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13 juin 2015 6 13 /06 /juin /2015 13:37

Et de miroirs...

Ivan ZINBERG : Jeu d'ombres.

Tricher s'avère plus long, plus fastidieux et demande plus d'énergie afin de connaître les bonnes réponses lors d'un concours ou d'un examen que de réviser. Mais certains ne peuvent s'en empêcher et parfois cela débouche sur des conséquences imprévisibles.

Scott Borland est un élève qui ne panique pas lors des examens. C'est un tricheur professionnel de l'université de Seattle, état de Washington, qui arrive décontracté et sait qu'il obtiendra un A+ comme résultat. Pirate informatique il déniche les sujets soit en s'infiltrant dans les ordinateurs des professeurs, soit en les écoutant discourir grâce à un astucieux système de micros disposés un peu partout dans le campus et les salles des enseignants. C'est ainsi qu'il apprend que le prochain devoir proposé par le professeur Thompson traitera des induction embryonnaires mais autre chose attire son attention. Miller, prof de génétique végétale, et Thompson se donnent rendez-vous à minuit dans une salle située en sous-sol d'un des bâtiments de l'université. Scott se promet fort d'y faire un petit tour afin de savoir ce que trament les deux enseignants.

Il vit dans un studio qu'il partage avec un condisciple, devenu son ami, Thomas Ellory, studio qui est un véritable foutoir. Si Scott est d'apparence cool et conventionnel, Thomas lui plutôt du genre hard rock gothique. Et ils ne s'embarrassent pas du ménage, laissant trainer partout canettes de soda, reliefs de pizzas et autres bricoles dont slips et chaussettes sales. Que voulez-vous, un étudiant, ça étudie (ou ça triche), ce n'est pas programmé pour le rangement.

Le lendemain matin, le professeur Thompson est retrouvé mort par le gardien au milieu de l'encombrement indescriptible qui règne au premier sous-sol. L'assassin s'est acharné car les rotules, les bras ont été brisés par des coups de revolver et il a achevé sa victimes par deux balles dans la tête. Selon le légiste, l'agonie aurait duré au moins une demi-heure. Peu après les disparitions de Miller et d'un autre professeur sont enregistrées. Le capitaine Fleming est chargé de l'enquête. Fleming, qui doit faire valoir ses droits à la retraite dans quelques mois, sait qu'il doit conclure rapidement et avec brio cette affaire car il brigue la mairie de Blackstone, petite ville de la banlieue de Seattle où il vit avec sa femme dans une luxueuse villa.

 

Un peu près au même moment, à Portland dans l'Oregon, à près de trois cents kilomètres de Seattle, un cadavre calciné est découvert dans une forêt. Or bizarrement le corps a été déterré après avoir séjourné dans la terre pendant près de quatre ans. Près de lui des papiers, eux aussi a moitié brûlés sont retrouvés. Un peu plus loin, une pelle et deux jerricans ont été oubliés, sciemment sans aucun doute. Le lieutenant Lorenzo arrive aussitôt sur place et procède aux premières constatations en compagnie de ses adjoints. Grâce à l'informatique et une recherche sur les personnes disparues depuis quatre ans, ainsi qu'à l'étude du crâne par comparaison, il s'avère que le défunt est un peintre assez renommé disparu sans laisser de traces. Il s'agit de Joseph Ziegler dont l'art pictural lorgnait du côté gothique, inventant une nouvelle tendance, le Crash. De même les papiers permettent de découvrir l'identité supposée de celui qui a défoui le corps. Et cela mène les enquêteurs sur la piste de Martin Bosc, un adolescent qui n'a plus donné de ces nouvelles le même jour que la disparition du peintre.

Lorenzo est un dipsomane, consommant jusqu'à deux litres de Bourbon ou whisky par jour. C'était un roc, il l'est encore apparemment, mais il est en proie à des vertiges et des tremblements lorsqu'il n'a pas ingurgité sa dose quotidienne d'alcool. Cette addiction a été provoquée trois ans auparavant par la perte de sa femme et de deux de ses enfants. Un chauffard les avaient fauché dans la file d'attente du cinéma. Seul Miles, le petit dernier âgé maintenant de cinq ans a survécu. Et une suspension plane sur sa tête, qui par ailleurs est toujours abritée par un bonnet noir informe. Et la suspension va tomber quelques jours plus tard, à cause d'une grosse bavure funeste, ce qui ne va pas l'empêcher de continuer coûte que coûte son enquête. Toutefois, il réussit auparavant à contacter la tante de Martin Bosc et découvre quelques éléments qui vont l'aider dans son enquête, une photo notamment. Martin Bosc avait perdu ses parents une dizaine d'années auparavant, d'un accident de voiture, et il s'en était sorti miraculeusement. Lorenzo rencontre également Anouk Stern, la psychothérapeute qui a eu Martin Bosc comme patient.

 

Bientôt ces deux affaires vont se rejoindre et Lorenzo, accompagné de la psychothérapeute, se rend à Seattle où Fleming sue sang et eau, il pèse cent-quarante kilos pour un mètre quatre-vingts, pour traquer le coupable. Heureusement Fleming est aidé par Scott le pirate, qui lui délivre des infos, des conseils, des marches à suivre, des pistes, par messages téléphoniques. Et il ne peut se rebeller ni se retourner contre son informateur trop bien renseigné, car celui-ci connait trop de secrets sur sa vie privée et ses comptes bancaires.

 

Une intrigue tirée au cordeau, millimétrée et surtout minutée dans le temps. L'histoire débute le mardi 24 juin 2014 à 10h23dans le comté de Hood River, dans l'Orégon, lorsque Lorenzo arrive sur les lieux de la crémation de cadavre, mais dans le chapitre suivant, nous somme invité à suivre Scott à l'université de Seattle, état de Washington, le lundi 23 juin 2014 à 13h55. Ensuite par le jeu subtil entre les allers et retours de lieux et dans le temps, nous arrivons jusqu'à la fin de l'enquête, assez brutale, jusqu'au lundi 30 juin 11h45. Entre-temps, le lecteur n'aura guère le temps de souffler en suivant notre trois protagonistes principaux.

Mais d'autres portes s'entrouvrent et le lecteur pourra s'immiscer dans le domaine des savants fous, des biologistes et chercheurs agronomes dans une exploration des organismes génétiquement modifiés pour des profits mercantiles. Bien entendu, le FBI n'est pas loin, et le lecteur ne sera pas déçu de se rendre compte que derrière l'agence fédérale, le gouvernement états-uniens joue un double-jeu. Enfin, et c'est une découverte pour moi, l'un des sujets traités est celui du syndrome de Beckermann, ou Trouble de la Personnalité Glissante, qui explique les motivations du tueur, et ce sans vouloir entrer dans des détails qui défloreraient trop l'intrigue.

Un roman qui n'a rien à envier aux formatés Américains, et qui promet de beaux jours à son auteur.

Ivan ZINBERG : Jeu d'ombres. Première édition : Editions Critic. Collection Thriller. Parution le 6 mai 2014. 510 pages. 20,00€. Réédition Editions Points. Parution 11 juin 2015. 504 pages. 8,30€.

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