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24 mai 2014 6 24 /05 /mai /2014 09:17

Portes ouvertes pour soirée privée.

 

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Dormez en paix braves gens, Fessebouc s’occupe de tout ! Vous lancez une invitation à quatre ou cinq amis afin de participer à une petite fête, plus de cent individus se pressent au portillon. Et comme il fallait s’en douter - les jeunes sont indisciplinés ma brave dame, pensez donc, y’en avait même qui n’avaient pas quatorze ans, et puis l’alcool et la drogue qui circulaient ! – cette petite sauterie dégénère en poudrière.

Profitant d’un voyage de ses parents à bord d’un voilier dans les mers du Sud, Rachel, la fille du juge Ault, a donc convié quelques amis, plus les amis des amis, plus ceux qui ont cru qu’ils étaient invités. En guise de remerciements ceux-ci ont tout saccagé et les voisins ont dû se résoudre à demander à la police de rétablir l’ordre. D’habitude Craneswater, le quartier huppé de Portsmouth, est si tranquille !

Lorsque l’inspecteur Faraday arrive sur place vers 2h30 le dimanche matin, tout semble être rentré dans l’ordre. La plupart des participants sont arrêtés puis convoyés dans différentes geôles de la région, Portsmouth ne pouvant recueillir malgré la bonne volonté des autorités locales tout ce petit monde, et leurs téléphones portables confisqués. Seulement le couac réside en la découverte du corps de Rachel allongé près de la piscine du voisin. A ses côtés gît aussi Gareth Hughes, le petit ami de la jeune fille. Et il ne s’agit pas d’un accident ou d’un suicide. Gareth a le crâne éclaté comme un melon trop mûr et Rachel a été labourée à coups de couteau, l’arme blanche n’étant pas retrouvée sur place.

Le voisin des Ault n’est pas un inconnu des services de police, au contraire. Il s’agit de Bazza Mackenzie, qui après avoir été un baron de la drogue s’est reconverti comme un grand brasseur d’affaires ayant pignon sur rue. Revenant d’une soirée en compagnie de sa femme, il a voulu mettre fin, seul, à la pagaille, car il avait promis au juge de surveiller sa fille. Bazza récolte un coup de bouteille sur la tête, distribue avec générosité quelques horions et est poussé vers la sortie par Matt Berriman, l’ancien petit ami de Rachel, qui le protège. Bazza, vu ses antécédents et son crâne ensanglanté, est mené au commissariat de police. Mais il démontre, preuves à l’appui, à Faraday et ses hommes, qu’il n’est en rien en cause dans le meurtre de Rachel et de Gareth.

Matt Berriman et Rachel se connaissaient depuis de longues années, depuis l’école. Ils étaient tous deux nageurs émérites, ayant le même entraîneur, frappant à la porte de la sélection nationale de natation du bout des palmes, et ils s’aimaient. Seulement cette belle histoire a coulé du jour au lendemain et depuis Rachel s’affichait avec Gareth.

Les portables confisqués aux adolescents en goguette, du moins ceux qui ont pu être alpagués, révèlent des photos et des vidéos intéressantes sur le déroulement de cette soirée. La cave du juge a été pillée, un gamin fourguait de la drogue à moitié prix, une ado gothique au crâne rasé taguait les murs à l’aide d’une bombe de peinture noire et lacérait les tableaux de maître à l’aide d’un couteau, et autres joyeusetés propices à entretenir l’ambiance. Et encore, Faraday n’a pas tout vu. Les policiers visionnent les jours suivants des scènes torrides avec pour actrice principale Rachel dans des positions qui ne sont que mises en bouche préparatoires à d’autres relations. Et si cela ne suffisait pas, ceux qui ont réussi à s’échapper comme la gamine anonyme, mettent en ligne sur Internet des images édifiantes de cette soirée.

Bazza ne reste pas les deux pieds dans le même sabot. Après tout c’est chez lui que les deux corps ont été retrouvés et cela nuit fortement à son image de marque et à sa virginité toute neuve de truand reconverti. Aussi il demande à Paul Winter, ancien policier collègue de Faraday mis sur la touche et devenu homme de main de l’ancien malfrat, d’enquêter de son côté.

Entre Faraday, qui ne reste pas en cage, et Winter commence une sorte de course à qui trouvera le premier le coupable de ce double meurtre. Les moyens engagés ne sont pas les mêmes, leurs approches non plus. Ils tirent chacun un fil de l’écheveau sans connaître les résultats obtenus par l’autre partie, la main droite ignorant les avancées de la main gauche et inversement non proportionnel.


hurley2.jpgCette enquête dure une semaine et nous propose rebondissements sur rebondissements. Le lecteur suit les tâtonnements et les avancées des deux protagonistes principaux délégués à la résolution de l’affaire, les points positifs se recoupant parfois, et les échanges de renseignements entre les deux hommes via des témoins ou de simples policiers collègues ou anciens collègues de l’un et de l’autre. S’instaure également un jeu du chat et de la souris entre deux conceptions, deux façons de procéder légales ou non, et surtout les ressentiments avoués ou non des uns envers les autres.

Le genre dit de procédure policière, dont les chantres furent Hillary Waugh et Ed McBain, est un genre aujourd’hui quelque peu désuet de la littérature policière et Graham Hurley le remet habilement et avec maestria au goût du jour. Mais en même temps il met en avant le rôle joué par les techniques modernes et les nouvelles façons de communiquer que ce soit les téléphones portables et leurs applications ou Internet, ainsi que les réseaux asociaux. L’auteur dénonce également le laxisme parental et la liberté trop grande accordée aux enfants, l’un découlant de l’autre.


Graham HURLEY : Une si jolie mort (No lovelier death – 2009. Traduit de l’anglais par Valérie Bourgeois). Première édition Le Masque 2012. Réédition Collection Folio Policiers N°731. Parution le 20 mai 2014. 624 pages. 8,90€.

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commentaires

L
Je commence Ed McBain, pour te dire que j'ai du rattrapage à faire.<br /> Le Papou
Répondre
O
<br /> <br /> Il n'est jamais trop tard pour bien faire, Papou !<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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