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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 06:48

Un Poulpe en béton recouvert de sirop d'érable

 

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S’il y a une chose que l’on ne peut reprocher à notre ami Gabriel Lecouvreur, alias Le Poulpe, c’est bien sa fidélité en amitié. Qu’une femme l’appelle au téléphone du Canada pour lui annoncer le décès de son vieux copain Quentin Cointreau, et ce sont tous ses souvenirs de jeunesse qui affluent comme un mascaret sur le rivage de son esprit et s’écrase sur les rochers de ses neurones.

Quentin Cointreau était parti s’exiler au Québec après de petits soucis avec la justice française, y avait fait sa vie et ce depuis plus de vingt-sept ans. Son corps a été retrouvé près des berges du lac Memphrémagog et son meurtrier n’a pas joué dans la dentelle. Après lui avoir fait ingérer un produit genre soude caustique, il lui a donné un coup à l’aide d’un objet contondant sur le haut du crâne, tiré une balle dans le genou puis noyé dans le lac. Dans l’avion qui l’emmène vers le Québec, Gabriel se remémore tous les bons et mauvais moments passés en compagnie de Quentin, né le même jour que lui, et qu’il considérait comme son grand-frère. La nostalgie l’accompagne tout au long du voyage en avion, ce qui lui permet d’oublier les conditions pénibles dans lesquelles il est installé, ses longues jambes ne trouvant guère de place pour se positionner. Sur place il retrouve Maria, qu’il a connu lors de son précédent séjour chez nos cousins. Il avait accompagné Quentin, ils avaient connu tous deux la belle Maria, mais Gabriel avait préféré rentré en France, pour oublier. Mais il n’a pas oublié Quentin, dont il recevait parfois des nouvelles, ni Maria. Sur place, il n’a pas d’opinions préconçues, peut-être le bout d’un commencement de début d’embryon de petit peu de pas grand-chose de morceau de piste. D’abord Quentin vivait bien, très bien même, ses affaires étaient florissantes. Mais en quoi consistaient donc ses affaires ? Pas vraiment avouables ? Cela n’étonnerait guère Gabriel qui savait que Quentin marchait en dehors des passages balisés lorsqu’il était en France. Participe officiellement à l’enquête Réal Larouche, un policier dont les pieds sont toujours chaussés de souliers provenant de chez les plus grands manufacturiers. Quentin avait un ami qui vit près du domaine où il résidait avec Maria. Un Canadien de nouvelle souche, d’origine bretonne et qui a écumé pas mal d’endroits plus ou moins louches avant de poser son havresac près du lac. Cad, pour Cadoudal, est lui aussi peiné par l’assassinat de son ami. Et en compagnie de Maria, les trois hommes se lancent à l’assaut de celui, ou ceux, qui ont perpétré ce forfait.

Plus que l’intrigue, intéressante, c’est l’écriture, le style de Luc Baranger qui prime, un mélange de français, d’argot et de québécois, le tout agrémenté de nombreuses métaphores humoristiques. Au hasard, j’en ai relevé quelques-unes : « L’hôtesse, un mètre quarante-cinq de hamburger boudiné dans un uniforme trop juste, tortillait du croupion comme un loufiat de chez Michou » (page 43). Cela vous donne tout de suite l’ambiance. Une autre ? « Comme une burqua sur une strip-teaseuse kabouli, une profonde tristesse l’avait enveloppé » (page 65). Une dernière pour la route, et parce que je suis en veine ? « Le café finissait de suinter du perco dans un chuintement de semi-remorque en train de purger ses freins » (page 97). La poésie à l’état brut, et encore je ne vous dévoile pas tout, car le mieux est tout de même de découvrir ces perles dans leur contexte. Quant au titre calembour, il eut été impensable que Luc Baranger ne se l’offre pas.

 

A lire du même auteur : Backstage.


Luc BARANGER : Maria chape de haine. Le Poulpe 270, éditions Baleine. 8€.

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commentaires

C
Salut Paul<br /> Excellentissime épisode du Poulpe, en effet. En grande partie grâce au langage, comme tu le soulignes.<br /> Amitiés.
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O
<br /> <br /> Oui mon cher Claude<br /> <br /> <br /> et c'est ce qui m'a donné envie de le remettre.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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