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21 août 2019 3 21 /08 /août /2019 04:11

Ce n’était pas mieux avant, mais maintenant c’est pire !

May d’ALENÇON : Marie-Luce infirmière.

Orpheline très jeune, Marie-Luce a été élevée par sa grand-mère. Et toute jeune elle aimait soigner les animaux. C’est tout naturellement qu’elle aidait le bon docteur Miret dans ces déplacements, lui servant éventuellement de secrétaire. Et ayant obtenu son Bac, c’est ce toubib de campagne qui l’a incitée à s’inscrire dans une école d’infirmière à Paris.

Ce jour là, c’est la rentrée. Marie-Luce est triste de quitter sa grand-mère qui n’est plus très vaillante, son chien Basset et Minou-noir son chat, et les habitants de la petite ville de Châtaignac pour rejoindre la capitale. Elle prend le train à Brive et elle va retrouver les autres élèves infirmières à l’Hôpital Saint-Damien.

Elle entame sa seconde et dernière année d’études et espère bien réussir à devenir infirmière et aider le docteur Miret qui vieillit. Elle retrouve avec plaisir certaines de ses collègues stagiaires mais pas toutes. Elle professe à l’encontre de Dolorès une profonde inimitié car la jeune fille préfère se pomponner qu’endosser la blouse d’aide-soignante. Dolorès n’a pas vraiment la vocation et Marie-Luce la soupçonne de surtout rechercher un bon parti. Et puis Maris-Luce n’apprécie pas du tout que Dolorès la surnomme Petite Puce, même si elle n’est pas grande.

Cette année encore elles vont devoir cohabiter pour les soins dans le service d’ophtalmologie. Les Yeux selon le langage en vigueur par le corps médical. Et pour comble de malheur, elles vont être encadrées par les Cerbères, l’infirmière en chef et son adjointe, aussi peu aimables l’une que l’autre.

Il ne faut pas être en retard, la pointeuse en fait foi, et surtout ne pas s’attacher aux malades. Le professeur Laigle est d’un abord froid mais il aime son métier et essaie de soigner au mieux ses malades. Ainsi lorsqu’il s’adresse à l’un de ceux-ci en lui précisant qu’il va tenter de l’opérer à nouveau, la Cerbère en chef ne peut s’empêcher de murmurer :

Du temps de perdu ! Il serait mieux dans une maison de santé. On a déjà trop de malades, pas assez de personnel.

Mais Marie-Luce réagit autrement. C’est dans sa nature de s’apitoyer et d’aider. Et il lui arrive des mésaventures tragi-comiques qui risquent de la faire renvoyer du service et tout simplement de l’hôpital. Heureusement, l’interne qui sert d’adjoint au professeur Laigle, le docteur Roger, est souvent là pour l’aider dans ses démêlés. Pourtant au début elle n’appréciait pas vraiment ce docteur Roger, aux grosses mains, au rire tonitruant, qui l’avait appelée le premier La Petite Puce, un surnom qui rime avec son prénom. Mais peu à peu elle se rend compte que sous des dehors un peu frustre, il a bon cœur.

 

Publié en 1970, mais dont l’action se déroule au milieu des années 1960, ce roman s’avère être onirique dans certaines circonstances, et parfois un peu naïf dans son écriture. Mais ce n’est pas cela qui importe.

C’est le regard jeté sur une profession, qui est une vocation, et ceux qui l’exercent. Les surveillantes rébarbatives, les professeurs mandarins parfois un peu hautains, les élèves-infirmières qui prennent par-dessus la tête leur rôle car elles n’ont pas la vocation, les infirmières et les aides-soignantes débordées de travail… Et en plus de soigner les malades, il faut nettoyer les chambres, passer des nuits auprès des malades sans pour autant s’apitoyer, interdit de leur parler et de rigoler, il faut apprendre et rédiger leurs cours, malgré la fatigue engrangée.

Marie-Luce ne peut pas, n’accepte pas une discipline stricte et elle essaie de réconforter par des paroles, par de petits gestes, le confort des patients dont elle a la charge. Des patients qui sont entassés dans des salles d’une vingtaine de lits, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Elle reçoit de la part du docteur Roger un soutien inattendu alors qu’elle a déclenché une mini-révolution dans le service en apportant à un vieux couple, séparé naturellement car la mixité est proscrite, leur petit chat afin leur prouver qu’il n’est pas à l’abandon. Une initiative qui démontre son bon cœur mais qui s’avère malheureuse. Alors le docteur Roger lui déclare :

Tort ? Ah ça ! Non, vous n’avez pas eu tort ! Moi, du moins, je vous approuve ! Si l’on signait un peu plus le moral des malades, beaucoup guériraient plus vite ! Et c’est surtout la tâche des aides-soignantes, voyez-vous ; les médecins, aux, ont trop peu de temps et, souvent, ils ne savent pas s’y prendre. Une femme est mieux qualifiée : plus douce, plus intuitive…

 

Et je me prends à rêver que ce genre de roman, même s’il est destiné aux adolescents, filles ou garçons, devienne le livre de chevet de nombreux ministres de la Santé et de leurs technocrates de comptables déshumanisés.

May d’ALENÇON : Marie-Luce infirmière. Illustrations de Michel Gourlier. Collection Spirale 115. Société Nouvelle des Editions G.P. Parution avril 1970. 188 pages.

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