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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 16:40

bayard.jpgPierre de Terrail, chevalier Bayard, est l’un des héros de l’Histoire de France qui a fait rêver les jeunes têtes blondes et les autres. Souvenez-vous, le célèbre chevalier Sans peur et sans reproche surnommé ainsi pour ses exploits en Italie notamment au pont du Garigliano. Des faits d’arme qui avaient le don de réveiller des élèves somnolents après un déjeuner pas forcément copieux mais souvent indigeste pris en commun à la cantine scolaire. Mais avant cela, en 1494, le roi Charles VIII est encerclé à Fornoue par une coalition d’Italiens et d’Espagnols, et il ne doit la vie sauve qu’à une poignée de chevaliers emmenés par Bayard lequel n’a que dix-huit ans. Et si Bayard est à Amboise c’est sur l’impulsion du Chambellan Philippes de Commynes, grand diplomate, parfois en disgrâce mais qui sait rebondir sur ses pieds.


Ce jour du début d’avril 1498, se déroule en la cour du château d’Amboise, un grand tournoi de jeu de paume. Le comte de Lusignan, l’un des favoris, vient de se faire battre par un jeune chevalier inconnu, Pierre de Terrail dit Chevalier Bayard, devant les yeux ébaubis de damoiselle Héloïse Sanglar, la fille de l’apothicaire. Une belle jeunesse affligée d’un pied bot. Bayard hérite d’un trophée qui l’embarrasse, fort peu habitué aux honneurs. Il fait don de la cocarde qui lui échoit à cette fort mignonne personne qui n’a d’yeux que pour lui. Le lendemain, il va se confronter à Giacommo Nutti, vainqueur du duc de Nemours, donné pourtant comme favori. Giacommo Nutti est envoyé spécial du duc de Sforza, lequel aimerait s’allier au roi de France pour combattre ses ennemis. Mais ceci est une autre histoire que l’on peut découvrir au travers du roman de Mario Puzo : le sang des Borgia.
La confrontation opposant Lusignan à Bayard a eu pour spectateurs Charles VIII ainsi que son épouse Anne de Bretagne et son conseiller Commynes qui conversent en le cabinet de travail du monarque. Anne de Bretagne et Commynes quittent le roi, empruntant pour se faire, un goulet menant aux escaliers descendants. Or ce couloir est plongé dans une pénombre qui va s’avérer funeste. A un moment Commynes trébuche et afin de garder l’équilibre s’accroche à la croix pectorale de la reine, croix qui choit à terre. Il se baisse afin de récupérer en tâtonnant le bijou et enfin ils peuvent joindre l’escalier. A ce moment ils entendent un grand cri. Stupeur les gagne et ils retournent sur leurs pas après un moment d’indécision. Le roi gît là où ils se tenaient peu avant à la recherche de la croix. Nul doute que le front d’icelui a percuté violemment une poutre provoquant sa chute et son évanouissement. Anne appelle les gardes et de retour sur le lieu de l’accident elle apprend qu’elle est devenue veuve.


Un conseil est prévu afin de désigner le nouveau roi, car Charles VIII n’avait pas de descendant et Anne ne peut prétendre à régner. Le seul successeur de la proche parentèle ne peut être que le duc d’Orléans, mais pour cela, il faut qu’il obtienne l’aval du conseil, ce qui n’est pas encore acquis. A la sortie du conseil, Commynes est abordé par Bayard lequel lui révèle en catimini que le roi a été assassiné. Le conseiller ne peut que se rendre à l’avis du chevalier, lequel démontre que la petitesse du roi, petitesse physique s’entend, était incompatible avec la hauteur du couloir et de la poutre. Une réflexion qui sera confortée peu après lorsque le médecin requis constate que dans la plaie qui a peu saigné une écharde est fichée. Or nul morceau de bois est présent dans les parages.


En aucun cas cet accident ou meurtre ne peut être divulgué et annonce est faite que le roi est malade. Plus tard le décès sera déclaré consécutif à maladie foudroyante. La finale du tournoi de tenetz, autre nom du jeu de paume et ancêtre du tennis actuel, doit se dérouler dans des conditions normales. Nutti et Bayard s’affrontent dans la lice et première balle est lancée par l’envoyé milanais. Bayard reçoit en plein front l’esteuf mais sa solide constitution lui permet de se remettre rapidement sur pieds. En observant cet esteuf il constate que celui-ci n’est pas réglementaire mais contient des pierres et de la ferraille, ce qui formellement prohibé. Bayard gagne ce tournoi, ce qui augure de bons auspices sous les yeux énamourés de la belle Héloïse. Toutefois le décès du roi est problème qui trottine dans son cerveau meurtri. Il scrute avec attention le couloir fatal, cherchant à découvrir un passage secret, en vain. Sur les conseils de Commynes il se rend dans la bibliothèque du manoir du Clos Lucé, la résidence d’été de la reine nommé aussi manoir du Cloux, situé à quelques cinq cents verges (ou trois cents toises si l’appellation verge ne vous agrée pas) de la demeure royale.


Bayard se fiant à la sapience du conseiller se rend donc nuitamment en la bibliothèque royale afin de compulser les archives consacrées à la construction et aux aménagements du castel et plus particulièrement à l’étage où s’est déroulé le drame. Il ne trouve rien de spécial mais, alors qu’il a terminé son inspection, un inconnu lui cherche noise. Bayard est un valeureux bretteur et il parvient à échapper à son agresseur tout en remarquant que celui-ci est affligé d’une marque au cou, un angiome disgracieux. Il s’agit du Defeurreur, assassin appointé dont l’identité de l’employeur reste à découvrir.


C’est le début des ennuis pour Bayard et pour sa belle ainsi que pour le père d’icelle. Traquenards, tortures, envoûtements et autres guet-apens ponctuent cette aventure qui n’est bien évidemment qu’une fiction, issue d’une supposition, d’une hypothèse qui se veut imaginaire mais somme toute plausible, comme le signifie Eric Fouassier dans sa note historique. La reconstitution de l’époque est plaisante et l’emploi de mots désuets, obsolètes, fort bien venu. Il ne s’agit pas d’un récit didactique sur cette période qui s’inscrit entre la fin languissante du Moyen-âge et les débuts timides de la Renaissance. Le lecteur assiste en spectateur à un tournant de l’histoire, un incident de parcours qui comme bien d’autres possède son mystère et que les chroniqueurs de l’époque ne pouvaient relater, soit parce qu’ils n’étaient pas témoins, soit parce que ceux qui étaient présents ne pouvaient narrer la vérité par diplomatie ou confrontés au devoir de réserve. Ce roman est le quatrième d’Eric Fouassier publié aux éditions Pascal Galodé et à chaque fois l’auteur nous présente une nouvelle facette de son talent.
A lire également Rien qu’une belle perdue.
Eric FOUASSIER : Bayard et le crime d’Amboise. Pascal Galodé éditeurs. 320 pages. 23,90€.

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commentaires

M
que de tentation chez toi... je note celui-là, mais pour plus tard, une petite overdose du roman historique en ce moment...<br /> bonne fin de journée un peu frisquette,<br /> m'en vais retourner lire sous la couette,<br /> amitiés
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O
<br /> <br /> Comme je l'ai écrit à un ami, Pierre de Black Novel,<br /> <br /> <br /> Le blogueur propose, le lecteur dispose !<br /> <br /> <br /> Et bon séjour sous la couette. Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
L
la PAL de la petite souris est pire que la mienne !<br /> <br /> une maison d'édition qui a des petits bouquins fort sympas dans son catalogue !)
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O
<br /> <br /> Oui mais pas que des petits, il y a aussi des pavés, mais le catalogue en lui-même intéressant<br /> <br /> <br /> <br />
L
fichtre tu l'as déjà lu !!! il a l'air original ce roman, je compte bien le lire, des que j'ai lu les 767 autres livres qui m'attendent !^^
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O
<br /> <br /> Eh oui, mais il faut dire que j'aime bien les histoires et le style d'Eric Fouassier<br /> <br /> <br /> Ne pourrais-tu pas le remonter en haut de ta pal ?<br /> <br /> <br /> Amitiés et à bientôt<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

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