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4 mai 2020 1 04 /05 /mai /2020 03:35

Hommage à René Follet, décédé le 13 mars 2020.

Bruno SENNY et René FOLLET : Jours heureux.

Lorsque l’on vieillit, que l’on entre dans la période dite de sénilité, il parait que l’on aborde ce que l’on appelle plus familièrement le retour en enfance.

Et dans la maison de retraite pour personnes âgées, ceux qui sont affublés de l’appellation de troisième âge, comme si rien ne c’était passé après le deuxième âge des bébés, ou encore les seniors, terme normalement dévolu aux sportifs dans la catégorie des vingt-cinq-quarante ans, et dont il serait plus juste de dénommer les vétérans de la vie, donc dans la maison de retraite Jours heureux, quelques pensionnaires s’amusent comme des petits fous à se chicaner, à se faire des farces, à se taquiner. Et parfois cela peut se traduire par des conséquences dramatiques.

Ainsi entre Simone et Grégoire, les plaisanteries sont parfois poussées à l’extrême. C’est ainsi qu’un soir, alors que tout le monde est censé dormir sur les deux oreilles (ce qui n’est guère facile, je n’ai jamais réussi à moins d’être un adepte du yoga), Simone et Grégoire se rendent au grenier, séparément. Ils sont munis chacun d’un long couteau de cuisine et commencent à se défier, entre les draps étendus sur les fils et qui forment des sortes d’alcôves. Soudain la lumière s’éteint ! Une panne ? Un cri !

Les résidents, les employés, le directeur, dans un désordre indescriptible se précipitent et découvrent le corps de Simone allongé, la gorge tranchée, et Grégoire ensanglanté, son couteau à la main.

Naturellement la police est conviée à participer à l’enquête dès le lendemain, c’est la moindre des choses, avec à sa tête le commissaire Barbe qui traîne à sa suite son ami Baudruche. Et Baudruche regarde, inspecte, musarde, discute avec quelques résidents, avec les deux aides-soignantes, Lola et Jessica, avec Tim l’infirmier, qui est en quelque sorte l’adjoint du docteur Golmek, l’actuel propriétaire de la résidence Jours heureux, la bien nommée, ainsi qu’avec le jardinier ou encore Marie-France la doctoresse.

Et il s’amuse, Baudruche, à examiner le manège de Pierre-Yves, le neveu attentionné de Joséphine. Le jeune homme lui offre quelques douceurs, et en échange il reçoit dans sa main virile un bout de papier que vient de signer sa tante. Le prix du déplacement sans aucun doute. Et Baudruche s’installe, il va même déjeuner en compagnie des pensionnaires. Le menu ne convient guère à ce gastronome en culottes longues, d’autant qu’il découvre dans son dessert un mégot. Cela mérite une correction qu’il administre à la cuisinière sans plus attendre.

Mais le meurtre de Simone arrange bien les affaires du docteur Golmek dont l’établissement ne brille pas par son opulence, contrairement à certaines résidences privées dont nous tairons le nom par décence envers les actionnaires. En effet Simone devait deux mois de loyers et ses finances ne lui permettaient pas de solder sa dette.

 

A la lecture de cette longue nouvelle, longue par rapport aux deux autres qui suivent et dont je ne vous ai pas encore parlé, j’ai eu l’impression de lire un roman d’Agatha Christie ou de John Dickson Carr, l’humour en plus.

Mais c’est bien Baudruche qui retient l’attention, probablement cousin d’Hercule Poirot ou de Gideon Fell ou encore sir Henry Merrivale, mais en plus affable, plus jovial, plus épicurien et grand amateur de bière. Et l’épilogue, au cours duquel Baudruche réunit tous les différents intervenants afin de désigner le (ou la) coupable s’inspire nettement des romans policiers classiques britanniques.

Un roman qui engendre la bonne humeur malgré les quelques cadavres qui parsèment le récit, grâce à une écriture faussement désinvolte et des situations ou dialogues qui feraient la joie de spectateurs d’une pièce de théâtre.

Jours heureux est suivi de deux courtes nouvelles, Atchoum dont le dénouement est assez inattendu, et Coup de pif, aimable bluette qui ne manque pas de talons.

En fin de volume, est proposé un carnet de croquis, de vingt pages, dans lequel sont représentés divers portraits ou scènes, d’esquisses des illustrations intérieures. René Follet était surtout reconnu pour l‘élégance et la précision de son trait (Gilles Ratier) et il est vrai que ses traits de crayons sont reconnaissables par leur minutie et leurs dégradés de gris.

 

Bruno SENNY et René FOLLET : Jours heureux.

Le visiteur intéressé par cet ouvrage peut le commander aux Editions de l'Elan :

 

 

Bruno SENNY et René FOLLET : Jours heureux. Baudruche N°7. Editions de l’élan. Parution avril 2020. 128 pages.

ISBN : 9782960111354

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