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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 13:16

Comme s'il ne pouvait pas se garder tout seul...

François-Xavier CERNIAC : Les Gardiens de Dieu.

Mars 2013. Un homme titubant arrive dans un hôpital de Poitiers, pupilles dilatées, pas de d'effluves d'alcool dans son haleine, du sang sur une main, un hématome provoqué par une piqûre sur la cuisse. Il est aussitôt dirigé vers les urgences. Le lendemain matin, il s'est enfui, sans laisser de petit mot expliquant son départ précipité. Seule indication, il se nomme Philippe Mezzo.

Mars 2014. Poitiers. Claire ne va pas bien, psychiquement. L'année précédente, son ami Philippe est parti sans rien dire, sans laisser de trace, quittant l'hôpital où il était soigné suite à une altercation avec une folle qui voulait faire la peau de Claire. De plus elle avait appris que celui qu'elle croyait son père et qui était chirurgien n'était pas son géniteur. En voulant sauver physiquement et moralement la vie de Claire, Philippe a peut-être perdu la sienne. Depuis Claire suit des séances de psychanalyse auprès de son amie Astrid. Mais ce soir là, rien ne va plus et après avoir bu quelques bières en compagnie d'un inconnu, elle a décidé de tout plaquer. Elle se jette d'un pont dans le Clain, mais est sauvé de la noyade par un type encapuchonné qui la confie à des passants avant de se fondre dans la nuit. En compagnie de ses sauveteurs elle rentre chez elle. Sur sa porte une inscription leur saute aux yeux : Ne recommencez pas. Il a besoin de vous. Claire est persuadée que Philippe est vivant

Mars 2014. Le policier Lionel Negat planche sur trois dossiers qui lui ont été confiés avec l'injonction de débrouiller ses enquêtes rapidement. Premier dossier, celui d'un homme assassiné l'année précédente et dont le corps a été retrouvé sur l'autel d'une église à Poitiers. L'homme était éventré, près du cadavre avait été posé une coupe de charpentier. Le deuxième meurtre avait été perpétré à peu près dans les mêmes circonstances, à Annecy, quelques jours après le premier, en mars 2013 également. L'homme avait ingurgité de force, ses dents cassées peuvent en témoigner, un mélange de sang de bœuf, d'eau et de sel. Une coupe de charpentier avait été disposée tout près. Et tout comme pour le premier ses cordes vocales assez été prélevées. Afin probablement pour que les voisins ne soient pas dérangés par ses cris durant leur sommeil. Le troisième meurtre vient de se produire. A Poitiers une nouvelle fois. Cette fois l'homme n'avait eu droit qu'à du sang de bœuf mélangé à de l'eau. Sinon, le processus avait été le même, jusqu'à cette coupe de charpentier retrouvée non loin. Dans les trois cas, les effets des défunts avaient été mis dans un sac plastique près d'un conteneur à déchets. Toutefois d'autres éléments sont susceptibles de rapprocher les trois individus. Le dernier en date se nommait Damien Ecker, fondateur d'une société informatique, le premier travaillait pour lui.

Le lendemain, Astrid débarque chez Claire. Elle lui montre sur son ordinateur les infos de la veille. Le portrait du coupable présumé s'affiche sur l'écran. Il s'agirait d'un certain Michael Besse qui aurait eu des démêlés avec la justice une décennie auparavant. Il a été confondu par des traces d'ADN relevés auprès de Damien Ecker. Or Claire reconnait nettement en ce Michael son ami Philippe.

 

Intercalé dans le récit des recherches de Lionel Négat qui rencontre Claire et Astrid, celui du jeune Yan, âgé de dix ans environ. La mère de Yan s'est déparée de son mari. Elle a une phobie de la saleté. Il faut que tout soit pur, propre, net chez elle. Le gamin en est traumatisé. Un jour elle décide de l'emmener avec elle dans une secte en France puis en Suisse. L'enfant est confié à un chirurgien, qui procède à des attouchements, mais surtout il doit être opéré. Il est considéré comme un être salvateur, et il est mis en présence de sept hommes, nommés les Gardiens, qui lui enseignent l'art du combat. Un beau jour il parvient à s'enfuir.

 

Ce roman dit de fiction va nous entraîner dans une affaire qui a fait grand bruit il y a quelques années, près de deux décennies, les suicides collectifs en Suisse et dans le Vercors des membres de l'Ordre du Temple Solaire. Suicide ou tuerie collective, les avis divergent, mais surtout les conclusions. D'ailleurs les enquêtes n'ont jamais défini comment ce drame s'est réellement accompli, ni pourquoi. François-Xavier Cerniac s'engouffre dans ce drame et l'aménage à sa façon, faisant intervenir le SAC, service d'Action Civique, un organisme pseudo policier censé protéger le Général de Gaulle à l'époque et créé dans le milieu des années 60 par Charles Pasqua, mais dont les dérives ont entaché l'image de la France. S'incrustent également des services secrets, français et étrangers dans ce roman qui ouvre des perspectives scientifiques. Car outre ces basses manœuvres politiciennes, un ou des savants dits fous exercent leur art pour des raisons ésotériques.

 

Tout ce qui est décrit dans la mise en scène des meurtres ramènent à l'Apocalypse et à son interprétation. Personnellement, je ne suis pas fan des romans traitant de l'ésotérisme, mais l'auteur déploie une telle conviction dans son intrigue que je me suis laissé envoûté, comme les membres d'une secte devant les belles paroles de leur gourou. Au fait, pourquoi certaines personnes se laissent-elles embringuer dans ce genre de groupuscule ? En parlant de Joseph di Membro et de Luc Jouret, les créateurs de l'OTS, François-Xavier Cerniac écrit : Ils sont tous les deux de grands passionnés d'ésotérisme, et ils sont surtout dotés d'une facilité d'expression qui transforme des inepties en quelque chose de fascinant. Il en découle que les personnes devenues membres de l'OTS se font extorquer de l'argent, sont lésées et surtout sont conditionnées pour avaler des mises en scène incroyables. Et comment peut-on en arriver là ? Tout simplement : Si vous avez un esprit ouvert sur les curiosités de ce monde, si vous êtes attiré par la spiritualité, si vous aspirez à un monde meilleur, eh bien, vous êtes un client parfait. Il ne reste plus qu'à vous dire que vous êtes une personne extraordinaire et que vous faites partie des élus qui méritent d'avoir la connaissance suprême. Si on vous dit que vous avez été choisie, alors vous allez vous sentir flattée. Mieux vaut rester simple et surtout savoir résister à la flatterie, même si votre égo en prend un coup.

 

François-Xavier CERNIAC : Les Gardiens de Dieu. City Editions. Parution le 20 aout 2014. 304pages. 18,00€.

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commentaires

L
J'avais un doute, j'ai vérifié et bien sur je me suis trompée dans l'adresse du blog...
Répondre
O
Je vérifie pour le tien, on ne sais jamais<br /> Amitiés
O
Je savais bien que cet alias énigmatique me disait quelque chose...
L
j'avais mal mis le lien de mon blog...:)
L
Tu me fais sourire...Tu me connais sous le pseudo de Pyrausta... :)
O
Mais non, vous êtes bien ici... Sur les Lectures de l'oncle Paul; Il n'y a pas d'erreur...
L
J'ai découvert FX Cerniac avec son tout premier roman.Là, je ne me suis pas encore résolue à lire celui ci, les histoires de sectes me faisant un peu fuir(sans doute par souvenirs personnels) Pour appâter quelqu'un il y a aussi le fait de donner l'illusion d'appartenir à une &quot;famille&quot;, de ne plus se sentir seul(e)...
Répondre
O
Bonjour<br /> Je vous comprends, moi non plus je ne suis pas forcément attiré par ce genre de lecture. Mais l'auteur nous montre les dérives des sectes justement, et démontre comment elles parviennent à s'attirer les sympathies de personnes qui peuvent éventuellement y trouver du réconfort. Mais un réconfort factice et malsain.

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  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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