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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 14:01

Le lac d’Amour est considéré comme le lieu mal famé de Bruges, rendez-vous des homosexuels. La découverte d’un corps baignant dans son sang laisse supposer une tentativeaspe2.jpg de meurtre crapuleux, une hypothèse qui ne tient pas longtemps. Un homme, qui déclare avoir découvert le corps et appelé immédiatement les secours, répond aux questions du commissaire Van In, rapidement arrivé sur place. Le témoin, qui se nomme Jaime Ruiz, est Espagnol. Il travaille au Collège d’Europe et parle cinq langues, ce qui arrange Van In, lequel n’a plus besoin d’interprète. En compagnie de ses adjoints, le fidèle Guido Versavel lui aussi homosexuel, Robert Bruynooghe le bourru et l’aguichante Carine Neels, Van In est chargé de l’enquête qui pour leur patron De Kee, toujours énervé, n’est qu’une péripétie sans importance. Il confie une autre mission autrement plus importante à ses yeux : l’exposition Hibrugia. En partenariat avec l’Espagne qui va déléguer des personnalités de marque, le tableau Guernica de Picasso doit être exposé dans une sorte de bunker construit spécialement pour l’occasion sans oublier quelques belles œuvres de Velasquez, du Greco et de Goya. Jos Viaene, la victime, est identifié grâce à un bout de papier retrouvé dans une de ses poches, et les recherches entreprises établissent qu’il travaillait comme agent de sécurité pour les musées de la ville. Dans une sacoche du vélo qui était caché dans un fourré, et appartenant à Jos Viaene, les policiers trouvent le schéma d’une installation d’alarme. Au bas du papier figure une note griffonnée : Ruiz. Mais l’homme donne sa version. Selon lui ce serait plutôt ruis, qui signifie en néerlandais bruit parasite. Van In n’est pas convaincu par cette explication mais il n’en laisse rien paraître.

Sa principale préoccupation est de rencontrer un certain Boedt, le responsable de la sécurité. La mère de Viaene effondrée lâche quelques noms de personnes fréquentant son fils : Guido Jacobus, Olivier Boedt et Els Hocepied. Le premier est le fils d’un antiquaire, le deuxième celui du responsable de la sécurité, et Els Hocepied mannequin de profession. Viaene est dans un coma profond et comme si cela ne suffisait pas un inconnu lui loge une balle dans la tête, ce qui lui évitera de trop parler. Van In et son équipe rencontrent tour à tour les trois individus et quelques pistes se profilent à l’horizon quant à leurs collusions. Du moins entre Els et Ruiz. Mais les événements n’en restent pas là. Un tableau, Le Jugement dernier de Jérôme Bosch, est volé malgré les détecteurs et les alarmes. Or le ou les voleurs sont passés par la seule ouverture qui n’était pas protégée. Mais d’autres cadavres viennent s’immiscer dans le décor, tandis que Boedt décide de se suicider. La piste de l’ETA est avancée et De Kee, le commissaire en chef comme il aime à le rappeler en toutes occasions, vitupère parfois à tort et à travers.

Cette enquête faussement nonchalante mais fortement arrosée, Van In s’abreuvant généreusement de bière et autres boissons dégustées selon les circonstances, se révèle parfois brouillonne et l’épilogue est complètement sinon imprévisible, disons un peu hors sujet. Mais ce sont aussi les à-côtés de l’enquête qui donne du corps à l’histoire. Hannelore, la compagne de Van In, est juge d’instruction et participe activement à l’enquête, accompagnant souvent son homme. Ce qui procure de petits échanges aigre-doux entre le couple, mais aussi des moments de complicités attendrissants et jubilatoires.

Pour le plaisir, quelques citations :

Le mensonge coule aussi facilement de la bouche du diplomate que le lait du pis de la vache.

Etait-ce sa faute si Dieu avait créé la crevette et que le diable y avait ajouté du cholestérol ?

La différence entre une démocratie et une dictature se mesure souvent au temps nécessaire pour que les décisions prises en haut lieu soient appliquées.

Petite réflexion personnelle, je me demande parfois dans quelle catégorie ranger la France.

Pieter ASPE : Le tableau volé. (Zoenoffer – 2001 ; traduit du Néerlandais par Emmanuèle Sandron). Editions Albin Michel. 288 pages. 18€.

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