Pourrait être l'Hôtel du Nord ?
A l'avant de la voiture, deux hommes, à l'arrière, Rosette, qui est accognée près de la vitre, loin des mitraillettes cachées sous le siège.
A la gare de Montauban, elle se précipite, un sac à la main et un béret sur la tête. Elle remonte les wagons du Toulouse-Bordeaux en sifflotant Que reste-t-il de nos amours ? de Charles Trenet. Le signal de reconnaissance.
Dans un compartiment, un homme élégant reprend le refrain. En cette année 1944, même si l'air est à la mode, l'individu ne peut qu'être son contact, celui qu'elle doit accompagner jusqu'à destination. Ils vont former un couple afin de déjouer les éventuels suiveurs. Un bisou (dans le temps on disait un bécot) qui se transforme rapidement en baiser prolongé, ce qui n'est pas pour déplaire à Rosette même si au départ ce n'était que de la frime.
En gare de Toulouse, ils descendent sur le quai, passant devant les soldats allemands et deux membres de la Gestapo qui ne font pas attention à ce couple dont l'allure est éminemment amoureuse. Puis ils se dirigent vers le lieu de rendez-vous qui leur a été indiqué, l'hôtel du Canal, où ils doivent attendre les instructions. La tenancière, dont le regard en dit long, est elle aussi abusée par ces deux personnes, jeunes, qui sans aucun doute vont passer un bon moment.
Un épisode de la Résistance vers la fin de la guerre, comme il y a dû s'en dérouler beaucoup. Une femme qui accompagne un homme, pour le protéger, un couple qui passe plus facilement inaperçu qu'un homme seul, des heures d'attente, tel fut le lot de bons nombres de personnes engagées ou simplement désireuses d'aider selon leurs faibles moyens parfois, et des histoires avortées ou non. Un sujet à la Simenon pimenté avec élégance.
Francis Pornon sait faire monter la pression avec pudeur le lecteur visualise cette histoire comme s'il l'avait vécue.
Francis PORNON : Hôtel du Canal. Collection Culissime (Romance rose). Editions SKA. Parution février 2015. 1,49€.