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29 juillet 2015 3 29 /07 /juillet /2015 13:23

Ce qui veut  dire qu'il n'y en aura pas une troisième...

Gustave Le ROUGE : La seconde femme.

Dans la veine d'Hector Malot et quelques autres romanciers qui se sont penchés sur le sort des enfants orphelins, principalement en province, Gustave Le Rouge a écrit ce que l'on peut considérer comme une bluette tendance misérabiliste mais pas dénuée de charme ni d'enseignement.

Monsieur Lardigeac est un riche agriculteur auvergnat qui a su fructifier le domaine de Lussanes, en Auvergne, hérité de ses ancêtres. Avec sa formation d'agronome mais étant du pays, il est considéré avec respect par ses voisins. Il avait fait un heureux mariage avec une femme belle et intelligente, à la fortune médiocre mais surtout à la santé déficiente. Après huit ans de mariage elle s'est éteinte. Elle a eu toutefois le temps de donner naissance à deux enfants, Paul et Suzanne, dont la santé n'est guère plus florissante.

Monsieur Lardigeac décide d'embaucher une institutrice anglaise, chargée de s'occuper de ses gamins âgés de six et sept ans. Elle est gentille Miss Dora Stepping. Musicienne accomplie, élégante, pratiquant sans effort plusieurs langues, jeune et douce, ce pourrait être la perle rare recommandée par l'un des correspondants du riche propriétaire. Hélas, cette douceur et cette gentillesse ne sont que des ornements de façade. Elle va s'ingénier à se faire épouser, en exerçant un chantage. Et monsieur Lardigeac qui est naïf, malgré les avis défavorables de sa sœur célibataire s'exécute. S'exécute est le bon mot car Dora Stepping mûrit une autre idée. S'en débarrasser.

Elle parviendra à ses fins grâce à un ami, chanteur sur le déclin qui après avoir sillonné l'Europe vient d'échouer à Clermont-Ferrand. Elle empoisonne tout doucement mais sûrement son mari et le toubib de la famille n'y voit que du feu. Bref feu monsieur Lardigeac laisse sous la coupe de Dora ses deux enfants. Elle se montre odieuse avec les deux gamins puis les place dans un pensionnat, chacun le sien.

 

Laissons Dora Stepping vaquer à ses projets, son caractère vindicatif, odieux, arrogant, son attirance pour l'argent, ses démêlés avec les voisins et sa domesticité, sa liaison avec son chanteur qui s'enivre et lui demande toujours plus de cadeaux, et suivons le parcours de Suzanne et Paul.

Suzanne est placée dans une institution de demoiselles, comme il en existe beaucoup à l'époque. Elle apprend tout ce qui peut se révéler utile dans la tenue d'un ménage sans oublier la lecture. Et surtout, elle ne reçoit plus de coups et mange quasiment à sa faim.

Paul lui bénéficie d'un enseignement particulier dans une pension modèle dirigée par monsieur Boursicault, un homme rondouillard et affable. Cet homme rougeaud à la bedaine en forme de poire préconise l'éducation en plein air et les exercices physiques, ainsi qu'un enseignement de culture générale presque à la demande. Les gamins vont dans les bois à la cueillette de champignons, s'occupent du potager ou autres activités selon leurs prédispositions, ce qui ne les empêchent pas d'étudier les matières principales. Ce pensionnat singulier et original vit pratiquement en autarcie.

 

La seconde femme, dont la première publication date de 1916, est la préfiguration de la méthode Freinet, à la pédagogie innovante. Célestin Freinet s'inspire, lors d'un voyage en 1922 à Altona dans la banlieue de Hambourg d'une école sans autorité, sans discipline, où se pratiquent des « promenades scolaires », où existe un matériel scolaire abondant et spécialisé. L'enfant est et doit être enraciné dans le milieu naturel et social (traditions, mentalités, exigences sociales, y compris celles de l'institution scolaire avec ses programmes). Chaque début d'après-midi, les élèves prennent leur crayon et leur ardoise, et partent explorer leur milieu dans des « promenades scolaires ». De retour à l'école, ils écrivent leurs impressions dans de brefs compte-rendu. Ils font des visites chez les artisans. Il applique cette forme d'éducation dès son retour en France, mais elle ne fait pas beaucoup d'émules et aujourd'hui la méthode Freinet n'est appliquée que par 1 à 2% de praticiens. (voir la fiche wikipédia ici et le livre de Jacques Mondoloni : Les enfants de Freinet, éditions Le Temps des cerises. 1996).

 

Un court roman de 64 pages, à la typographie serrée et la taille de police réduite, comme la plupart des fascicules de l'époque, et qui équivaudrait aujourd'hui à environ 180 pages.

 

Nous sommes loin des romans populaires de Gustave Le Rouge qui comportent une forte dose de fantastique, de science-fiction et de merveilleux scientifiques, des œuvres immortelles telles que Le mystérieux docteur Cornélius, Le prisonnier de la planète Mars, La guerre des vampires ou encore La conspiration des Milliardaires et Todd Marvel, détective milliardaire.

 

Gustave Le ROUGE : La seconde femme. Collection Le Livre de Poche. Nouvelle série N°12. Editions Tallandier. Non daté probablement 1941. Imprimé en Belgique. 64 pages.

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