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4 novembre 2020 3 04 /11 /novembre /2020 04:47

Un roman épistolaire et polyphonique

Frédéric LENORMAND : Un beau captif.

Le 7 prairial an VI, soit en langage universel le 26 mai 1798, un jeune garçon, âgé probablement de treize à quatorze ans, surgi de nulle part, vêtu tel un petit seigneur mais chaussé de sabots, est conduit à la maison d’arrêt de Châlons-sur-Marne par le garde-champêtre de Mairy. Il refuse de révéler sa véritable identité auprès de Nicolas-Joseph Lecacheur, directeur du jury ou commissaire de police, et est incarcéré dans la prison dont la concierge, Rosalie Delaunay n’est autre que l’épouse Lecacheur. Etait, car depuis 1792, une loi permet le divorce.

Si Lecacheur reste sur la réserve concernant ce gamin qui affirme être de noble naissance, sans apporter de véritables preuves, Rosalie Delaunay s’entiche de ce vagabond, lui aménageant des appartements luxueux. Elle le cajole et bientôt elle est persuadée qu’il s’agit de Louis XVII, le Dauphin qui officiellement est décédé en la prison du Temple en 1795 à l’âge de dix ans.

Bientôt Rosalie est rejointe dans sa conviction par d’autres personnalités issues de tous bords, tandis que des voix contraires s’élèvent, traitant ce gamin d’imposteur. Des nobles, des émigrés la plupart du temps, revenus en France, se rendent auprès de l’adolescent, notamment une marquise, ancienne dame d’atour de Marie-Antoinette qui reconnait formellement le Dauphin. A la voix, car elle est atteinte de cécité. Mais aux questions qu’elle lui pose, il répond avec assurance, fournissant les bonnes réponses, du moins celles qu’elle attendait.

Il explique qu’il a été aidé dans son évasion par un inconnu qui aurait déposé sur sa paillasse au Temple un garçonnet et que lui se serait caché dans un panier de linge emporté par la blanchisseuse. Et d’autres détails complètent son récit et ses allégations.

 

Plus qu’un roman, Un beau captif est un exercice de style, composé d’échanges épistolaires, de rapports, de témoignages, d’extraits de journaux intimes, de documents qui parfois se complètent, parfois se contredisent.

Ceci n’est pas pour rebuter Lecacheur, par son goût de l’enquête et en même temps par son désir de contrer, contrarier, son ex-femme. Une enquête à rebondissements, située dans une période trouble, le Directoire, durant laquelle fleurissent de nombreux complots, aussi bien du côté des Royalistes que des Jacobins, et qui se terminera par le coup d’état du 18 brumaire An VIII et la période du Consulat qui verra la montée en puissance de Napoléon Bonaparte. Mais ceci est une autre histoire comme l’écrivit Rudyard Kipling.

Les différentes pièces qui constituent ce roman, surtout celles qui s’avèrent contradictoires mais sont nécessaires, ralentissent un peu l’intrigue, mais apportent un goût de véracité à l’histoire.

Car cet épisode est véridique et si tout ceci est englobé comme une fiction, il n’en est pas moins réel. D’ailleurs les sceptiques peuvent cliquer sur le lien ci-dessous afin de connaître les tenants et les aboutissants de cet épisode légèrement abracadabrant, pour ne pas écrire rocambolesque puisque ce terme n’existait pas alors.

 

Frédéric LENORMAND : Un beau captif. Editions Fayard. Parution 3 mai 2001. 306 pages.

ISBN : 978-2213609461

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