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6 juillet 2018 5 06 /07 /juillet /2018 07:54

Ce n’est pas parce qu’on n’a pas aimé un roman qu’il est mauvais. C’est tout simplement parce qu’on n’a pas pris de plaisir en le lisant.

Stéphane GRANGIER : Fioul.

Si je chronique quand même ce roman, c’est parce qu’il peut intéresser de nombreux lecteurs, plus conciliants et peut-être plus jeunes que moi, et qui n’ont pas la même vision de l’aspect rédactionnel et des comportements de certains des protagonistes.

A côté de pages frôlant presque la perfection, s’immiscent des passages franchement lourds, indigestes. Pourtant au début, je me sentis attiré par un épisode maritime qui n’est pas sans en rappeler d’autres. Un cargo pétrolier qui part de Dunkerque vers la Sicile avec à bord 30 000 tonnes de pétrole. Du côté de Saint-Nazaire, la houle de plus en plus forte casse le rafiot en deux, et c’est l’inévitable marée noire. Près de Donges. Cela nous ramène à des épisodes précédents de sinistre mémoire.

Ecrivain, pas vraiment raté mais qui cherche à s’imposer, Marc Riplé galère. Il a fait la connaissance de Sandrine, hôtesse d’accueil dans un bar, terme pudique pour qualifier son état de prostituée, mais celle-ci est abattue par des malfrats. Gladys, sa copine, téléphone à Marc, lui demandant asile. Il accepte et tandis qu’elle dort, il ouvre, sans être gêné le moins du monde, son sac à main. Un contenu féminin normal ou presque, puisqu’à l’intérieur il répertorie des liasses de billets de cinq cents Euros ainsi que deux pochons de farine. Ou du sucre en poudre. Ou de la came. Il y en a près d’un kilo et demi, que Sandrine aurait barboté à ses tourmenteurs.

Le parcours de Gladys, tout comme celui de Sandrine est celui d’une jeune fille appâtée par de belles paroles mais qui tournent en eau de boudin. Elle était promise à ce que l’on appelait l’abattage après avoir servi d’exutoire sexuel consentant. Marc décide alors de quitter Rennes et de s’envoler ver l’Afrique du Sud ou vit sa sœur. Mais, après avoir procédé aux démarches nécessaires, alors qu’il est sur le point de prendre le train en gare de Rennes direction Paris en compagnie de Gladys, ils se font repérer par l’un des malfrats. Gladys est tuée et Marc parvient à s’échapper in extremis du piège tendu et c’est le début d’une cavale en compagnie d’une auto-stoppeuse. Avec absorption de nombreux produits illicites, de joints et d’alcools.

D’autres personnages en col blanc évoluent dans ce roman, dont Karl de Polignac, qui a réussi à s’imposer dans la finance, devenant un acteur incontournable dans le blanchiment d’argent et les pratiques bancaires douteuses. Autre col blanc qui a pignon sur rue, Marest, le président directeur général de la société pétrolière Optal, mais dont les agissements, les comportements ne sont pas toujours conformes à un statut d’homme intègre en vue. Enfin Serge Mancin et ses deux sbires, qui avaient sous leur coupe Sandrine et Gladys.

Naturellement le meurtre de Gladys sur le quai de la gare de Rennes ne laisse pas indifférent le commissaire Lalanne qui charge l’inspecteur Rouvière de l’enquête. Normalement Rouvière devait partir en vacances et sa femme est sur le point d’accoucher. Tant pis pour lui, il peut faire un trait sur son départ et surtout sa présence réconfortante à la maternité.

 

En principe, tout était en place pour m’intéresser sauf que… Trop long, trop détaillé, trop de pages consacrée à Karl de Polignac, par exemple, et surtout, les attitudes négatives de Marc Riplé (à ne pas confondre avec Monsieur Ripley) et du trio de bras cassés qui naviguent à vue. En effet la drogue, les cigarettes fumées les unes à la suite des autres, peut-être même plusieurs à la fois, qui sait (et pourtant moi-même je suis fervent de l’herbe à Nicot), et l’alcool qui coule abondamment sur les lèvres, le menton et les fringues de Marc, et surtout les propos scatologiques qui émaillent par trop le récit, font que j’ai rapidement été hors course.

Pourtant mettre en parallèle des malfrats et des notables magouilleurs n’était pas pour me déplaire, mais… Non, je n’ai pas réussi à ressentir une once d’empathie, voire de sympathie, envers cet écrivain moyen qui accumule les bourdes. Qu’il s’empare d’argent et de drogue, il ne serait pas le premier en littérature policière, et dans la vie courante, à le faire. Mais c’est sa façon de faire, de s’exprimer, puisque le récit est à la première personne quand il est mis en scène, qui m’ont gêné. De même Serge Mancin et ses acolytes m’ont fait penser à des personnages de Pierre Siniac, Luj Inferman et La Cloducque, deux « héros » auxquels je n’ai jamais pu accrocher, et pourtant cette série était encensée par Robert Soulat, alors directeur de la Série Noire.

 

Pour contrebalancer mes propos négatifs, je vous conseille de diriger le pointeur de votre souris sur le lien ci-dessous, dans lequel l’auteur de la chronique se montre nettement moins dubitatif que moi, et même au contraire, en a goûté toute la saveur.

Comme quoi il ne faut jamais s’arrêter à un seul avis, et surtout se forger le sien en connaissance de cause, en lisant le roman par exemple.

 

Stéphane GRANGIER : Fioul. Collection Goater Noir N°23. Editions Goater. Parution le 26 avril 2018. 516 pages. 20,00€.

ISBN : 978-2918647331

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