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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 13:17

Certains partaient acheter une boite d'allumettes et ne revenaient jamais !

 

banville.jpg


Lucas, treize ans, est parti un samedi midi afin d'acheter un magazine de foot et il a disparu. Ses parents sont inquiets, et des portraits ont été affichés à Longjumeau et dans les environs. Le capitaine Jean-Baptiste Le Goff du SRPJ de Versailles est en charge de l'enquête. Il rencontre les parents qui ne voient pas pourquoi Lucas aurait fugué. Les petits problèmes existaient bien, des résultats moyens à l'école, de petites bricoles sans importance. Au collège, les avis sont unanimes. Lucas ne s'impliquait pas assez, c'était un solitaire. Il avait bien un copain avec qui il faisait ses leçons, sans plus.

Pendant que les policiers battent la campagne, Lucas est enfermé dans un grenier. Sa fugue l'avait fatigué et un homme l'avait réveillé la nuit alors qu'il s'était endormi près d'une haie. L'homme avait voulu le rassurer mais il s'était évanoui. Il sort de sa torpeur pour se rendre compte qu'il est chez un ogre et sa femme. Enfin ce serait plutôt sa femme qui serait la sorcière. Avec ses cheveux rouges, toujours en train de grogner, de rouspéter, de gueuler après son bonhomme, après le gamin, mal attifée, une véritable mégère.

Le capitaine Le Goff est mal dans sa peau. Sa femme l'a quitté emmenant dans ses bagages leur fille. Heureusement le travail est là pour lui occuper l'esprit. Le cadavre d'un gamin d'une dizaine d'années est découvert près d'un centre commercial à Villebon sur Yvette, non loin de Longjumeau. Apparemment il s'agirait d'un Rom étranglé. Il ne peut donc s'agir de Lucas, mais la piste d'un tueur en série n'est pas écartée. Un témoin se présente spontanément auprès des services de Le Goff mais quelque chose dans sa déclaration retient l'attention du capitaine. Ayant un problème avec son véhicule Michel Besson s'était arrêté sur le parking du centre commercial et avait aperçu un individu qui avait déchargé un sac extirpé d'une voiture blanche. Il n'avait pas pu distinguer le numéro d'immatriculation. Quant à l'heure, c'était aux environs d'une heure du matin. Or selon le médecin légiste, la mort serait survenue vers les trois ou quatre heures du matin. Le Goff est sceptique, intrigué par cette déposition. Ça lui apprendra à vouloir être un citoyen honnête à Besson.

Lucas parvient à s'échapper de chez ses bourreaux et lorsque Le Goff, guidé par le gamin parvient à l'antre, les vautours se sont envolés. Mais Le Goff fouille la maison découvrant un carnet d'adresses qui semble ne recéler que des adresses de correspondants ayant eu des ennuis avec la justice. Seul un certain Claude échappe aux recherches. Les deux vautours aux ailes rognées seront rattrapés mais il est indéniable que ce ne sont pas eux qui sont à l'origine de la mort du Rom.

Pour autant Le Goff ne lâche pas la piste Besson. Un nouveau meurtre est perpétré sur la personne d'un ado âgé de dix-huit ans. Cette fois son identité est connue et Le Goff et ses hommes remontent son parcours chaotique. Besson est homosexuel et ses fréquentations ne sont pas forcément reluisantes. C'est ainsi que, via ces deux sentiers semés d'embûches, Le Goff est sur la trace d'un triste sire surnommé l'Invisible. Il aurait pu tout aussi bien être surnommé l'Anguille car partout où Le Goff pense le trouver, l'homme s'est déjà faufilé vers un autre endroit. Et Le Goff n'est pas au bout de ses peines, car outre ses affaires de cœur, les problèmes liés à son prochain divorce et la garde de sa fille, un inconnu s'est infiltré dans son appartement lui dérobant des papiers, et il reçoit par téléphone des menaces impliquant justement son enfant.

Entre Longjumeau et ses environs et Paris, Le Goff va mener son enquête dans différents cafés et brasseries ou se rend ou rendait régulièrement son homme Invisible. Principalement des établissements dédiés aux homosexuels. Le métier de policier n'est vraiment pas de tout repos, et la cirrhose du foie n'est pas considéré comme un accident du travail.

 

Après un début un peu hésitant, l'envol du roman prend son véritable envol dans la seconde partie. Comme si Marie-Laure Banville avait débuté timidement son récit, s'enhardissant au fur et à mesure du déroulement de l'intrigue.

En effet la fugue/rétention de Lucas semble placée dans cette intrigue comme pour donner de l'épaisseur au roman, mais pas forcément à l'histoire. Et pourtant, elle se révélera indispensable pour la compréhension de l'épilogue.

Marie-Laure Banville joue avec les faux-semblants, les vraies fausses pistes, celles qui emmènent Le Goff et ses hommes sur des chemins de traverse. Un effet de miroir dont le côté glace nous reflète les travers de l'homme, de soi-même, et le côté tain la véritable nature brute de l'être humain.

L'écriture manque parfois de consistance et d'un seul coup, comme le vent qui apporte la tempête, elle possède des fulgurances qui transcendent le récit. Mais ce n'est qu'un premier roman et Marie-Laure Banville possède déjà les prémices d'une grande. Sur la quatrième de couverture, il est précisé que l'auteure est amatrice du genre policier et de ses auteurs majeurs américains et français. Point ne lui est besoin de vouloir les imiter comme il semblerait qu'elle veuille le faire en certains passages. Les petits maîtres, comme il est convenu de le dire, savent aussi écrire et racontent souvent des histoires plus intéressantes que ceux qui sont considérés comme majeurs.

Il a commencé par ressembler à Alain Delon et puis il finit comme tout le monde : une belle demeure en ruine, à la façade mal ravalée par les injections.


Marie-Laure BANVILLE : Achève, et prends ma vie. Editions Pascal Galodé. 23 Septembre 2013. 292 pages. 20,00€.

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commentaires

L
Déjà noté avec Claude...Pas encore lu...L'histoire de ma vie de lecteur.<br /> Amicalement<br /> Le Papou
Répondre
O
<br /> <br /> Mais ça va venir Papou, tu as tout le temps... Enfin presque...<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
A
Je suis tout à fait d'accord avec ton avis : les petits maîtres dépassent parfois les grands.
Répondre
O
<br /> <br /> Oh que ça fait plaisir de savoir que nous sommes sur la mêmelongueur d'ondes...<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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