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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 07:40

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé !

Jean-Paul NOZIERE : Cocktail Molotov.

 

La petite bourgade de Dalet est en effervescence : son équipe de football qui stagne dans les profondeurs du classement de la CFA, va jouer les demi-finales de la Coupe de France, comme trois ans auparavant. Ce n’est pour autant qu’il faut s’amuser à briser des vitrines et à lancer dans cocktails Molotov chez des particuliers. Mais Goran, même s’il squatte les vestiaires du stade en construction, ne s’intéresse pas au foot. Lui il a une mission et s’il casse les vitrines et lance des cocktails imbuvables, ce sont pour des raisons personnelles. La famille peut-être, qui le tarabuste, le père, la mère, la sœur, tous décédés mais qui vivent auprès de lui, en lui, comme des fantômes envahissants. Ils le morigènent, le disputent, se moquent de lui, et s’il se cabre, il sait pertinemment qu’ils reviendront lui faire des reproches.

Milius, surnommé Slo, s’ennuie dans son appartement : sa femme est décédée huit ans auparavant, il ne voit plus ses deux filles et Patrice son fils est emprisonné suite à une affaire de trafic de drogue. Il s’empâte, s’encroûte, déprime. Et ce n’est pas l’intrusion de Yasmina et de son chien Bogart qui va dissiper son vague à l’âme. Yasmina n’est pas venue en touriste, elle demande à Milius de reprendre officieusement du service.

Son amie Zineb Djouadria est l’une des victimes du fou aux cocktails fumeux et fumants et son frère Mouloud, héros de l’équipe de foot locale est parti travailler en Turquie, après avoir été victime lui aussi une attaque alors qu’il habitait vingt kilomètres plus loin. Officiellement c’était un accident de barbecue. Il travaillait dans l’usine de chaussettes, la seule existante encore en France, mais celle-ci est en perdition. Son propriétaire, Cloutet, pensait que les retombées de la prestation précédente allaient donner un coup de fouet à la production, et même il avait envisagé de faire construire un nouveau stade, étant par ailleurs président du club de foot.

Hélas, l’usine est soumise à la délocalisation, et le stade, au stade justement, de chantier. Milius et Yasmina rencontrent des commerçants dont la vitrine a été brisée ainsi que les particuliers, des joueurs et des supporters, proies de la vindicte du lanceur de feu. Mais tout le monde se retranche vers des Je ne sais pas, je ne sais rien, et n’ont même pas déposé plainte. Quelques uns, plus acrimonieux que les autres, jettent la responsabilité sur des Arabes et autres étrangers au pays.

 

Ce roman de Jean Paul Nozière, c’est un peu comme un éventail. Il forme un tout mais est composé de plusieurs branches qui tiennent toutes dans la main, dans le récit je veux dire. Ainsi il y a le parcours de Goran, le tsigane blond, presque albinos, Milius et Yasmina qui se dépêtrent comme ils peuvent de leurs déboires familiaux, Zoé jeune bonne du curé au physique ingrat qui recherche l’amour charnel à tout prix et dont les boyaux de la tête sont tellement entremêlés qu’il est difficile pour ses interlocuteurs à comprendre ce qu’elle veut et dit exactement, enfin le curé, Hubert, qui lui aussi possède ses cadavres dans un placard, ou plutôt sous une dalle.

Un roman qui permet à Jean-Paul Nozière de décrire une petite ville de province, semblable à tant d’autres avec ses excités du ballon, son usine qui va délocaliser, ses habitants qui pratiquent le racisme avec souvent plus de bêtise que de méchanceté, parce que tout les malheurs qui s’abattent c’est la faute à l’autre, à l’étranger, à ceux qui ne pensent pas comme eux, un peu comme dans la chanson de Georges Brassens La mauvaise réputation : Les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux… Même la gendarmerie qui ne va pas jusqu’au bout d’une enquête parce que le nombre de gendarmes affectés à la brigade est trop maigre pour s’occuper de tout et qu’il y a des priorités.


Jean-Paul NOZIERE : Cocktail Molotov. Rivages Noir N°746 ; Editions Rivages. Septembre 2009. 352 pages. 8,65€.

 

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