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23 février 2020 7 23 /02 /février /2020 05:11

Méditerranée
Aux îles d'or ensoleillées
Aux rivages sans nuages
Au ciel enchanté…

François DARNAUDET : Le Minotaure d’Atlantide.

Mais nos héros auront-ils le temps et le loisir d’admirer ces magnifiques paysages, du sud de l’Espagne jusqu’en Turquie d’Europe ?

Le jeune Sandro Maltese est dépité. Sa mère, d’origine parisienne, l’avait inscrit comme étudiant à Rome et il passe ses vacances chez son père à Venise. Mais ses notes de Français ne correspondent pas à ses attentes. 11 à l’écrit et 11 à l’oral, une claque alors qu’il pensait obtenir au moins 15. Heureusement, la lecture d’un mail dans sa boîte de réception lui donne du baume au cœur.

Le comité de lecture des éditions de la Sérénissime lui demande de se présenter en leurs bureaux sur l’île de Torcello. Il avait envoyé un scénario de son manuscrit Le Minotaure d’Atlantide dans l’espoir d’être édité, et il semblerait bien que son rêve se réalise.

Puisque faculté nous en est donnée, plongeons-nous dans le début de cette histoire intrigante qui ne manquera pas de péripéties.

L’histoire débute en novembre 1452, en terres italiennes. Depuis plusieurs semaines, les présences du seigneur Minos et de son compagnon le titan Arinordoquy ont été signalées au doge Foscari. Minos est affublé d’un heaume représentant une tête de taureau, mais il s’avérera par la suite qu’il s’agit bien d’une réalité et non d’un masque. Ils se rendent en la cité de Venise afin de convaincre le doge d’envoyer des troupes en renfort à la faible garnison de Constantinople. Les Turc, ou Ottomans, ont décidé d’annexer cette cité qui est pour l’heure propriété des Byzantins, habitants de l’ancienne Byzance.

En cours de route ils aident une jeune femme vêtue de bleue, et aux cheveux bleus, aux yeux bleus dépourvus de sclérotique blanche, à se débarrasser de rufians. Elle est jeune et s’appelle Mélina Mussuros, mais elle avoue ne pas avoir d’âge. C’est la Sorcière. Elle vient du Pirée et se rend sur l’île de La Giudecca. Un étrange cortège se forme ainsi se dirigeant vers la Sérénissime. Leurs missions se rejoignent.

 

Retour justement dans les bureaux de la Sérénissime en ce mois de juillet 2012, à Torcello.

Le jeune Sandro attend l’arrivée du directeur de collection, après avoir été couvert d’éloges par la jeune secrétaire prénommée Sofia. Soudain, une ampoule explose au plafond, un hologramme se précise au milieu de la pièce représentant un des personnages, pas le plus sympathique, de son roman. Khanuas l’immortel le bombarde de questions lui demandant entre autres où il est allé recueillir toutes les précisions concernant la prise de Constantinople décrites dans son manuscrit. Soudain, un être énorme s’introduit par la fenêtre et repart par le même chemin emportant Sandro sous son bras. Il s’agit du Minotaure qui emmène le jeune romancier en herbe dans un dédale le conduisant jusqu’à une clairière. Une étrange porte délimitée par un trident en métal, entre les trois griffes une flamme mauve en forme de 8 et Sandro ne peut s’empêcher de s’écrier :

Ce huit, c’est un anneau de Möbius !

Et le voilà transporté au XVe siècle, à Gênes, lui annonce Minos, comme dans son livre.

Sans vergogne, j’ai recopié deux ou trois passages du roman, mais personne ne m’en voudra car je suis allé au plus pressé afin de ne pas m’éterniser sur des descriptions oiseuses. Enfin quand j’écris oiseuses, ce ne pourraient qu’être les miennes, car l’auteur (Lequel : Sandro Maltese ou François Darnaudet ?) l’explique mieux que je ne saurais le faire, avec plus de précisions, de vivacité, de réalisme et de lyrisme que si c’était ma plume qui les rédigeaient.

Et nous voilà plongés dans une histoire gigogne, une intrigue avec mise en abyme, contant les pérégrinations de Minos, le Minotaure, d’Arinordoquy, le titan, de Mélina, la sorcière, de Sandro l’auteur, et de quelques autres éléments, des mutants, qui ne sont pas dénués d’intérêts et vont évoluer de Venise à la région marécageuse du Bétis, ou Tartessos ou encore de nos jours du Guadalquivir. Puis ce sera Le Pirée jusqu’à Constantinople, par mer et par terre, à cheval ou en trirème, ou en empruntant les Portes du temps, avec combats, duels, affrontements, guérillas et guerre, s’enchaînant sans relâche pour corser le tout. Et on pourrait comparer cet ouvrage au serpent qui se mord la queue, sans vouloir se montrer trivial.

 

Sandro grimaça.

Aïe, si mes souvenirs d’auteur sont bons, nous avons beaucoup d’adversaires à vaincre.

Tu as trop d’imagination, mon ami ! dit le Minotaure en mettant son cheval au galop.

 

De nombreuses références, voulues ou non, mais je pense que François Darnaudet s’est amusé sciemment, sont dissimulées plus ou moins dans le texte. Ainsi Sandro Maltese fait immédiatement penser à Corto Maltèse, le héros imaginé par Hugo Pratt. Mais un titan nommé Arinordoquy m’a renvoyé quelques années en arrière lorsqu’un Basque prénommé Imanol et surnommé le Basque bondissant, jouait au rugby. Enfin, l’Homme d’orichalque, un alliage métallique légendaire qui est composé de cuivre et de zinc, ou plus communément du laiton, m’a immédiatement remis en mémoire le fameux bûcheron en fer-blanc, personnage d’un roman pour enfant de Lyman Franck Baum, adapté au cinéma sous le titre du Magicien d’Oz. Mais l’identité de cet Homme d’orichalque nous vient de la mythologie grecque et il fallait y penser.

 

Le Minotaure d’Atlantide est le quatrième volet du cycle des Passages Paris Venise. Les premiers volumes étant Les Dieux de Cluny précédé du Fantôme d’Orsay, du Papyrus de Venise et du Möbius Paris Venise. Tous se lisent indépendamment mais il existe un lien entre les quatre volumes qui composent ce cycle de Venise, parfois ténu. Ainsi dans Le Papyrus de Venise, une jeune femme prénommée Sofia office à Venise, et un érudit du nom de Mussuros est également évoqué.

Un roman virevoltant, épique, empruntant à la mythologie, s’inspirant d’épisodes historiques réels, mais baignant dans une atmosphère qui confirme le talent de François Darnaudet, même si celui-ci n’est pas reconnu à sa juste valeur. Quand les bonnes fées se pencheront-elles sur l’auteur et son œuvre ? Ce n’est pas à moi de donner des conseils à Madame Folio, à Madame Pocket ou Monsieur Le Livre de Poche, mais je pense qu’ils commettent un monumental oubli, un ostracisme littéraire qui touche également Brice Tarvel, Philippe Ward et quelques autres, alors que le bon goût est de s’approvisionner de l’autre côté de l’Atlantique. On sait ce qu’il en résulte, des poulets au chlore et de la viande nourrie aux OGM.

 

François DARNAUDET : Le Minotaure d’Atlantide. Collection Fractales/Fantasy. Editions Nestiveqnen. Parution le 18 octobre 2019. 252 pages. 19,00€.

ISBN : 978-2915653991

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