lequel les deux auteurs définissent la notion de devenir-animal, Boris Maynadier livre une étude qui ne manquera pas d'intéresser les nombreux admirateurs de cet écrivain né le 20 août 1890,c'est-à-dire sous le signe du Tigre dans l'astrologie chinoise.

Le tigre, félin sauvage non apprivoisé et solitaire, s'est mué en chat et est devenu indissociable de l'œuvre, de la vie et de la philosophie de Lovecraft.

C'est ce que nous explique et démontre Boris Maynadier dans les différents chapitres intitulés :

HPL, devenir animal.

Le promeneur.

Le rêveur.

L'outsider.

Le gentleman.

L'amateur.

Le génie félin.

Notes et bibliographie.

A l'aide de nombreux extraits d'ouvrages, romans, nouvelles, poèmes et correspondances diverses avec notamment Frank Belknap Long ou Clark Ashton Smith, Bruno Maynadier illustre ses propos, comme des vignettes obligatoires qui révèlent l'auteur des Chats d'Ulthar, sans vouloir, comme le précise l'auteur de cet ouvrage, expliquer l'œuvre de Lovecraft par sa vie et inversement.

Je dois avouer que, même si j'ai lu quelques romans ou nouvelles signées Lovecraft, puis par son élève, ami et continuateur August Derleth, j'ai beaucoup appris grâce à cet ouvrage. Mais c'est à lire avec concentration, dans le calme et la sérénité, pas comme un roman. Enfin presque.

 

De Lovecraft et autour de Lovecraft :

 

Boris MAYNADIER : Lovecraft. Sous le signe du chat. Collection KhThOn N°4. Editions de la Clef d'Argent. Parution 3 février 2017. 62 pages. 9,00€.

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1 avril 2017 6 01 /04 /avril /2017 11:13

Bon anniversaire à Pascal Basset-Chercot né le 1er avril 1956. Et ce n'est pas un poisson !

Pascal BASSET-CHERCOT : Toine, mémoires d'un enfant laid.

Toine est un enfant très laid, tout aux moins aux yeux des autres. Personne ne l’aime, tout le monde le rejette. A l’école, il est la risée de la classe et des professeurs. Seul Paulus lui offre son amitié, et encore. Mais Paulus lui aussi est rejeté parce que trop gros, trop gourmand. Toine n’a pas de père, et sa mère ne peut le souffrir. Elle préfère fricoter avec les hommes et boire un coup de rouge avec son amant en titre, Patrice. Avant, c’était Jean-Claude. Il était gentil, mais il a déserté la maison pendant que maman était à l’hôpital, enceinte d’Anne. Anne, la petite sœur, la seule qui aimait Toine, la seule qui jouait avec lui. Anne maintenant est morte. Toine n’est pas malheureux, il subit.

Il n’aime pas être enfermé dans le noir et, lorsque Patrice le consigne dans le placard, il attend stoïquement. Pauvre Toine qui ne sait pas ce que ce sont l’amour, la haine, la justice, la révolte. Et, dans son placard, Toine revit sa jeunesse. Le cerveau de Toine, c’est comme une casserole dans laquelle les souvenirs remontent à la surface, à gros bouillons. Les bulles crèvent, un souvenir s’en échappe, accrochant un autre souvenir au passage. Et chaque bulle renferme un personnage : grand-mère qui se lavait morceau par morceau, Anne qui dansait les bras en cerceau, Joseph le clochard qui chantait des chansons de marin, et Coulant l’ancien musico, et Paulus son ami qui, un jour, chronométra sa noyade et sa mère qui ne veut pas le reconnaître dans la rue. Et Patrice, qui l’a surnommé Bus parce que Toine est trop laid.

Lorsque Patrice le libère enfin de son placard, Toine meurtri se réfugie dans une cave de l’immeuble. La nuit tombée, il part, guidé par la lune. Il est recueilli dans un orphelinat. Un docteur et une psychologue tentent une réadaptation, en lui faisant consigner ses souvenirs dans un cahier, en lui apprenant à jouer du piano. Mais Toine vit avec Bella, une poupée, et une pensée qui l’obsède, celle de rejoindre un jour Anne.

 

Les images défilent, et l’on voudrait protéger ce petit garçon martyr qui se contente de jeter sur le monde un regard naïf, étonné, supportant dans l’indifférence la douleur. Un véritable roman noir, émouvant, écrit avec simplicité. Toine ne pleure pas sur son sort, il le subit. Il n’a aucun désir de revanche, seulement celui de retrouver sa sœur Anne.

Un livre étonnant, dur et beau à la fois, dans un registre totalement différent de ce que Pascal Basset-Chercot avait abordé dans ses romans policiers ayant l’inspecteur Déveure pour héros. Quoique, comme le faisait remarquer Jean-Paul Schweighaeuser: Les missions confiées à l’inspecteur Déveure ont toujours un petit aspect de brimade.

Ici, il ne s’agit plus de brimades, mais de tortures physiques et morales. Et l’on se prend à réfléchir à ce petit mot situé entre le nom de l’auteur et celui de l’éditeur : « roman ». S’il n’y a pas une seule parcelle de vérité ou de souvenir dans ces pages, c’est que Pascal Basset-Chercot est un sacré écrivain.

Pascal BASSET-CHERCOT : Toine, mémoires d'un enfant laid. Editions Calmann-Lévy. Parution avril 1994. 194 pages. 18,20€. Version numérique 9,99€.

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 16:19

  Du côté de Lovecraft, mais pas que...

Jacques FUENTEALBA : Scribuscules.

Plus proche de Pierre Dac et de Pierre Desproges que de Chamfort et la Rochefoucault, Jacques Fuentealba joue avec les aphorismes pour rédiger 365 micronouvelles réparties en 10 chapitres.

Les références lovecraftiennes sont légion, d’ailleurs l’un de ces chapitres s’intitule Lovecrafteries, mais c’est toute la littérature fantastique dont son univers parfois loufoque, parfois sarcastique, s’imprègne.

Jacques Fuentealba revisite également la mythologie, les contes pour enfants, les légendes vampiriques. 365 textes qui sont composés de quelques mots à une page ou deux, genre que n’a pas renié non plus Jacques Sternberg, et qui offrent toute la palette des sentiments chez le lecteur. Ce sont surtout l’émotion et le rire qui prévalent avec souvent une bonne dose de bons sens. Mais je pense que le mieux pour illustrer ces propos est de vous en délivrer quelques extraits qui jouent avec la dialectique et les jeux de mots :

Extraits de Vampire en pire :

Dis pour sang, vin pour sang, carence pour sang, cinq hantent pour sang… devenu vampire, l’assureur redécouvre avec fascination son métier.

Dracula s’enfuit de la chambre de Mina Harker en un battement d’ails et mourut dans d’atroces souffrances. Il avait suffit, pour le tuer, d’une faute d’orthographe.

Dracula rassura le Gitan cartomancien du mieux qu’il put : Je ne bois jamais… de devin !

Extrait de Le joueur de flûte de Hamelin :

Quand Georges Perec alla demander conseil au joueur de flûte afin d’écrire La Disparition, ce dernier ne trouva rien d’autre à répondre que : Euh…

Extraits de Mythe au logis :

Alice se trancha les veines avec un éclat de verre. Elle allait enfin passer de l’autre côté du miroir.

Même lorsqu’il se trouvait complètement pris au dépourvu, Casanova ne perdait jamais une occasion de séduire les femmes, de préférence déjà court vêtues. Il avait ainsi une façon bien à lui de tomber des nues.

Je pourrais continuer ainsi à vous dévoiler ces quelques raisonnements qui frisent parfois le loufoque mais il ne faut pas abuser des bonnes choses.

D’ailleurs 365 micronouvelles, une par jour si vous êtes raisonnable, cela peut vous faire passer un an. Mais si comme moi, vous vous comportez en glouton de la littérature, une ingestion déraisonnée n’est pas déconseillée, et n’écoutez pas les montreurs d’exemple qui profèrent à tout va que Tout abus… vous connaissez la suite. Vous pouvez visiter le site de la Clef d’argent et acquérir ces 365 micronouvelles qui, lorsque vous les énoncerez à votre entourage, vous feront passer pour un homme ou une femme d’esprit.

 

Réédition version numérique : ActuSF. Parution avril 2013. 2,99€.

Réédition version numérique : ActuSF. Parution avril 2013. 2,99€.

Jacques FUENTEALBA : Scribuscules. Collection KholekTh n°8. Editions de La Clef d’argent. Parution 10 juin 2011. 92 pages. 9,00€.

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30 mars 2017 4 30 /03 /mars /2017 12:51

Moins bien que le Kâma-Sûtra quand même...

Alexis LECAYE : Meurtres en trente-six poses.

A quarante ans, Henri, marié, riche, vivant dans une belle maison de la grande banlieue parisienne, tombe amoureux fou, au premier regard, dans un supermarché, d'une petite fille.

Une nouvelle lubie, pense sa femme habituée aux sautes d'humeur et à l'inconstance de son écrivain de mari. Henri ne vit plus, ne dort plus, ne mange plus. Il lui faut absolument cette petite fille près de lui. Il veut la cajoler, la gorger de bonbons, l'entourer de prévenances, la rendre heureuse, reporter sur elle l'affection pour l'enfant qu'il n'a pas.

Comment les parents de la petite Crystelle pourraient rendre heureuse la gamine alors que le père est au chômage et que la mère a perdu sa fraîcheur de jeune femme, au caractère à tendance acariâtre ? Il faut absolument que Crystelle vive près de lui et pour cela Henri imagine un stratagème.

Il va embaucher son père comme jardinier, lui offrir des gages conséquents, et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si la mère ne se mettait pas en tête de trouver du travail, puis de déserter le foyer conjugal.

Henri est trop attaché à cette petite fille pour supporter les bâtons dans les roues. Débute un engrenage infernal.

 

Il est loin le temps où le Masque n'éditait que des ouvrages expurgés de toutes références sexuelles et Alexis Lecaye, sacrifiant à la mode, à la mouvance actuelle stipulant qu'un roman se doit de comporter quelques scènes égrillardes, quelques gaudrioles, nous offre des passages dans lesquels le libertinage est roi, séquences inhabituelles dans cette collection.

Il faut savoir évoluer tout en restant dans les limites de la décence et les pages croquignolettes qui émaillent ce roman accentuent l'atmosphère de suspense et les affres de l'homme désirant garder à tout prix la gamine qu'il a adoptée come s'il s'agissait de sa propre enfant.

Un ouvrage généreux, à la lecture duquel le lecteur se prend d'amitié pour le héros qui balaie les difficultés sans cesse accumulées devant son entreprise, devant sa volonté de procurer le bonheur à tout prix à une enfant.

Je précise que cette chronique date de novembre 1991, depuis les mœurs littéraires ont bien évolué au Masque et ailleurs.

 

Alexis LECAYE : Meurtres en trente-six poses. Le Masque Jaune N°2060. Librairie des Champs Elysées. Parution octobre 1991. 154 pages.

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29 mars 2017 3 29 /03 /mars /2017 08:59

Comme le Dormeur du val d'Arthur Rimbaud ?

Jacques BABLON: Nu couché sur fond vert.

Se côtoyer au travail et s'ignorer, cela arrive souvent.

Ainsi Margot, mariée et mère de famille de trois filles. Ainsi Romain, célibataire au passé nébuleux. Tous deux sont policiers, et un jour ils se découvrent un penchant pour la santé d'un ficus végétatif, atteint d'une invasion d'araignées rouges, dans l'entrée du commissariat. Ils s'en occupent, plus ou moins, surtout Romain qui se prend d'une passion horticole insoupçonnée.

Un jour Romain invite Margot à dîner, juste comme ça, pour le plaisir, ou pour changer des habitudes. On ne dira jamais assez le bienfait procuré par le voisinage des plantes. Margot parle d'elle et de son ménage, très peu, et Romain se confie un peu plus, sur sa jeunesse.

Romain a perdu son père à l'âge de six ans, d'un accident, puis sa mère l'a abandonné, pendant trois ans, et il s'était cru orphelin. Un incident de parcours, un de plus.

Margot est devenue policière en contradiction avec l'éducation qu'elle a reçue sans l'avoir demandée. L'esprit de contrariété.

Margot et Romain se retrouve incidemment dans une boutique bio. Enfin il l'a vue entrer dans la boutique et comme par hasard ils se retrouvent nez à nez. Romain se confie un peu plus sur sa prime jeunesse. En réalité le père de Romain n'est pas mort d'un accident, mais d'un meurtre, ce qui change la donne profondément. Et c'est pour retrouver l'assassin de son père que Romain est devenu un policier. Un simple policier, d'accord, mais au moins il a un pied dans la maison. Et depuis il n'a guère avancé.

Rentrée chez elle Margot se balade dans les arcanes d'Internet à la recherche du passé des parents et grands-parents de Romain. C'est comme si une épidémie avait décimé la famille de Romain, dont seul le père, alors un adolescent, avait survécu pour être ensuite assassiné. Une famille à qui l'argent n'a pas fait le bonheur

Margot, dont le ménage est en déliquescence, se jette comme une affamée tandis que Romain est aux prises à une affaire personnelle. Son coéquipier Ivo, un chien fou, est décédé dans un accident de la circulation provoqué par des grossistes de drogue, tandis que lui-même est grièvement blessé, se remettant petit à petit dans un hôpital. Au début, il est meurtri dans ses chairs, mais à force de courage il arrive à remonter la pente, cachant même à tous et surtout à Margot qu'il a recouvré ses moyens physiques. Il se met en chasse et coince les meurtriers puis il donne sa démission, préférant se réfugier dans son immense chalet montagnard.

 

On entre dans ce roman comme si on assistait à une projection de diapositives défilant à un rythme soutenu. Parfois elles possèdent ces interférences, des décalages. Le parcours de Romain, son enfance jusqu'à ses six ans, dans le cocon familial, surtout près de son père car sa mère cinéaste est accaparée par des tournages, est placé en incrustation dans les différents avatars que connaissent Margot et Romain dans leurs enquêtes respectives.

La tension monte progressivement, d'un côté alimentée par les recherches couronnées plus ou moins de succès de Margot qui remonte le fil du temps et pense mettre une identité sur la personne à l'origine de la mort du père de Romain, de l'autre par les prospections de Romain concernant les auteurs du carambolage qui a coûté la vie d'Ivo et l'a obligé à se mettre pendant un certain temps en marge de son travail.

Une leçon de courage et de patience pour ce faux couple atypique de policiers qui se fréquentent et peu à peu nouent des relations qui ne sont plus uniquement professionnelles.

Tout s'enchaîne inexorablement jusqu'à un final éblouissant et quasi apocalyptique. L'amitié est l'un des ressorts principaux de cette histoire qui ne ménage pas le lecteur, avec des pointes de tendresse procurées par des enfants dont l'adolescence est marquée familialement ou physiquement.

 

Curiosités :

Il n'est pas bon parfois d'assister à des invitations, des vins d'honneur, des cocktails amicaux, car les boissons avalées conjuguées aux petits fours gobés avec voracité pour éviter à devoir se préparer un repas chez soi, se traduisent par des dysfonctionnements verbaux. Ainsi peut-on lire page 62 : une femme, perchée sur des escarpins façon Louboutin, ouvra un four où elle aurait pu mettre le poing.

Quant à Romain, lorsqu'il déclare à Margot : Ma mère a 45 ans, elle voyage dans le monde entier, on peut supposer qu'il s'agit de sa part d'une forme de galanterie. En effet le meurtre de son père, remonte à vingt-cinq ans alors qu'il avait six ans. Donc par le mode déduction on peut affirmer qu'au moment où il s'exprime ainsi, Romain a trente et un ans. Donc sa mère aurait enfanté à quatorze ans. Ce qui n'est pas impossible en soi, mais avoir réalisé au même âge un film, relève de la pure utopie. Allez, on ajoutera une dizaine d'années supplémentaires à la mère de Romain, et on n'en parlera plus.

 

Jacques BABLON: Nu couché sur fond vert. Polar Jigal. Editions Jigal. Parution 15 février 2017. 216 pages. 17,50€.

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28 mars 2017 2 28 /03 /mars /2017 13:26

Non mais, Allo quoi !

Ursula CURTISS : L’étreinte des ténèbres

Peut-on faire impunément des blagues téléphoniques ? C’est ce que pense la jeune Kitty, qui passe la soirée chez son amie Libby qui garde ses frères et sœurs.

Les parents sont de sortie et normalement une baby-sitter devait garder tout ce petit monde, mais un impondérable l’a empêchée de se déplacer. Tant pis, ou tant mieux, Libby et ses frères et sœurs vont se garder tout seuls, avec Kitty dont la maturité dément ses quatorze ans.

Tandis que les gamins sont plus ou moins laissés à eux-mêmes, Kitty et Libby compulsent l’annuaire et téléphonent au hasard. Kitty a de l’expérience. Ainsi si elle prononce cette phrase : “ Je sais qui vous êtes vraiment, et aussi ce que vous avez fait ”, elle sait qu’en général les gens qui sont au bout du fil vont se poser pas mal de questions. Mais cette fois son interlocuteur lui propose un rendez-vous sur un pont, dans un endroit quasiment désertique.

Elle ne savait pas que Whelk, honorable banquier dont le véritable patronyme est Birucoff, a par le passé assassiné des proches. Tandis que les gamins chahutent, Kitty déserte la maison quelques minutes. Peu après la radio locale annonce le meurtre d’une jeune fille.

 

Ursula Curtiss place son récit sur une nuit, intensifiant au fur et à mesure que le temps passe le suspense, jouant avec subtilité sur les nerfs du lecteur qui ne demande pas mieux que de la suivre dans son intrigue.

Les blagues téléphoniques, ou supposées telles, peuvent se retourner contre leurs auteurs comme le démontre Ursula Curtiss, et sont les prémices des insinuations souvent utilisées par les corbeaux.

Un auteur qu’il était bon de redécouvrir, tant ses intrigues sont peaufinées, ne laissant rien au hasard, et la nouvelle traduction, intégrale, de Maurice Bernard Endrèbe n’est pas étrangère au plaisir ressenti à la lecture.

 

Première édition Collection Mystère N°736. Presses de la Cité. Réédition Presse Pocket 1975.

Première édition Collection Mystère N°736. Presses de la Cité. Réédition Presse Pocket 1975.

Ursula CURTISS : L’étreinte des ténèbres (Out of the dark - 1964. Traduction de Maurice-Bernard Endrèbe). Réédition Bibliothèque du Suspense. Editions du Rocher. Parution octobre 2001. 160 pages.

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27 mars 2017 1 27 /03 /mars /2017 08:49

Pérégrinations et caraudes en Obscurie en

compérage de Clincorgne, le bigle, et de Jodok,

le blondin...

Illustration de couverture : Johann Bodin

Illustration de couverture : Johann Bodin

Les deux échalas, Clincorgne le louchon et Jodok le charmant, dont nous avons fait la connaissance et suivis les aventures mouvementées et humides dans L'Or et la Toise, sont arrivés en frontière de Fagne et d'Obscurie, plus grands et dégingandés que jamais.

Clincorgne ne pense qu'à l'or qu'ils ont récupérés, mais qui recouvre actuellement Renelle la sorcière, la transformant en statue encombrante. Jodok lui est moins chargé, sa gourde contenant toutefois la belle Candorine qui pour avoir trop voulu se baigner dans les eaux pesteuses s'est tout d'abord prise pour un poisson puis s'est transformée en flaque d'eau. Jodok a récupéré la flache tout en se demandant s'il n'a pas oublié quelques gouttes, une omission qui serait dommageable pour la reconstitution éventuelle de Candorine.

Ne pouvant emmener avec eux la statue dorée de Renelle, ils la jettent dans le marécage et partent à la découverte du pays d'Obscurie, moins mouillé que Fagne, mais qui recèle quelques dangers qu'il leur faudra surmonter. Leur but final étant de retrouver où se terre Vorpil, l'emplumeur, le sorcier à l'origine des déboires de Fagne, afin de lui mander quelque sortilège. Ils sont à la recherche d'un charriot mais se dresse devant euxune gamine, Quiquine, une rouquine dont le visage est parsemé d'éphélides comme si elle avait regardé le soleil à travers un tamis et dont les tétins n'ont pas encore germé mais qui raisonne telle une adulte.

Elle accompagne les deux flandrins à la recherche d'une charrette en les mettant en garde contre les calamités humaines qui peuvent se dresser sur leur chemin. Les Vampires, des morts-vivants qui ne pensent qu'à sucer le sang des habitants d'Obscurie, et les sans-yeux, qui se cachent dans des pertuis, quand ils le peuvent, tel Fargouille dont ils font la connaissance dans une cabane où Quiquine la rovelaine les a entraîné. Les sans-yeux sont agressifs sauf lorsqu'ils ont à portée de pognes des serinettes ou des clavecins.

Pendant ce temps, Renelle recouvre une partie de ses moyens et parvient à se débarrasser de sa gangue dorée. Sa crasse et sa surcharge pondérale sont toujours omniprésentes, mais elle y est tellement habituée que cela ne gêne que ses compérages. Les autres, s'ils y voient un inconvénient, n'ont pas le temps de le dire car elle est au cœur d'une échauffourée mettant aux prises Vampires et Epouilleurs. Et elle va suivre un membre des assaillants, n'ayant pas d'autre solution.

Dame Elvège, habite une prétentieuse demeure, un château où elle pourrait vivre des jours tranquille parmi sa mesnie, mais les Vampires ne la laissent pas en repos. Et alors qu'elle s'est réfugiée dans une pièce, un refouloir, la protégeant momentanément des attaques des suceurs de sang, son castel est la proie des flammes. Jodok et Clindorgne arrivent au bon moment, pour la sauver et récupérer un charreton. Ils arrivent en vue d'un moutier dédié à Vivux, le fils d'un Dieu qui mourût écartelé en plein vol par des aigles tenant ses abattis. Ils sont accueillis par une nonette puis la supérieure acariâtre. Les hommes ne sont pas acceptés en général, mais Jodok et Clincorgne seront nourris et logés dans la vacherie s'ils se montrent utiles, en coupant du bois par exemple.

Renelle continue son petit bonhomme de chemin, suivie par un exsanguineur, un suce-sang, et ils s'arrêtent pour aider un marquis dont le coche vient de perdre une roue. Renelle ne perd pas la tête et grâce à ses pouvoirs, répare le carrosse et en route, voilà la sorcière qui se présente comme une marquise, elle ne doute de rien, et est invitée en le manoir de Sylbin. Même si elle n'a pas recouvré toutes ses potentialités et n'a guère l'habitude de s'exprimer en langue châtiée, elle se débrouille pour être sustentée et décrassée. Mieux elle va accepter d'offrir son divertissoire au marquis dont le suspensoir, ou la quenouille si ce vocable vous est plus familier, n'a pas eu l'occasion depuis moult lustres de participer au jeu de l'engendrement, ou plus trivialement au simulacre de la procréation. Mais bientôt ils vont partir vers le septentrion, le marquis étant, entre autres occupations qui lui passent le temps, comme cartographe pour le roi d'Obscurie.

Au nord, y avait, non pas les corons, mais une entité indéfinissable nommée la Mâchoire, dont les mandibules de fer attaquent la montagne, grignotant par-ci, désagrégeant par-là, provoquant des secousses telluriques de mauvais aloi. Et le chemin sera long, traversé d'embûches, pour rallier ce maufaiteur de Vorpil. Si tout ce petit monde éparpillé y arrive.

 

Laissons nos amis, depuis le temps qu'on les fréquente on peut considérer ces compères comme tels même si dans la vie courante on rechignerai peut-être à les côtoyer, vaquer à leurs petites affaires et déambulations qui ne manquent ni de piquant, ni de chaleur ou de froidure car il neige, ni de flaireur.

Entre la Fagne, profondément ancrée dans une atmosphère médiévale et l'Obscurie qui se tourne vers un modernisme proche du XVIIe et XVIIIe siècle, les différences sont profondes, tant géographiques que technologiques. Ainsi Clincorgne et compagnie, habitués aux marécages, évoluent dans un pays montagneux, et eux qui sont munis de glaives découvrent l'existence des rapières et des mousquets. Mais ce ne sont pas les seules dissemblances qui existent, et je vous laisse le soin de les découvrir.

Comme j'ai eu déjà le plaisir de l'écrire, mais le répéter est un autre petit bonheur, Brice Tarvel tout en restant chez lui, est le dernier troubadour d'une époque médiévale littéraire prolongée, et l'on pourrait le placer, de son vivant je précise, près des ouvrages de Marie-Catherine Le Jumel de Barneville, connue sous l'appellation Baronne D'Aulnoy (1650-1705) et dont la vie aventureuse et mouvementée vaut bien tous les contes qu'elle a écrit, de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1711-1780) dont le conte le plus célèbre reste La belle et la bête, ainsi que Georges Sand et Claude Seignolle, grand recenseur et dépoussiéreur de contes populaires et auteur lui-même, puisque la Fagne pourrait être assimilée au Berry et à la Sologne, plus précisément dans le pays de Brenne. Et l'Obscurie pourrait être la Franche-Comté, mais ce n'est qu'une hypothèse.

Brice Tarvel ne sacrifie pas à une mode scripturale qui se veut résolument moderne en piochant dans des anglicismes malvenus mais en remettant à l'honneur des termes qui fleurent bon le terroir, désuets, obsolètes, surannés, mais au combien expressifs et imagés.

Brice Tarvel exhume des trésors de la langue française et bon nombre de romanciers actuels, à succès ou non, devraient se sentir maupiteux devant un tel florilège lexical.

Brice TARVEL : Au Large des Vivants. Ceux des eaux mortes. Tome 2. Collection Dédales. Editions Mnémos. Parution le 17 juin 2011. 272 pages. 19,30€. Version numérique : 7,99€.

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 14:55

Hommage à Jacques Blois né le 26 mars 1922.

Jacques BLOIS : La foire à la ferraille.

Des entrefilets dans des journaux corses, que lui montre son ami le Baron et voilà Joi lancé dans de nouvelles aventures.

Trois cadavres ont été retrouvés au large du détroit de Bonifacio, flottant dans les eaux ou couchés au fond d’une barque. Trois cadavres ayant reçu une balle dans l’œil gauche.

Joi s’inscrit dans un village-vacances au nord de la Sardaigne. Il est entouré de jolies filles et de jeunes gens qui l’aident dans son enquête, un dérivatif durant leurs vacances.

Des jeunes femmes qui s’inquiètent de son couchage, d’autres cadavres éborgnés de la même façon, des grenades cachées dans le ravitaillement destiné au village vacances, un petit voyage rapide en Corse, une troublante réminiscence de soldats déserteurs, des caisses contenant de mystérieuses spirales de ferraille ponctuent le séjour de Joi qui ne repartira pas les mains vides.

 

Les premiers romans mettant en scène Joi, Jacques-Octave d’Iseran, entraîneur de chevaux à Chantilly, tout comme son frère jumeau, Ami, Arnaud-Mathieu d’Iseran, sont publiés fin 1966 dans la collection L’Aventurier.

Joi a les yeux verts, ceux d’Ami sont bleus. Seule différence visible, lorsque les deux hommes sont habillés. C’est Joi qui narre ses aventures dans lesquelles souvent Ami est impliqué, parfois sans en informer son jumeau. Quelques clichés émaillent ces pérégrinations. Les femmes, plus belles les unes que les autres, se laissent facilement tomber dans les bras de Joi qui n’en demande pas tant et se gargarise au whisky.

Jacques Blois possède un style particulier et plaisant, écrivant à la première personne du singulier, ce qui permet au lecteur de participer aux réflexions intérieures de Joi lequel se pose de nombreuses questions et s’invective lorsque tout ne va pas comme il voudrait.

Les phrases sont courtes, le point de suspension est souvent employé, l’humour et la dérision planent tout du long du récit mais également ce petit brin de poésie enjouée qui met en valeur les descriptions. Si les chevaux sont sa passion, et il en vit bien, Joi se montre bon vivant, esthète, cultivé, polyglotte, ce qui ne l’empêche pas de se servir de ses poings ou d’une arme quand l’occasion s’en fait sentir. Et comme tout aventurier qui se respecte ne dédaigne pas d’arrondir son pécule.

L’un de ses jurons favori est Charrette. Parmi les seconds rôles, l’inspecteur Phil D’Arcy, un Américain spécialisé dans la lutte contre les trafiquants de drogue et Le Baron, patron d’un bar à Saint Germain des Prés où Joi possède ses habitudes.

Jacques BLOIS : La foire à la ferraille. Collection L'Aventurier N°126. Editions Fleuve Noir. Parution mars 1967.

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 09:55

Hommage à Jacques Blois né le 26 mars 1922.

Jacques BLOIS : Un portrait.

Jacques Blois, de son vrai nom Jacques Faucher est né le 26 mars 1922 à Bonn en Allemagne mais est périgourdin d’origine. Après des études classiques et un passage à la faculté de Sciences puis de médecine-chirurgie avec comme loisirs le jazz, le théâtre et le rugby, il connaît les affres de la Seconde Guerre Mondiale.

En 1943 il est déporté pour une durée de deux ans avec au bout du compte une condamnation à mort signifiée par la S.D. « 65 jours en cellule à attendre corde ou rafale » (correspondance personnelle). Il est libéré par un commando Patton et passe deux ans en internat de sana-chirurgical où les radioscopies dévorent ses hématies. « J’abandonne et vais me refaire une santé en haute montagne. Barrage de Tignes puis chantier expérimental dans les Hautes Pyrénées (ravitaillé par les choucas). En 1954 je suis l’un des assistants de l’Abbé Pierre pour la création d’Emmaüs ».

En 1956 le PDG d’un grand magasin parisien l’appelle et il y restera pendant 27 ans, gravissant tous les échelons. Dans le même temps il se délasse par l’écriture de ses ouvrages pour le Fleuve et multiplie les rencontres au cours de nombreux voyages. Depuis il vit dans la paix magique d’une forêt templière avec la découverte de la pensée complémentaire de Lao-Tseu. L’écriture « n’est qu’une branche de l’éventail largement ouvert tout au long de ma vie pour ma plus grande joie ». Le rugby, l’équitation, le théâtre, le jazz (Hot Club de France), la haute montagne et les voyages dans l’Europe, la Scandinavie et la Chine profonde pour le Tao, le tout lié à ses occupations professionnelles, chantiers de travaux publics d’Emmaüs et commerce, complètent cet éventail.

Mais sa passion principale, c’est bien la vie. « La vie sous toutes ses formes ! Le spectacle gratuit et permanent de la Comédie Humaine ! Toutes mes activités ont été passions d’homme libre loin de l’autoritaire de la philosophie grecque et des brumeuses incertitudes d’un Descartes » Parmi les romanciers de littérature populaire qu’il lit avec plaisir, bon nombre d’auteurs du Fleuve dont Claude Rank, Pierre Nemours, André Caroff et Klotz. En littérature générale, il aime Montaigne, Rabelais, Giono, Céline, Revel, Blondin, Bodard, Morrison, Chester Himes, Gunther Gräss, des Japonais et des Chinois. « Parce qu’ils ont le souffle, la maîtrise du souffle qui donne ce fleuve aux mille caprices sur lequel les mots voguent comme des barques. A l’inverse il y a le tripatouillage (je suis poli) méningé des pédants besogneux et sans souffle... »

S’il est venu à l’écriture, c’est un peu par atavisme régional. « Mes racines sont ancrées dans une région noble, le Périgord, où l’on aime conter, raconter. De la parole à l’écriture, il n’y a qu’à saisir un stylo (à la suite d’un pari que j’ai perdu). Malgré une activité débordante j’ai écrit, dans ma joie, deux ouvrages sans imaginer une seconde qu’un éditeur... C’est un ami qui m’a propulsé dans le cirque en confiant mes histoires aux Presses, et sans m’en avertir. Bonne farce ! Rendez-vous au Fleuve Noir et c’était parti pour plus de soixante-dix ouvrages, toujours avec le même relax, le même plaisir, et surtout sans effort, car comme je raconte, j’écris d’instinct avec le support de banales règles classiques et la beauté de notre langage - hier mais plus aujourd’hui -. Quant au terme populaire, j’ignore ce qu’il veut dire. Cette marée pathologique de tout mettre à rancir dans des bocaux sur des étagères de hauteur différente - quelle sclérose ! Pour moi, il n’y a pas cinquante littératures - il y a une écriture humaine comme la peinture est humaine.

Toutefois Jacques Blois n’aime pas trop le terme littérature populaire, trop ancré selon lui dans l’esprit du public comme une sous-littérature. Il préfère la formule « littérature d’action et d’aventures », citant volontiers Christophe Mercier : « ...la littérature populaire est devenu un grand fourre-tout, comme si le fait d’écrire pour un large public, et de lui plaire, était un péché originel et excluait du Parthénon littéraire... ! Les romanciers populaires ne sont pas des primaires, mais des écrivains conscients, des expérimentateurs de forme. L’art pour l’art - hors de toute démonstration - c’est eux ! ». Ce qu’il ne manquait pas de développer lors de conférences données au profit du Rotary Club notamment. Petite anecdote amusante, le parcours d’un manuscrit - « N’ayant jamais eu le goût et le temps de lécher les moquettes, mes passages au Fleuve Noir étaient rapides et quasi anonymes. Un jour j’adresse un manuscrit de polar au Fleuve. Un mois plus tard il me revient refusé! Trop en avance pour l’époque ??? Sans état d’âme, je le range dans un tiroir. Deux ou trois ans plus tard, coup de fil du Fleuve un rien énervé. As-tu un manuscrit police bientôt prêt, c’est urgent ! Je promets pour la fin de la semaine. Largement le temps de sortir le refusé de son placard. Honnêtement je change le titre. Un mois plus tard, accepté. Trois mois plus tard en librairie. Sic gloria transit. Merci Sainte Modestie narquoise... ». Le cinéma ne s’est pas intéressé ouvertement à l’œuvre de Jacques Blois, pourtant celui-ci constate que des idées lui ont été « prises en toute sérénité silencieuse. Ceci est une autre histoire qui me laisse indifférent ! ».

Jacques Blois est décédé en mai 2010.

Cet article a été réalisé d'après une correspondance échangée avec l'auteur.

Jacques BLOIS : Un portrait.

Collection L'Aventurier:

129 - Retour à l'expéditeur

131 - La Marotte de Dame Marouatte

132 - Gymnastique suédoise

135 - Cure sans sommeil

137 - Le Pool aux oeufs d'or

139 - Le Cheval de proie

142 - Poivre, sel et piment

145 - A contre-carats

147 - A titre d'huile

150 - Bal en berne

152 - Voyage sans horizon

154 - Voltige en Haut-Adige

159 - Vampé, le vampire

162 - Le Bénitier du Diable

167 - Le Radeau des médusés

169 - Trident aux dents

173 - Le signe du trèfle

177 - Paradis, part à deux

181 - Pot aux pruneaux

184 - De l'or dans l'aile

189 - A cloche-cheval

 

Jacques BLOIS : Un portrait.

Espiomatic-Infrarouge -

17 - Le Conch frappe les trois coups

19 - Le Conch joue à la balle

21 - Le Conch, 8ème plaie d'Egypte

23 - Tap tap Conch

25 - Le Conch ne fait pas de fleurs

27 - Spécial pétrole, Conch !

30 - Le Conch au carnaval des anges

43 - Pépites en rafale

 

Jacques BLOIS : Un portrait.

Spécial Police -

732 - Panique en sous-bois

779 - Une bien belle affiche

817 - Qui trop embrase

866 - Le gobe-souris

899 - A brûle-chassis

924 - Blouson à redorer

949 - La mort vient en jouant

992 - Au clair de la mort

1029 - Je tue pour toi

1046 - Quand tout s'effiloche

1078 - Escale pour un voyou

1388 - Trois pieds dans une tombe

1405 - Trop peureux pour être honnête

1442 - Taxi tire-lires

1544 - Le gros, le grand et la pagaille

1588 - Appelez-moi Victoire!

1609 - Silence! on tourne... mal

1655 - Les mains au feu

1694 - Un éphémère chez les books

1799 - Trois belles, trois méchants, trois flic

 

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