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22 avril 2014 2 22 /04 /avril /2014 08:47

Attention aux excès de vitesse !

 

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Depuis quelques temps, la vie de Clément part en vrac. Son cabinet d’architecte bat de l’aile, sa femme a une liaison avec son associé, sa fille Anna, depuis son viol végète dans le mutisme et a tenté par deux reprises de se suicider. Il se déplace à bord d’un vieux camping-car qui bat des portières.

Un soir, sortant d’un bar miteux situé près du port de l’Embouchure, il se fait dérober sa sacoche par un jeune voyou. Alors qu’il roule à bord de son véhicule, il aperçoit son voleur, le poursuit et le blesse. Au lieu de le remettre à la police il s’en occupe et c’est ainsi qu’il conduit Floréal, le gamin, dans un ancien entrepôt de bus transformé en squat. Floréal y vit depuis quelque temps en compagnie d’autres abandonnés de la société, et les bagarres, les accrochages ne manquent pas entre les divers occupants du lieu.

Clément s’attache à ce jeune paumé, ainsi qu’à Sandrine, une jeune prostituée et va s’immiscer dans leur quotidien, comme si son destin en dépendait. Ce qui n’est pas faux d’ailleurs, car les meurtrissures qu’il trimbale comme des cicatrices qui ne veulent pas se refermer, l’obsèdent et bientôt se révèlent indissociables de ses compagnons de route. Il déserte son appartement et ne se terre plus qu’à bord de son véhicule déglingué. Ce qui lui a valu le surnom de L’Escargot, se déplaçant à bord de sa coquille comme le gastéropode. D’anciennes affaires de corruption, des scandales immobiliers, des déboires conjugaux, le viol de sa fille, qui par ailleurs n’a jamais voulu porter plainte, tout un faisceau d’épreuves auxquelles il est confronté sans en avoir été particulièrement l’initiateur. Tout au plus un acteur involontaire dont les relations ne sont que notables véreux qui ont pignon sur rue. Englué dans une sorte de toile qui se resserre autour de lui, il trouvera une porte de sortie grâce à Floréal, Sandrine, et quelques autres, des rejetés, des amis de hasard, qui lui apportent un soutien moral et matériel sans calcul, sans demander une contrepartie désobligeante. Juste par humanisme.

L’atmosphère de ce roman nous plonge dans l’univers des intrigues qui étaient la marque de fabrique de David Goodis. Une lente déchéance d’un personnage banal dans les bas-fonds de la ville, physiquement et mentalement, avec des sursauts d’orgueil, le héros désirant comprendre pourquoi cette plongée dans les tréfonds d’un désespoir, d’une errance qu’il subit au départ avec l’inconscience naïve d’un être manipulé. Une exploration de l’âme humaine, des vicissitudes de l’existence qui tombent sans crier gare, sans qu’aucuns prémices soient détectables de prime abord, et qui vous laisseraient sur le bord du trottoir si des regains de lucidité n’émergeaient de votre conscience.


Michel BAGLIN : La balade de l’escargot. Pascal Galodé éditeurs. Parution le 13 novembre 2009. 250 pages. 17,50€.

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