L'Amazone, l'enfer.... des libraires !
Au cœur de l'immense forêt de l'Amazonie, à la limite du Brésil, de la Colombie et du Pérou, vit une petite communauté de mineurs travaillant à l'extraction du diamant sous la férule de Don Armando de Cristobal y Majorca.
Santa Cruz de Natividad est uniquement desservie par bateau. Tous les quinze jours la barge coffre-fort appartenant à la Compagnie est réservée exclusivement au transport de la pierre précieuse. Tous les mois, vaille que vaille, à dates fixes, un vieux rafiot qui descend le fleuve et le remonte, rythmant la vie communautaire. Le fleuve, seul moyen de communication. Tout autour, la forêt, et ses pièges, ses traitrises. La flore et la faune se défendent comme elles peuvent de l'invasion du modernisme et les Indiens se transmettent depuis des siècles la haine et la peur de l'homme blanc.
Les festivités sont rares à Santa Cruz de Natividad, et les seuls plaisirs que peuvent s'octroyer les mineurs, véritables esclaves au service de la compagnie toute puissante, sont la boisson et l'amour tarifé, les soirs de paye.
Cependant la révolte gronde et Don Armando pour mater les meneurs fait appel à Jorge Luis Alfaquès, tueur à gages sur le déclin et rongé par le cancer.
En reprenant les rênes de la Série Noire, Patrick Raynal désirait rajeunir la célèbre collection, lui redorer son blason et pour cela se montrer plus intransigeant dans le choix des textes et des auteurs. Retrouver l'esprit Série Noire. Et sous les pages d'austère jaquette, qui en fait est un retour aux sources, Oppel inaugure d'une façon éclatante ce besoin d'une nouvelle vitalité.
La littérature noire par essence est le reflet de la société, mais à force de se cantonner dans la grisaille des banlieues et de disséquer ses problèmes, la saturation gagnait le lecteur avide de sensations nouvelles. Et avec Oppel, nous sommes servis.
Après des prolégomènes oniriques et documentés, Oppel nous plonge dans la touffeur et la moiteur de l'Enfer Vert, et contradictoirement on respire une bouffée d'air pur.
A l'aide de phrases rapides, concises, hachées comme le staccato d'une mitraillette, il développe son histoire, et le héros, malgré son statut de tueur à gages, devient presque sympathique.
Jean-Hughes OPPEL : Piraňa Matador. Série Noire N°2287. Parution janvier 1992. 208 pages.