Est-ce parce qu'il habite à Montrelais, que Michel Amelin s'est décidé à nous les dévoiler ?
Chroniqueur de la première heure à La Tête en noir, mais également à des revues comme Enigmatika, 813, aux Almanachs du crime de Michel Lebrun, auteur pour la jeunesse chez différents éditeurs, dont Rageot, Nathan, Bayard (la série des Polars Gothiques), Prix du roman policier du festival de Cognac 1989 pour Les jardins du casino (Le Masque), Michel Amelin s’est trouvé une nouvelle voie : la construction de boites judiciaires.
Avec ses « Boîtes Judiciaires », il poursuit son travail sur la fiction et sur la réalité. Passionné par l’ambivalence de l’indice, il veut mettre en place une réflexion sur la photographie et l’objet, trouver une voie entre le mot et l’image, sur le dit et le non-dit, sur le secret de famille et surtout sur l’interprétation.
Des objets à accrocher dans son salon, mais qui sont également proposées pour des expositions dans des festivals, des salons du livre, des libraires.
Mais que sont ces boites judiciaires ? Cela vaut bien une petite présentation :
Les boites judiciaires en kilogrammes et centimètres
Toutes les boîtes sont en chêne, protégées par une vitre, d’un format 33x33cm, prof. 8,5. Piton à l’arrière, poids 2,8 kg environ.
Boîte judiciaire n° 17 – L’affaire Lacave
C’est son mari qui l’avait tué. Elle devient folle.
Le concept des boîtes vitrées :
Pour Michel Amelin, la boîte vitrée est un réceptacle qui renvoie aux souvenirs des ex-voto, aux boîtes d’entomologie poussiéreuses. À l’intérieur, ne peuvent se trouver que des reliques.
Chacune constitue un univers particulier à l’aide d’éléments disposés comme dans un fond de tiroir oublié. Photographies, documents manuscrits, tissus, objets ternis, rouillés, vieilles poupées, insectes, animaux, fourrures, fleurs, bijoux, armes.
Il y a une première lecture esthétique.
Une légende est collée dessous. C’est une histoire criminelle. Cette légende implique une deuxième lecture de l’intérieur de la boîte par une nouvelle mise en relation de tous les éléments.
Boîte judiciaire n° 27 – L’affaire Landru
Son jardin secret.
Ici, par exemple, cette œuvre est constituée de terre, de poupées d’époque, d’une carte d’origine représentant la maison de Landru à partir du champ d’en face. C’est aussi une réflexion sur le mystère de la disparition des treize victimes attribuées à Landru. Il était impossible de les brûler dans la fameuse chaudière. De là cette hypothèse du démembrement et de l’enterrement dans le champ.
Indices : fictions et réalités
Chaque photographie, chaque objet, chaque document est authentique et unique.
Il est indéniable que, dans notre inconscient, toute photographie est une preuve. Par là même, par glissement, tout objet présenté à côté devient indice réel.
Le spectateur est dérouté par l’interprétation qu’il est obligé de faire. Il est face à un univers soigneusement clos, semble-t-il, depuis de longues années. C’est ce flottement qui intéresse Michel Amelin, ce moment diffus où l’esprit fait défiler toutes les histoires oubliées, toutes les impressions remontant à l’enfance, et surtout toutes ces questions sur le vrai et le faux, la fiction et la non-fiction.
Boîte judiciaire n° 32 – L’affaire Francis
Sa dernière cartouche fut pour sa femme.
Crimes
L’ensemble de la boîte présente le « avant », la légende raconte le « après ». Ce pourrait être des ex-voto de justice, dans le sens où chaque affaire (the case) est close et le coupable désigné par les preuves disposées dans la boîte. Justice a été rendue. Cette boîte serait ainsi l’œuvre naïve d’une sorte de greffier depuis longtemps disparu.
Comme dans un roman policier, la mort y est ici centrale mais domptée par la structure même de la boîte. Par le symbolisme de ses éléments, elle se donne seulement à lire d’une autre façon.
Boîte judiciaire n° 39 – L’affaire Saint-Clare
Le garagiste montre l’endroit où l’infirmière a été sauvagement énucléée.
Les Boîtes Judiciaires de Michel Amelin utilisent souvent des animaux symbolisant un élément physique ou psychologique du crime (statuettes, squelettes, fourrures, peaux, morceaux ou animaux entiers séchés ou naturalisés).
Envie d’en savoir plus ?
Retrouvez l’univers de Michel Amelin sur le site des Boites Judiciaires : http://lesboitesjudiciaires.fr/ et sa bibliographie sur http://michel.amelin.pagesperso-orange.fr/.
Bon voyage